Coup d'Etat Des militaires putschistes renversent le président nigérien

ATS

27.7.2023 - 01:03

Des militaires putschistes du Niger ont annoncé mercredi soir à la télévision avoir renversé le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum. Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger devient le troisième pays du Sahel à connaître un coup d'Etat depuis 2020.

«Nous, forces de défense et de sécurité (FDS), réunis au sein du conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez», celui du président Bazoum, a déclaré le colonel-major Amadou Abdramane, entouré de neuf autres militaires en tenue. «Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale», a-t-il ajouté.

Il a affirmé «l'attachement» du CNSP au «respect de tous les engagements souscrits par le Niger», rassurant également «la communauté nationale et internationale par rapport au respect de l'intégrité physique et morale des autorités déchues conformément aux principes des droits humains».

Institutions suspendues

«Toutes les institutions issues de la septième république sont suspendues. Les secrétaires généraux des ministères se chargeront de l'expédition des affaires courantes. Les forces de défense et de sécurité gèrent la situation. Il est demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas s'ingérer», indique la déclaration.

Les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu'à la stabilisation de la situation et un couvre-feu a été instauré de 22h00 à 05h00 jusqu'à nouvel ordre, précise le texte.

Cette déclaration des militaires est intervenue à l'issue d'une journée de tensions à Niamey, marquée par ce que le régime a appelé «un mouvement d'humeur» de la garde présidentielle, qui retient le président Bazoum dans sa résidence officielle depuis mercredi matin.

La déclaration des putschistes semble indiquer que tous les corps de l'armée, de la police et de la gendarmerie se sont ralliés à la garde présidentielle. Des pourparlers entre le président Bazoum et la garde présidentielle pour tenter de trouver une solution, sans que l'on sache quelles étaient les exigences des militaires, ont échoué.

Médiation ouest-africaine

Avant cette annonce, une médiation ouest-africaine devait tenter jeudi de trouver une solution à ce qui n'était encore qu'une tentative de coup d'Etat en cours, dénoncée par l'ensemble des partenaires du Niger. Le secrétaire général de l'ONU António Guterres avait pu parler avec le président Bazoum pour lui exprimer son «soutien total» et «sa solidarité».

La Maison-Blanche a exigé «spécifiquement que les membres de la garde présidentielle libèrent le président Bazoum et s'abstiennent de toute violence», rappelant que le Niger est «un partenaire crucial» pour les Etats-Unis. Depuis la Nouvelle-Zélande où il est en déplacement, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a, lui aussi, appelé à la «libération immédiate» de Mohamed Bazoum.

Le chef de la diplomatie américaine a conditionné la poursuite du versement de l'aide américaine au Niger au «maintien de la démocratie».

La France condamne «toute tentative de prise de pouvoir par la force» au Niger, a déclaré de son côté la ministre française des affaires étrangères Catherine Colonna sur le site du Quai d'Orsay.

Tirs de sommation

Le Niger est l'un des derniers alliés des pays occidentaux dans une région du Sahel ravagée par la violence djihadiste et dont deux voisins, le Mali et le Burkina Faso, dirigés par des militaires putschistes, se sont tournés vers d'autres partenaires, dont la Russie. C'est en particulier un partenaire privilégié de la France dans le Sahel, qui y a déployé 1500 soldats.

La garde présidentielle a dispersé en fin de journée à Niamey par des tirs de sommation des manifestants favorables au président Bazoum, a constaté un journaliste de l'AFP. Les manifestants tentaient de s'approcher de la présidence où le chef de l'Etat est retenu quand ils ont été dispersés.

L'histoire du Niger, vaste pays pauvre et désertique, est jalonnée de coups d'Etat. Depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960, il y en a eu quatre, sans compter les tentatives de putsch, nombreuses.