«On n'a pas le choix» «Il faut négocier avec tout le monde, même avec les criminels»

wk, ats

12.10.2022 - 09:47

Dans les conflits armés comme la guerre en Ukraine, il faut négocier avec les criminels de guerre, selon Heidi Tagliavini, ancienne conseillère à l'ambassade suisse à Moscou. «On n'a pas le choix.»

En diplomatie, il faut négocier avec tout le monde, y compris les criminels de guerre, selon l'ancienne diplomate suisse Heidi Tagliavini (archives).
En diplomatie, il faut négocier avec tout le monde, y compris les criminels de guerre, selon l'ancienne diplomate suisse Heidi Tagliavini (archives).
ATS

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Il faut négocier avec les personnes qui sont aux commandes, et ce indépendamment du fait qu'elles soient sympathiques ou non, a déclaré Mme Tagliavini dans une interview publiée mercredi dans les journaux Tamedia. Au cours de ses vingt années d'expérience, elle a eu affaire à plusieurs reprises à des personnes qui avaient du sang sur les mains.

Celles-ci n'avaient a priori aucune morale, mais on a pu faire appel à leur conscience au cours des discussions, a poursuivi l'ancienne diplomate, qui a aussi travaillé pour le compte de l'OSCE dans des zones de conflit comme la Tchétchénie, la Géorgie et l'Ukraine. Pas immédiatement, mais au moment opportun: «Et là, on a au moins un pied dans la porte.»

Poutine : un homme en contrôle de lui-même

Heidi Tagliavini a rencontré Vladimir Poutine à plusieurs reprises. A la question de savoir s'il était un homme mauvais, elle a répondu que toutes les personnes devaient être jugées à l'aune de leurs actes. Elle a trouvé le président russe très en contrôle de lui-même.

Selon elle, M. Poutine sait très bien évaluer son interlocuteur et cacher ses véritables intérêts. Elle s'est à chaque fois approchée de lui avec le sourire, ce qui est une habitude diplomatique. Elle n'a jamais eu à négocier avec le président russe, mais a discuté avec lui.

Mme Tagliavini a par ailleurs défendu le président de la Confédération Ignazio Cassis, également ministre des affaires étrangères, alors que ce dernier a été critiqué après avoir souri sur une photo lors de sa rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov à New York. Les deux hommes se sont déjà rencontrés à plusieurs reprises et entretiennent une relation de travail.

Il serait insensé d'exiger que M. Cassis s'approche de M. Lavrov en ronchonnant, a-t-elle pointé. Le fait qu'une photo ait été prise est maladroit, mais on ne peut guère l'éviter, surtout au siège de l'ONU.