Après l'échec aux législativesEmmanuel Macron recherche majorité désespérément
ATS
22.6.2022 - 19:18
Privé de majorité absolue à l'Assemblée nationale, le président français Emmanuel Macron a conclu mercredi un large tour de table avec les forces de l'opposition et ses alliés. Il cherche toujours un difficile consensus pour sortir de la crise.
Keystone-SDA
22.06.2022, 19:18
ATS
Car, trois jours après le second tour des élections législatives, la situation politique en France reste confuse et compliquée pour le chef de l'Etat, contraint de revoir ses plans faute d'avoir su dégager une majorité claire à la chambre basse du Parlement.
Le président français s'exprimera mercredi soir à 20h00 pour la première fois depuis le revers subi dimanche, au terme de ces consultations menées tous azimuts avec les chefs de partis de la majorité et de l'opposition.
Le créneau pour s'exprimer était réduit. M. Macron a une série d'engagements internationaux à partir de jeudi, avec un Conseil européen, suivi de sommets du G7 et de l'Otan.
Quadrature du cercle
Le président a reçu tour à tour mercredi de hauts responsables de l'opposition, notamment l'écologiste Julien Bayou et l'Insoumis Adrien Quatennens, ainsi que son allié Edouard Philippe, patron du parti Horizons. Ce dernier a appelé de nouveau à la création d'une «grande coalition» pour donner «une direction stable» au pays.
Mardi, M. Macron avait reçu plusieurs autres chefs de partis de la majorité et de l'opposition «afin d'identifier les solutions constructives» pour sortir de l'impasse, selon l'Elysée.
C'est un peu la quadrature du cercle pour un président, surnommé Jupiter car accusé par les oppositions d'avoir eu une gestion verticale du pouvoir dans une France qui a traversé plusieurs crises dont celle des «gilets jaunes».
«Difficile à gouverner»
Pour le président du Sénat, Gérard Larcher (droite), le pays «risque d’être difficile à gouverner». Il a réclamé «un changement profond d'attitude» du président, dans un entretien au Parisien.
La coalition centriste libérale, sur laquelle M. Macron s'est appuyé pendant son premier quinquennat, ne conserve que 245 sièges sur 577 à l'issue du scrutin de dimanche. La majorité absolue est fixée à 289 députés. Le reste de l'hémicycle se répartit principalement entre l'alliance de gauche Nupes (150 sièges environ), l'extrême droite (89) et la droite (61).
Union ou pas union
Parmi les solutions envisagées, l'hypothèse d'un gouvernement d'union nationale a surgi pour être aussitôt balayée. Le communiste Fabien Roussel avait indiqué à la sortie de son entretien mardi que M. Macron «envisage(ait)» la constitution d'un «gouvernement d'union nationale» afin de trouver «les voies pour sortir de la situation politique» à l'Assemblée.
Mais Marine Le Pen, a estimé que «la situation ne le justifie pas». A droite, le secrétaire général des Républicains (LR), Aurélien Pradié, a rejeté ce qui ne serait rien d'autre qu'un «mariage forcé».
Le numéro deux de LFI, Adrien Quatennens, a lui averti que son parti n'était «candidat à aucune combine ou à aucune participation à un gouvernement avec le président de la République».
De son côté, le ministre des Relations avec le Parlement, Olivier Véran, a détaillé plusieurs pistes: «un élargissement» de la majorité, «la poursuite du dépassement centre gauche/centre droit», «un élargissement encore plus large» ou «un système de majorité projet par projet, tantôt avec la gauche, tantôt avec la droite».
Premier ministre «politique»
En attendant de débloquer la situation, M. Macron a reconduit mardi sa Première ministre Elisabeth Borne qui lui avait présenté sa démission, le temps de gérer l'adoption promise pour l'été de mesures de sauvegarde du pouvoir d'achat des Français. Mais celle-ci apparait extrêmement fragilisée.
«Les temps exigent que le Premier ministre ou la Première ministre soit politique, qu'on n'ait pas le sentiment que c'est la technique qui gouverne le pays», a déclaré mercredi le centriste François Bayrou, un proche du président.
Autre difficulté pour le gouvernement, la justice a annoncé avoir ouvert une enquête après le dépôt de deux plaintes pour viol contre la secrétaire d'Etat Chrysoula Zacharopoulou, chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux. Selon l'hebdomadaire Marianne, les faits reprochés auraient été commis dans le cadre de sa profession de gynécologue.