Droits humains Education: appel de plus de 70 pays dont la Suisse aux talibans

sn, ats

6.3.2023 - 13:02

Plus de 70 pays dont la Suisse dénoncent la «détérioration systématique» des droits des femmes afghanes. Ils ont appelé lundi devant le Conseil à Genève les talibans à garantir à nouveau une éducation aux jeunes filles et aux femmes.

Les femmes ne peuvent plus accéder à l'éducation depuis le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan (archives).
Les femmes ne peuvent plus accéder à l'éducation depuis le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan (archives).
ATS

Keystone-SDA, sn, ats

Les hommes ont repris les cours lundi dans les universités afghanes, rouvertes après la longue coupure hivernale. Mais les femmes ne peuvent toujours pas assister à ceux-ci. Cette interdiction les «prive» de leurs droits humains, affirme la déclaration lue devant le Conseil par l'ambassadrice de l'UE à l'ONU à Genève. Tous les individus devraient avoir des conditions «égales», de manière «non discriminée».

Autre demande, les dizaines de pays signataires appellent les talibans à revenir sur leur interdiction aux ONG d'employer du personnel féminin. Ce dispositif «menace» des millions d'Afghans qui dépendent de l'assistance humanitaire, ajoutent-ils. Ils demandent aux talibans d'honorer le droit international humanitaire (DIH).

A titre personnel, la Suisse s'est dite «fortement préoccupée». Des effets «désastreux» des décisions des islamistes au pouvoir sont déjà observés sur la situation politique et économique en Afghanistan, affirme une représentante de la mission suisse à l'ONU à Genève.

Comme Amnesty international (AI), la Suisse a réitéré son appel à un mécanisme d'investigation indépendant pour préserver les preuves de violations des droits humains. Auparavant, le rapporteur spécial de l'ONU sur l'Afghanistan Richard Bennett avait affirmé que la détérioration des droits humains et de la répression contre la société civile s'est «accélérée».

Exécutions extrajudiciaires

Et de mentionner de «graves reculs» pour les femmes. L'année dernière, il avait estimé que les talibans étaient responsables de crimes contre l'humanité. Il continue toutefois à pouvoir rencontrer le nouveau régime en Afghanistan, auquel il demande de libérer plusieurs activistes des droits humains.

Aussi bien la Suisse que M. Bennett sont aussi inquiets des discriminations contre les minorités. Le rapporteur spécial est préoccupé de même par les indications grandissantes d'exécutions ciblées d'anciens membres de l'armée ou des forces de sécurité, en violation de l'amnistie décrétée par les talibans en 2021 au moment de leur retour au pouvoir.

Celles-ci montrent «l'incapacité» des islamistes d'empêcher ces assassinats ou leur volonté de ne pas les éviter, a aussi estimé M. Bennett. Selon des indications crédibles, les talibans sont également responsables de nombreuses exécutions extrajudiciaires contre des membres de groupes armés, affirme-t-il.