Droit des homosexuels Le texte hongrois qualifié de «honte»

hl

23.6.2021 - 18:23

23.6.2021 - 18:23

La tension est montée mercredi entre plusieurs dirigeants européens et la Hongrie au sujet d'une loi jugée homophobe de Budapest. De son côté, l'Allemagne se mobilise aux couleurs arc-en-ciel à l'occasion de son match de l'Euro contre la Hongrie.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen
KEYSTONE

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a qualifié de «honte» le texte hongrois. Celui-ci va entrer en vigueur en juillet et interdit la diffusion de contenus sur l'homosexualité, comparée à la pornographie, aux mineurs.

La cheffe de l'exécutif européen a fustigé un texte, qui va à l'encontre «des valeurs fondamentales de l'UE». Bruxelles enverra une lettre à Budapest pour exprimer ses «préoccupations» sur le plan légal, a-t-elle précisé.

Le gouvernement hongrois a répondu du tac au tac en utilisant le même terme de «honte» pour dénoncer les critiques de Mme von der Leyen.

La chancelière allemande Angela Merkel a elle aussi dénoncé une «mauvaise» loi, «incompatible avec mon (son) idée de la politique» devant la chambre des députés.

UEFA dans la tourmente

L'UEFA, organisatrice de l'Euro, est au centre de cette controverse politico-sportive. En cause: son refus réitéré mercredi de laisser le stade de Munich, qui accueillera en soirée un match Allemagne-Hongrie de l'Euro s'illuminer aux couleurs de la communauté LGBT.

Du chef de la diplomatie allemande à la présidence française, de nombreuses capitales européennes ont déploré cette décision de l'instance européenne justifiée par sa volonté de neutralité politique. Son président, le Slovène Aleksander Ceferin, a tenté de se défendre face aux critiques en dénonçant des initiatives «populistes» de gens qui «essaient trop souvent d'abuser des associations sportives à leurs propres fins».

Sans l'attaquer frontalement il visait le maire social-démocrate de Munich, Dieter Reiter. C'est lui qui a souhaité illuminer le stade munichois de l'Allianz Arena, avant de dénoncer un refus «honteux» de l'UEFA.

Mouvement de solidarité en Allemagne

Pour tenter de calmer la tempête, l'UEFA, organisatrice de la compétition qui se déroule dans onze villes de différents pays, a réaffirmé son «engagement ferme» contre l'homophobie et paré sur Twitter son propre logo d'un arc-en-ciel.

Le refus de l'UEFA a déclenché un vaste mouvement de solidarité en Allemagne. La ville de Munich a prévu de pavoiser ses sites les plus emblématiques aux couleurs de la communauté LGBT mercredi soir.

L'Hôtel de ville de la métropole bavaroise arborait sur deux étages de sa façade six grands drapeaux arc-en-ciel tandis qu'une imposante éolienne visible du stade où sera donné le coup d'envoi, doit s'illuminer en soirée. Plusieurs stades de Bundesliga vont aussi s'illuminer en signe de solidarité, dont l'emblématique stade olympique de Berlin.

Des quotidiens allemands, comme Bild ou Süddeutsche Zeitung, suivaient mercredi le mouvement avec des unes colorées.

«Provocation politique envers la Hongrie»

La décision de l'UEFA a été en revanche saluée par le gouvernement hongrois de Viktor Orban. «Dieu merci, les dirigeants du football européen ont fait preuve de bon sens (...) en ne participant pas à ce qui aurait été une provocation politique envers la Hongrie», s'est félicité le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto.

Et plusieurs clubs de football hongrois vont éclairer mercredi leur stade aux couleurs du drapeau national, rouge-blanc-vert, pendant le match de l'Euro Allemagne-Hongrie.

«L'UEFA s'est un peu pris les pieds dans le tapis parce qu'en fait sa décision de refus est aussi une décision politique», a déploré Clément Beaune, secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes. Le chef de la diplomatie allemande y a vu «un mauvais signal» envoyé par l'instance européenne.

Avant le match, les organisateurs de la marche des fiertés de Munich, associés à Amnesty International, prévoient de distribuer 11'000 drapeaux arc-en-ciel aux spectateurs (seules 14'000 places seront occupées, en raison des restrictions dues au Covid-19).

Un temps annoncé par des médias allemands, M. Orban lui-même ne devrait pas assister au match à Munich.

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