L'ancien juge anticorruption Sergio Moro, candidat de centre droit à la présidentielle d'octobre au Brésil, a annoncé jeudi qu'il jetait l'éponge. Il était crédité d'une troisième position dans les sondages, avec 8% des intentions de vote.
Keystone-SDA
31.03.2022, 23:07
ATS
«Je renonce à ma candidature et je serai un soldat de la démocratie», a écrit l'ex-ministre de la Justice du gouvernement Bolsonaro dans un communiqué publié sur Instagram. Il a aussi annoncé qu'il changeait de parti, quittant Podemos (centre), auquel il avait adhéré en novembre, pour rejoindre l'Uniao Brasil (centre droit).
L'ex-magistrat est l'ennemi juré du favori des sondages, l'ancien président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qu'il a condamné à la prison ferme pour corruption en 2017. Il est aussi en très mauvais termes avec l'actuel président d'extrême droite Jair Bolsonaro, dont il a claqué la porte du gouvernement en 2020, accusant le chef de l'Etat d'ingérence dans des enquêtes policières visant ses proches.
«Le Brésil a besoin d'une alternative pour libérer le parti des deux extrêmes, de l'instabilité et du radicalisme», affirme M. Moro dans son communiqué. «C'est pourquoi j'ai accepté l'invitation (...) de l'Uniao Brasil pour faciliter les négociations des forces politiques du centre démocratique, en vue d'une candidature unique».
«Troisième voie» exclue
Selon la presse brésilienne, M. Moro pourrait briguer un mandat de député ou de sénateur. Les sondages n'accordent aucune chance à une «troisième voie», celle d'une candidature qui éviterait un duel entre Lula et Bolsonaro au second tour, aucun des candidats potentiels ne dépassant les 10%.
Pour le politologue André Pereira César, du cabinet de consultants Hold, le retrait de Sergio Moro devrait bénéficier au président sortant. «Le grand gagnant est Bolsonaro, car ceux qui auraient voté pour Moro ont beaucoup plus d'affinités avec lui», estime-t-il.
«La plupart d'entre eux ne voteraient jamais pour Lula, pour des raisons idéologiques», insiste cet analyste, pour qui la probabilité d'un second tour entre Lula et Bolsonaro est de 95%.
Selon le dernier sondage de l'institut Datafolha, Lula reste nettement en tête, avec 43% des intentions de vote, devant Jair Bolsonaro (26%). Le président sortant a toutefois réduit de 26 à 17 points l'écart par rapport au précédent sondage de cet institut de référence, datant du mois de décembre.