«Conflit politique».Divergences profondes entre Madrid et les séparatistes catalans
ATS
15.9.2021 - 20:01
15.09.2021, 20:01
Après un an et demi de suspension, les négociations entre le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez et les indépendantistes catalans, destinées à trouver une issue à la crise séparatiste en Catalogne, ont repris mercredi mais prendront «beaucoup de temps», selon Madrid, tant les positions sont «radicalement différentes».
«Nous avons toujours des positions (...) radicalement différentes (...) mais nous sommes d'accord sur le fait que le dialogue est le meilleur chemin pour avancer», a déclaré M. Sanchez après deux heures de réunion avec le président régional séparatiste Pere Aragonès, au siège du gouvernement catalan dans le centre de Barcelone.
Le socialiste – qui a fait de l'apaisement en Catalogne l'une de ses grandes priorités depuis son arrivée au pouvoir en 2018, moins d'un an après la tentative de sécession de 2017 – a balayé de nouveau la principale revendication des indépendantistes: un accord sur l'organisation d'un référendum d'autodétermination.
Un vote que M. Aragonès dit indispensable pour parvenir à une «solution politique» à un «conflit politique». «Au fur et à mesure de l'avancée des négociations, nous exigerons des résultats», a-t-il lancé.
«Nous allons avoir besoin de temps, de beaucoup de temps. (...) Nous n'allons pas résoudre demain une crise» qui dure «depuis plus de 10 ans», a souligné M. Sanchez, en référence à la montée de l'indépendantisme depuis le début des années 2010 dans cette riche région du nord-est du pays, peuplée de 7,8 millions d'habitants.
«Sans délai»
Le Premier ministre a donc appelé à «travailler sans se donner de délai, sans être pressés mais sans s'arrêter» pour parvenir à un «accord». Une des hypothèses avancées par le gouvernement espagnol est un vote des Catalans sur l'octroi de nouvelles compétences à la région, qui compte déjà sa propre police notamment.
La tentative de sécession de la Catalogne, en octobre 2017, a été l'une des pires crises vécues par l'Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.
Malgré l'interdiction de la justice, le gouvernement régional dirigé par Carles Puigdemont avait organisé un référendum d'autodétermination émaillé de violences policières et suivi, quelques semaines plus tard, d'une déclaration d'indépendance mort-née.
Le gouvernement espagnol, alors dirigé par les conservateurs, avait réagi en mettant la région sous tutelle et en arrêtant les principaux dirigeants du mouvement qui n'avaient pas fui à l'étranger comme M. Puigdemont. La condamnation de neuf d'entre eux à la prison en 2019 avait entraîné des manifestations massives en Catalogne, parfois émaillées de violences.
Signe de détente, ces neuf indépendantistes viennent d'être graciés en juin par le gouvernement Sanchez.
Indépendantistes divisés
La mise en place de négociations avait été obtenue par le parti ERC (Gauche républicaine de Catalogne) de M. Aragonès, en échange de son soutien début 2020 à la reconduction au pouvoir de M. Sanchez. Le socialiste aura de nouveau besoin d'ERC au cours des prochains mois pour faire adopter son budget.
Mais une seule réunion s'est tenue en février 2020 avant que les discussions ne soient gelées en raison de la pandémie et du contexte politique dans la région à la tête de laquelle M. Aragonès, un modéré, a succédé en mai dernier à l'indépendantiste radical Quim Torra, dauphin de Carles Puigdemont.
Depuis l'élection de M. Aragonès, les relations entre Madrid et Barcelone se sont apaisées, permettant cette reprise des négociations et un accord sur un projet controversé d'agrandissement de l'aéroport de Barcelone.
Mais les tensions ont été ravivées la semaine dernière par la décision du gouvernement central de suspendre ce projet, en raison d'une «perte de confiance» dans le gouvernement régional séparatiste, rongé par les tensions entre ERC et Ensemble pour la Catalogne (JxC), la formation de M. Puigdemont.
La reprise de ce dialogue est très mal vue par JxC et l'extrême gauche radicale indépendantiste, qui a convoqué une manifestation contre ces négociations.
La formation de M. Puigdemont a d'ailleurs déclenché une crise en décidant de boycotter les pourparlers, où elle voulait aller uniquement si elle pouvait être représentée par deux indépendantistes graciés alors que seuls des membres du gouvernement régional pouvaient y assister.