Guerre en Ukraine Des villages toujours sous le feu russe, 6000 habitants évacués

hl

13.5.2024 - 16:09

Une trentaine de villages du nord-est de l'Ukraine étaient lundi sous le feu de la Russie. Celle-c poursuivait sa nouvelle offensive dans la région de Kharkiv, occupant des dizaines de km2 de territoire en quelques jours.

Des résidents sont évacués dans des bus dans le nord-est ukrainien face à la poussée russe.
Des résidents sont évacués dans des bus dans le nord-est ukrainien face à la poussée russe.
ATS

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«Plus de 30 localités de la région de Kharkiv ont été touchées par des tirs d'artillerie et de mortier ennemis», a indiqué en milieu de journée sur les réseaux sociaux le gouverneur régional, Oleg Synegoubov.

Il précise que 5762 habitants au total ont été évacués de ces zones depuis le début des combats. L'évacuation d'environ 1600 autres personnes était prévue ce lundi, en dépit d'une «situation assez compliquée», selon lui.

Les forces russes ont franchi la frontière depuis vendredi pour mener une offensive dans les directions de Lyptsi et Vovtchansk, deux localités situées respectivement à une vingtaine et une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Kharkiv, la deuxième ville du pays.

«Actuellement, l'ennemi connaît des succès tactiques», a reconnu tôt lundi l'état-major ukrainien. Moscou a mobilisé «jusqu'à cinq bataillons», selon Kiev.

Selon la chaîne Telegram DeepState, proche de l'armée ukrainienne, les Russes sont parvenus à occuper une bande d'environ 70 km2 dans la région de Lyptsi et une autre de 34 km2 vers Vovtchansk.

Dans le petit village de Rouski Tychky, à 7 km de Lyptsi, des explosions résonnaient régulièrement au loin, a constaté l'AFP.

«Tellement l'horreur»

Kateryna Stepanova, 74 ans, vient d'être évacuée de Lyptsi avec son fils. Plusieurs bombes ont frappé sa rue.

«Je me suis enfuie avec ce que je portais, des vêtements sales (...) Heureusement, au moins nous sommes en vie», dit-elle à l'AFP, assise dans un minibus à un premier point de rassemblement pour les évacués.

«C'est tellement l'horreur ce qui se passe là-bas. Mais qu'est-ce qu'ils font ces idiots? Les maisons sont en feu», ajoute la septuagénaire.

Selon la chaîne Telegram Rybar, proche de l'armée de Moscou, après quatre jours d'offensive russe, «aucune percée à grande échelle des défenses ennemies n'a été enregistrée».

«Après avoir dégagé la zone frontalière +grise+, les unités d'assaut russes se sont concentrées sur la pénétration des bastions et des lignes défensives des forces armées ukrainiennes», affirme la chaîne lundi dans un rapport matinal.

Dimanche soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué «des batailles défensives et des combats acharnés (...) sur une grande part de notre frontière». «L'idée derrière les attaques dans la région de Kharkiv est d'étirer nos forces et de saper le moral» de l'armée ukrainienne, a-t-il dit.

Kharkiv pas menacée

La grande cité de Kharkiv n'est pas menacée à ce stade, «malgré tous les événements qui se déroulent dans la région», et la ville «est calme, nous ne voyons pas de gens partir», a déclaré dimanche son maire, Igor Terekhov.

Les autorités de Kiev prévenaient depuis des semaines que Moscou pourrait tenter d'attaquer les régions frontalières du nord-est, alors que l'Ukraine est confrontée à des retards dans l'aide occidentale et qu'elle manque de soldats.

Cette avancée russe intervient au moment où à Moscou, le président russe Vladimir Poutine a procédé dimanche soir à un remaniement surprise et remplacé son emblématique ministre de la Défense Sergueï Choïgou, après deux ans de conflit en Ukraine sans issue claire.

Le nouveau ministre, Andreï Belooussov, a une formation d'économiste et -- comme M. Choïgou au moment sa nomination en 2012 -- aucun bagage militaire.

A l'intérieur de la Russie et dans les zones d'Ukraine occupées par les Russes, les forces ukrainiennes ont multiplié les frappes, en particulier contre les infrastructures énergétiques.

Au moins quatre personnes ont été tuées et sept blessées lundi, dans des frappes imputées à l'Ukraine dans la région occupée de Lougansk (est) et celle russe de Koursk, ont indiqué les autorités russes.

L'Ukraine a par ailleurs revendiqué lundi avoir frappé un terminal pétrolier et une sous-station électrique respectivement dans les régions de Belgorod et de Lipetsk, dans l'ouest de la Russie, non loin de la frontière ukrainienne.

La partie russe n'a donné aucune indication s'agissant de l'attaque contre le terminal pétrolier, mais le gouverneur de Lipetsk a lui confirmé un incendie à la sous-station électrique, sans pour autant révéler la cause de ce dernier, ni accuser l'Ukraine.

Le ministère russe de la Défense a quant à lui assuré avoir neutralisé dans la nuit 31 drones ukrainiens dans plusieurs régions du pays et en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.

Kiev dit agir en réponse aux frappes de l'armée russe contre des sites civils, à commencer par ses infrastructures énergétiques.