France Des milliers de manifestants s'élèvent contre les violences policières

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23.9.2023 - 20:40

«Faire bloc contre les violences et le racisme»: plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi dans toute la France «contre les violences policières», à l'appel de nombreuses organisations de gauche, quelques incidents émaillant le cortège parisien.

Des personnes tiennent une banderole sur laquelle on peut lire «Stop aux violences policières, Saint Denis» lors d'une manifestation contre les violences policières, samedi 23 septembre 2023. Des familles, des associations et des militants d'extrême gauche ont manifesté samedi dans plusieurs villes de France pour dénoncer le racisme et les brutalités policières, mettant les autorités sur les dents à un moment où la police française est déployée en masse pour une série d'événements hautement sécurisés (AP Photo/Michel Euler).
Des personnes tiennent une banderole sur laquelle on peut lire «Stop aux violences policières, Saint Denis» lors d'une manifestation contre les violences policières, samedi 23 septembre 2023. Des familles, des associations et des militants d'extrême gauche ont manifesté samedi dans plusieurs villes de France pour dénoncer le racisme et les brutalités policières, mettant les autorités sur les dents à un moment où la police française est déployée en masse pour une série d'événements hautement sécurisés (AP Photo/Michel Euler).
KEYSTONE

23.9.2023 - 20:40

Quelque 31'300 personnes ont manifesté dans l'ensemble du pays (dont 9000 à Paris), selon le ministère de l'Intérieur, et environ 80'000 (dont 15'000 à Paris), selon la CGT et LFI.

Ces deux organisations appelaient à la mobilisation au côté de dizaines d'organisations, dont des collectifs de quartiers populaires, des ONG (Attac, Dernière rénovation, les Amis de la Terre...), des partis comme le NPA et EELV – mais ni le PS, ni le PCF – ainsi que les syndicats FSU et Solidaires.

Patrouille agressée

Dans la capitale, après un départ dans le calme vers 15H00 depuis la gare du Nord, un pré-cortège de centaines d'individus cagoulés s'est constitué, dégradant les vitrines d'agences bancaires et caillassant une voiture de police, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette voiture, coincée dans la circulation boulevard de Clichy a été attaquée «à coup de barre de fer», a indiqué la préfecture de police de Paris.

L'un des policiers est alors brièvement sorti du véhicule arme à la main pour tenir à distance les manifestants, selon plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, confirmées par une source policière.

Une «intervention des BRAV», du nom de cette unité controversée de policiers à moto, a ensuite «permis de faire cesser l'action et mettre a l'abri» les policiers, a ajouté la préfecture.

«Parmi cet équipage (de police) qui comportait quatre effectifs (...) nous avons trois personnes qui sont heureusement blessés légers», a indiqué le préfet de police Laurent Nuñez sur BFMTV, ajoutant qu'il s'agissait de «traumas aux cervicales» pour deux d'entre eux, sans préciser ce qui avait causé ces blessures.

«Nous sommes actuellement en train de travailler (...) pour essayer d'identifier les auteurs de cette attaque. D'ores et déjà nous avons trois personnes qui sont présumées être impliquées dans ces faits qui ont été interpellées», a ajouté M. Nuñez.

Six interpellations

Au total, six personnes ont été interpellées dans toute la France, a indiqué le ministère de l'Intérieur, selon un bilan communiqué à 19h00.

«La +manifestation+ parisienne a connu des violences inacceptables contre les forces de l'ordre. On voit où mène la haine anti-police», a réagi sur X (ex-Twitter) le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Au départ de la manifestation, de nombreuses familles rassemblées dans une «coordination nationale contre les violences policières» réclamaient la vérité pour «Othmane», «Alassane», ou «Mahamadou».

«On vient se battre pour mon frère, l'homme qui l'a tué, un octogénaire ancien militaire, a été remis en liberté», affirme Hawa Cissé, 21 ans, soeur de Mahamadou Cissé, tué d'un coup de fusil en décembre 2022 à Charleville-Mézières (Ardennes).

La foule rassemblée scandait «Police partout, justice nulle part», «Pas de justice, pas de paix» ou encore «Justice pour Nahel».

Le décès il y a trois mois de cet adolescent de 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre, avait déclenché une vague d'émeutes dans tout le pays.

Les manifestants, de tous âges, brandissaient des pancartes proclamant «Stop aux violences d'Etat», «Ni oubli ni pardon», ou encore «La loi tue», avec une statue figurant la justice aux yeux barrés de rouge, critiquant l'article 435-1 du code de sécurité intérieure, qui élargit la possibilité pour les forces de l'ordre de tirer en cas de refus d'obtempérer.

Plusieurs élus de LFI étaient présents, à l'instar de Mathilde Panot. Cette manifestation «n'est certainement pas ce que dit M. Darmanin, c'est-à-dire une marche anti police, mais une marche de défense de la République», a affirmé la députée.

Gérald Darmanin a adressé vendredi une lettre de soutien aux policiers et gendarmes et appelé les préfets à prendre un arrêté d'interdiction si nécessaire et signaler les messages «porteurs de slogans insultants et outrageants à l'endroit des institutions de la République, de la police et de la gendarmerie susceptibles de tomber sous le coup de la loi».

«En deuil et en colère»

Le ministère de l'Intérieur a mobilisé samedi 30'000 policiers et gendarmes sur l'ensemble du territoire, qui accueille la visite du pape François à Marseille et des milliers de visiteurs à l'occasion de la Coupe du monde de rugby.

Dans d'autres villes, le mot d'ordre des organisateurs «contre le racisme systémique, les violences policières et pour les libertés publiques» a rassemblé quelques dizaines à quelques centaines de personnes, sans incident notable.

Entre Villeurbanne et Lyon, 1700 personnes, selon la préfecture, ont défilé derrière banderoles et pancartes sur lesquelles on pouvait lire «En deuil et en colère», «Touchez pas à nos enfants», dans un cortège globalement calme, émaillé seulement par une poignée de dégradations.

«Pour les libertés publiques», «À bas l'État policier», «Je kiffe la police qui protège et pas du tout celle qui tabasse», pouvait-on lire sur des pancartes à Saint-Etienne, où environ 220 personnes ont manifesté, selon la police.

«Toutes ces injustices, ça détruit des familles», regrette auprès de l'AFP Mohamed Leknoun, 27 ans, dont le frère Amine avait été tué en août 2022 à Tourcoing après un refus d'obtempérer. Venu manifester à Lille, où le cortège a rassemblé 400 à 500 personnes, il déplore n'avoir été informé d'aucune avancée de l'enquête depuis la mise en examen du policier auteur du tir.

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