Etats-UnisEclaircie attendue sur le front de l'inflation
afp
10.8.2022 - 07:21
L'inflation a-t-elle enfin commencé à ralentir aux Etats-Unis en juillet? Les chiffres attendus mercredi pourraient montrer une modération au moins partielle, et apporter une bouffée d'oxygène à Joe Biden, à quelques mois des cruciales élections de mi-mandat.
afp
10.08.2022, 07:21
ATS
La hausse des prix avait atteint en juin 9,1% sur un an, un record depuis 40 ans. Elle est attendue à 8,6% en juillet, selon le consensus de MarketWatch.
«Nous n'avons pas encore vu les données, (...) (mais) nous savons que les prix de l'essence ont chuté», a souligné la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre, mardi lors de son point presse quotidien.
«Nous espérons que ces baisses des prix de l'essence se refléteront dans les chiffres de l'inflation CPI», a-t-elle ajouté.
L'indice CPI fait référence notamment pour indexer les retraites et ses chiffres sont attendus mercredi à 08H30 (12H30 GMT).
Car depuis un an et demi, les prix ne cessent de grimper aux Etats-Unis, érodant le pouvoir d'achat des ménages. Et par ricochet, la cote de popularité du président démocrate.
Ses opposants l'accusent d'avoir une politique économique inflationniste, en raison notamment de son généreux plan de relance de mars 2021, juste après son arrivée à la Maison Blanche.
Les républicains ont relancé leurs critiques de plus belle dimanche, avec l'adoption au Sénat de l'«Inflation Reduction Act» de Joe Biden sur le climat et la santé, qu'ils accusent au contraire de générer des dépenses publiques inutiles.
Logement
Mais le diable se cache dans les détails, et, derrière ce ralentissement de l'inflation lié à la baisse du prix de l'essence, pourrait se cacher une nouvelle accélération: celle des loyers et des coûts de propriété, qui pèsent lourd dans la balance de l'indice CPI.
Il s'agit du «plus gros problème», explique sur Twitter Diane Swonk, cheffe économiste pour KPMG.
Comme d'autres économistes, elle s'attend, par conséquent, à voir grimper l'inflation dite sous-jacente – qui exclut l'alimentation et l'énergie et qui s'était élevée en juin à 5,9% sur un an.
Le logement représente près d'un tiers du panier de biens et services utilisé pour calculer l'indice CPI – essence, alimentation, vêtements, transports, médicaments, consultations médicales, etc.
La question est désormais de savoir s'il sera possible de faire ralentir durablement l'inflation, sans faire plonger la première économie du monde dans la récession, après déjà deux trimestres de contraction du PIB.
Loin des 2% voulus
La banque centrale américaine, la Fed, qui est à la manoeuvre, cherche à provoquer un ralentissement volontaire de la consommation, pour desserrer la pression sur les prix.
Elle a ainsi relevé à quatre reprises ses taux directeurs, désormais compris entre 2,25 et 2,50%. La hausse encourage les banques commerciales à offrir à leurs clients particuliers et entreprises des crédits avec des taux d'intérêt plus élevés.
Et plus l'inflation restera élevée, plus la Fed relèvera ses taux.
Une autre mesure de l'inflation, l'indice PCE privilégié par la Fed par rapport au CPI, avait montré une accélération en juin, à 6,8% sur un an.
L'inflation peinait pourtant, avant la pandémie, à atteindre les 2% considérés comme sains pour l'économie. Mais elle s'est accélérée avec la désorganisation mondiale de la chaîne d'approvisionnement et la pénurie de main-d'oeuvre aux Etats-Unis, au moment où les ménages américains consommaient frénétiquement.
A cela est venue s'ajouter la guerre en Ukraine, qui a fait flamber les prix de l'essence et de l'alimentation.
D'autant plus que le marché du travail américain reste très dynamique. Et en juillet, le taux de chômage est retombé à 3,5%, comme avant la pandémie.
Mais il existe toujours près de deux postes vacants pour un travailleur disponible, tirant les salaires à la hausse et contribuant à l'inflation.