France Dixième manifestation des "gilets jaunes"

ATS

19.1.2019 - 21:23

Des dizaines de milliers de "gilets jaunes" ont manifesté pour le dixième samedi consécutif à travers la France, malgré le lancement par le président Emmanuel Macron du "grand débat". Quelques heurts parfois violents ont eu lieu, notamment à Bordeaux (sud-ouest).

Quelque 84'000 "gilets jaunes" ont manifesté à travers le pays, comme la semaine précédente, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

La mobilisation était en léger recul à Paris, avec 7000 manifestants, contre 8000 samedi dernier, selon la même source. Le décompte des autorités est contesté par les manifestants depuis le début de ce mouvement social inédit lancé le 17 novembre.

"Macron démission !" pouvait-on entendre dans le cortège à Paris. "Grand débat l'arnaque", accusait une pancarte de tête. La manifestation n'a donné lieu qu'à quelques heurts dans l'après-midi dans le quartier des Invalides, la police recourant au canon à eau et aux gaz lacrymogènes avant le retour au calme.

Heurts en province

Des heurts plus sérieux ont eu lieu en province, notamment à Bordeaux, où en marge d'une manifestation de 4000 personnes, les journalistes de l'AFP ont notamment vu de jeunes hommes masqués et très organisés utiliser disqueuses et marteaux pour déterrer, casser et transporter des pavés destinés à servir de projectiles.

Au moins cinq voitures ont été brûlées en centre-ville. Les forces de l'ordre ont procédé à 49 interpellations.

Des heurts plus ou moins violents ont aussi eu lieu notamment à Angers (ouest), Rennes (ouest), Rouen (nord-ouest), Caen (nord-ouest) Nancy (est), Lyon (centre-est), Toulouse (sud-ouest), où un record de 10'000 manifestants a été enregistré par la police.

Scepticisme sur le débat

"Le grand débat n'aboutira à rien. On fait parler les gens pour qu'ils se calment, mais c'est le système qu'il faut changer", a dit à l'AFP Paul Merluzzo, 56 ans, manifestant à Nancy.

Le nombre de manifestants, qui n'a pas reflué depuis le samedi précédent, n'augure pas d'un grand effet, sur les manifestants les plus déterminés, du "Grand débat national" lancé par le président Macron afin de juguler la crise sociale, la pire depuis son élection en 2017.

La journée de mobilisation du 12 janvier, avec plus de 80'000 manifestants recensés par les autorités, avait douché les espoirs du gouvernement qui misait sur l'essoufflement du mouvement observé lors des fêtes de fin d'année.

Quelques centaines de milliers de "gilets jaunes" avaient manifesté les samedis de novembre et décembre, réclamant en particulier un allégement de la fiscalité et l'établissement d'un référendum d'initiative citoyenne. Des concessions du gouvernement visant à accroître le pouvoir d'achat des plus modestes, d'un coût de 10 milliards d'euros, n'avaient pas suffi à calmer la tempête.

Moins de violences

Mais les heurts ce samedi n'avaient aucune commune mesure avec les scènes d'émeutes urbaines de certaines manifestations précédentes, dont les images ont écorné l'image de la France, première destination touristique mondiale.

Comme samedi dernier, environ 80'000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés en France.

A Paris, certains manifestants arboraient une rose en hommage aux dix personnes mortes depuis novembre, pour la plupart lors d'accidents à des barrages organisés par les manifestants sur les routes. Plus de 2000 personnes ont en outre été blessées, manifestants et forces de l'ordre confondus.

L'usage du lanceur de balles de défense (LBD) par les forces de l'ordre, que la France est un des rares pays européens à utiliser, fait l'objet d'une vive polémique, en raison des blessures graves subies par certains manifestants.

Macron en tournée

M. Macron poursuit pour sa part sa tournée à travers la France avec des débats marathons réunissant des centaines de maires. "Je vous mets en garde, monsieur le président: il ne faudra pas que ce débat devienne le grand bluff !" l'a averti un maire.

Des discussions doivent aussi être organisées entre citoyens sur les thèmes du pouvoir d'achat, de la fiscalité, de la démocratie et de l'environnement, et de leurs revendications enregistrées.

Le président promet d'entendre les doléances exprimées, mais nombre de "gilets jaunes" voient dans le grand débat le moyen d'enterrer leurs revendications.

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