Nucléaire iranienDes discussions «fructueuses» pour sauver l'accord sur le nucléaire
ATS
6.4.2021 - 20:43
Les discussions pour tenter de sauver l'accord international sur le nucléaire iranien ont démarré mardi à Vienne d'un bon pied. Les Etats-Unis étaient indirectement conviés pour la première fois depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche.
Keystone-SDA
06.04.2021, 20:43
06.04.2021, 20:59
ATS
«La réunion de la commission mixte a été fructueuse», a annoncé l'ambassadeur russe auprès des organisations internationales, Mikhaïl Oulianov, à l'issue d'une entrevue de près de deux heures des signataires du JCPOA (Plan d'action global commun): Iran, Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, Russie, le tout sous l'égide de l'UE.
«Le rétablissement» de l'accord, conclu en 2015 à Vienne et mis à mal par le retrait en 2018 des Etats-Unis, «ne surviendra pas immédiatement. Cela prendra du temps», a-t-il ajouté. «Mais le plus important (...), c'est que le travail pratique pour atteindre cet objectif a commencé».
Nouvelle réunion mercredi
Deux groupes d'experts vont s'atteler à la tâche «pendant 15 jours, un mois, on ne sait pas», selon un diplomate européen interrogé par l'AFP, tandis que la commission mixte se réunira de nouveau mercredi après-midi.
Ces discussions, fermées à la presse, se déroulent dans un hôtel de luxe de la capitale autrichienne, à deux pas d'un autre grand hôtel où loge la délégation américaine.
Les Etats-Unis, dont l'émissaire Rob Malley est arrivé à la mi-journée à Vienne, sont régulièrement informés des avancées par l'intermédiaire des Européens, Téhéran refusant tout contact direct.
«Nous devons tirer le meilleur parti de cet espace diplomatique pour remettre le JCPOA sur les rails», a souligné, également sur Twitter, le secrétaire général adjoint du Service d'actions extérieures de l'UE, Enrique Mora.
«Position prometteuse»
Washington avait envoyé un peu plus tôt des signaux positifs en se disant prêt à «lever les sanctions qui sont en contradiction avec l'accord», selon des propos de l'émissaire américain Rob Malley à la chaîne de télévision PBS.
L'Iran a salué, par la voix du porte-parole du gouvernement Ali Rabii, une «position réaliste et prometteuse», qui «pourrait être le début de la correction du mauvais processus qui avait mis la diplomatie dans l'impasse».
Dès que ces mesures punitives qui asphyxient son économie seront levées, l'Iran a promis de renouer avec ses engagements nucléaires, dont elle s'est progressivement affranchie depuis le retrait des Etats-Unis de l'accord.
Le cas échéant, la République islamique sera «tout à fait prête à suspendre ses mesures correctives», a réaffirmé Abbas Araghchi, le chef de la délégation présente à Vienne.
Biden veut réintégrer l'accord
L'ex-président américain Donald Trump avait dénoncé unilatéralement en 2018 ce pacte conclu à Vienne trois ans plus tôt, qui vise à garantir que Téhéran ne cherche pas à se doter de la bombe atomique. Mais Joe Biden a dit vouloir le réintégrer, et depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier, les différentes parties s'activent en coulisses.
«Nous avons des inquiétudes sur le programme de missiles balistiques de l'Iran (...), sur leurs activités dans la région. Nous voulons parler de tout cela. Mais nous avons bien plus intérêt à en discuter une fois que nous aurons mis de côté la question nucléaire actuelle», a expliqué Rob Malley à National Public Radio (NPR).
«Diplomatie de la navette»
L'ouverture de ces discussions est «un jalon important, montrant que les Etats-Unis comme l'Iran tiennent sérieusement à briser l'inertie», a commenté sur Twitter Ali Vaez, de l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group.
Pour Kelsey Davenport, directrice de la politique de non-prolifération au sein de l'Arms Control Association, «cette diplomatie de la navette n'est certes pas idéale mais l'UE est bien placée pour sortir de l'impasse et coordonner les mesures nécessaires pour restaurer l'accord».
Cette experte appelle à «un premier geste audacieux des deux côtés pour insuffler un élan au processus et démontrer la volonté politique de chacun».
Washington pourrait, par exemple, débloquer «l'accès aux transactions financières étrangères et faciliter l'aide humanitaire» – médicaments et équipements médicaux notamment, dit-elle, tandis que Téhéran pourrait en contrepartie stopper l'enrichissement d'uranium à 20%.
Mme Davenport met cependant en garde contre «tous ceux qui veulent torpiller l'accord» dans chacun des deux pays ennemis, appelant les négociateurs à «agir vite».