Le second tour de l'élection présidentielle dimanche en Equateur s'annonce serré dans un pays livré à la violence du crime organisé et au narcotrafic. Il oppose une avocate socialiste, dauphine de l'ex-président Rafael Correa et un candidat libéral.
La candidate à la présidence Luisa Gonzalez, du Mouvement révolutionnaire des citoyens, fait un discours lors d'un événement de campagne à Quito, en Équateur, le mercredi 11 octobre 2023. (AP Photo/Dolores Ochoa)
Le candidat à la présidence Daniel Noboa, du parti politique Alliance nationale d'action démocratique, au centre, monte sur un camion pour assister à son meeting de clôture de campagne à Santa Elena, en Équateur, le jeudi 11 octobre 2023. (AP Photo/Martin Mejia)
La candidate à la présidence Luisa Gonzalez, du Mouvement révolutionnaire des citoyens, fait un discours lors d'un événement de campagne à Quito, en Équateur, le mercredi 11 octobre 2023. (AP Photo/Dolores Ochoa)
Le candidat à la présidence Daniel Noboa, du parti politique Alliance nationale d'action démocratique, au centre, monte sur un camion pour assister à son meeting de clôture de campagne à Santa Elena, en Équateur, le jeudi 11 octobre 2023. (AP Photo/Martin Mejia)
Ce face-à-face aboutira soit à l'élection de la première femme à la tête du pays d'Amérique du Sud, Luisa Gonzalez, soit à celle du plus jeune président de son histoire moderne, Daniel Noboa, fils d'un richissime homme d'affaire.
Les derniers jours de campagne ont vu une avalanche de promesses de la part des deux candidats: «Un nouvel Equateur», une «main ferme» pour «sauver le pays», la «fin de la délinquance», des «milliers d'emplois».
Mais le ou la nouvelle élue n'aura que peu de temps pour tenir toutes ces promesses: il ou elle gouvernera jusqu'à début 2025, terme du mandat du président sortant Guillermo Lasso qui avait convoqué des élections anticipées pour éviter sa destitution sur fond d'accusations de corruption.
Le nouveau dirigeant héritera d'un pays plongé dans une vague de violences sans précédent, qui souffre d'une corruption endémique et d'institutions fragilisées.
«Ramasser les morceaux»
«L'Equateur connaît un processus très accéléré de détérioration dans tous les domaines», observe David Chavez, analyste politique et professeur à l'Université publique centrale d'Equateur, qui juge cette élection «cruciale et critique». «L'Etat équatorien a perdu le contrôle de la violence».
Autrefois considéré comme un îlot de paix en Amérique latine, le pays de 18 millions d'habitants, situé entre la Colombie et le Pérou, les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne, a été rattrapé par une vague de violences sans précédent liée au crime organisé et au narcotrafic.
Cette descente aux enfers s'est imposée dans la présidentielle avec l'assassinat, à quelques jours du premier tour, de l'un des favoris, l'ex-journaliste Fernando Villavicencio. Selon l'Observateur équatorien du crime organisé (OECO), au moins 3600 personnes ont été assassinées depuis le début de l'année.
«Le plus grand défi» sera de «reconstruire des institutions quasi en lambeaux, (...) avec comme première priorité les organes de sécurité», souligne M. Chavez.
Chaque candidat a sa formule magique: Daniel Noboa veut créer une grande agence du renseignement, regroupant l'administration pénitentiaire (SNAI), tandis que Luisa Gonzalez veut plus de programmes sociaux pour prévenir la délinquance. Tous deux s'accordent sur une militarisation des prisons, des ports et des frontières.
Sur l'économie, Mme Gonzalez entend promouvoir un Etat plus «solidaire», basé sur l'"égalité des chances», avec plus d'argent public investi dans l'économie. Son adversaire défend, lui, une politique plus libérale et entrepreneuriale.
Objectif réélection
L'ombre de l'ex-président Rafael Correa (2007-2017) plane sur la candidature de Mme Gonzalez, qui a indiqué qu'elle en ferait son conseiller. L'ex-chef d'Etat, en exil car condamné dans son pays pour corruption, est d'ailleurs aux commandes ces derniers jours du QG de campagne de Mme Gonzalez, installé à Mexico.
Au terme d'une campagne plutôt atone centrée sur les réseaux sociaux, le duel s'annonce très serré, selon les derniers sondages. Daniel Noboa semble avoir cédé de son avance après l'unique débat avec sa rivale début octobre. Le duel se déroule sur fond de polarisation entre un bloc corréiste, minoritaire, et d'un autre côté, un spectre politique très fragmenté.
Aucune force ou parti ne dispose de la majorité absolue à l'Assemblée nationale, qui a été renouvelée en même temps que le 1er tour de la présidentielle, ce qui devrait compliquer l'adoption de nouveaux textes. Le parti de Mme Gonzalez, «Révolution citoyenne», y est la première force, avec 48 sièges sur 137. M. Noboa compte 13 députés.
«Il y a beaucoup d'incertitude» sur le vote, constate Pablo Medina, politologue à l'Université Saint François. «Plus que l'habituel clivage corréisme/anti-corréisme», ce qui compte pour les électeurs cette fois, «c'est lequel des deux peut résoudre l'insécurité», explique-t-il à l'AFP.