Guerre Israël-HamasDes milliers de civils fuient Gaza, pourparlers sur une trêve
ATS
9.11.2023 - 18:52
Des milliers de civils palestiniens ont une nouvelle fois fui le nord de la bande de Gaza en ruines où les bombardements et les combats au sol entre l'armée israélienne et le Hamas font rage. Des pourparlers pour une trêve humanitaire ont lieu à Doha jeudi.
Keystone-SDA
09.11.2023, 18:52
09.11.2023, 19:16
ATS
Après plus d'un mois de frappes israéliennes meurtrières, en représailles à l'attaque sanglante menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, plusieurs centaines de milliers de civils, selon l'ONU, restent piégés dans une situation humanitaire désastreuse dans le nord de la bande de Gaza. Le conflit a fait au moins 1400 morts en Israël et 10'812 côté palestinien. 239 personnes ont été prises en otage.
Alors qu'Israël exclut tout cessez-le-feu sans la libération préalable des otages, les chefs du Mossad israélien David Barnea et de la CIA américaine Bill Burns ont discuté avec les responsables qataris à Doha d'une «éventuelle trêve humanitaire» dans le territoire, selon un responsable au fait des pourparlers.
La trêve verrait en change «la libération des otages et davantage d'aides entrant à Gaza», a dit à l'AFP ce responsable, sous couvert d'anonymat. «Les pourparlers ont bien progressé vers un accord», a-t-il ajouté.
Une source proche du Hamas à Gaza avait indiqué mercredi à l'AFP que des négociations menées par le Qatar portaient sur la libération de douze otages, parmi lesquels six Américains, en échange d'une trêve humanitaire de trois jours. Le Hamas a également annoncé que son chef, Ismaïl Haniyeh, basé au Qatar, s'était rendu jeudi en Egypte pour des discussions avec le chef du service de renseignement égyptien, le général Abbas Kamel, sur Gaza où la situation humanitaire se dégrade de jour en jour selon les ONG.
«Pauses» quotidiennes
Israël a ouvert pendant plusieurs heures un nouveau «couloir» d'évacuation, après le départ mercredi de 50'000 personnes fuyant les combats au sol dans le nord, notamment dans Gaza-ville. Le terminal de Rafah, entre Gaza et l'Egypte, a lui rouvert jeudi pour permettre l'évacuation d'étrangers, de binationaux et de blessés bloqués dans le sud.
Un porte-parole de la Maison Blanche a annoncé l'accord d'Israël pour «des pauses» quotidiennes «de quatre heures dans certaines zones du nord» de Gaza.
Israël bombarde sans répit le petit territoire depuis le 7 octobre et a juré «d'anéantir» le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël. L'armée y mène aussi depuis le 27 octobre une opération terrestre qui a fait 35 morts dans ses rangs, resserrant son étau sur la ville de Gaza.
Opérant depuis quelques jours au coeur de la ville près du grand hôpital al-Shifa, l'armée a affirmé jeudi avoir «éliminé plus de 50 terroristes lors d'intenses batailles». Des «entrées de tunnels, des ateliers de fabrication de missiles anti-chars et des sites de lancement de roquettes anti-aériennes ont été détruits», a-t-elle ajouté. Selon l'armée, la zone abrite le «quartier militaire» du Hamas retranché dans un vaste réseau de tunnels souterrains. Le région a subi de lourds dégâts.
Lampes frontales
Selon l'ONU, 1,5 million de personnes sur les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacées par la guerre. Des centaines de milliers de réfugiés en détresse s'entassent dans le sud, où les réserves alimentaires baissent dangereusement, selon l'ONU.
Israël a cependant nié l'existence d'une «crise humanitaire» à Gaza, tout en reconnaissant les «nombreuses difficultés» auxquelles font face les civils alors que l'aide internationale arrive au compte-gouttes depuis l'Egypte via le terminal de Rafah.
Dans le nord de la bande de Gaza, des centaines de milliers de personnes se trouvent toujours au nord du Wadi Gaza, le cours d'eau qui traverse le territoire d'est en ouest, «dans une situation humanitaire désastreuse», «luttant pour obtenir les quantités minimales d'eau et de nourriture nécessaires à leur survie», selon le Bureau de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha).
Les hôpitaux qui n'ont pas encore fermé manquent de médicaments et de carburant pour faire fonctionner les groupes électrogènes. Le docteur Ahmad Mhanna, un médecin de l'hôpital Al-Awda de Jabaliya, a décrit une situation «triste et tragique». Dans la maternité, «les médecins utilisent des lampes frontales», tout comme au bloc opératoire, où les chirurgiens opèrent «sous anesthésie locale», faute d'électricité pour faire fonctionner le matériel nécessaire aux anesthésies générales.
«Crise de l'humanité»
Lors d'une conférence internationale humanitaire organisée par le président français, Emmanuel Macron, jeudi à Paris, l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a lancé un nouveau cri d'alarme. «Le cauchemar que traverse Gaza aujourd'hui est plus qu'une crise humanitaire, c'est une crise de l'humanité», a-t-elle déclaré.
Le gouvernement israélien n'est pas représenté à cette conférence et les pays arabes n'y ont pas envoyé de représentant du plus haut niveau. Emmanuel Macron a appelé à «une pause humanitaire très rapide» et à «oeuvrer à un cessez-le-feu». L'Egypte a dénoncé le «silence international sur les violations du droit» commises par Israël. La conférence a débouché sur de nouveaux engagements d'aide dépassant un milliard d'euros.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où les violences se multiplient, 15 Palestiniens ont été tués jeudi lors d'un raid de l'armée à Jénine, selon le ministère palestinien de la Santé. Selon des journalistes de l'AFP à Jénine, «des combats intenses» accompagnés de tirs et d'explosions ont été entendus pendant près d'une heure dans cette ville.
Au moins 170 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens en Cisjordanie depuis le 7 octobre, d'après l'Autorité palestinienne.