France Emmanuel Macron, un président porté aux nues ou détesté

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13.3.2022 - 08:06

Porté aux nues ou détesté, Emmanuel Macron, président français à la fois séducteur et cassant, voire brutal, a traversé un quinquennat tumultueux. Pendant cinq ans, il a fait un art consommé de l'adaptation, en pratiquant un exercice solitaire et vertical du pouvoir.

Le président Emmanuel Macron sur le perron de l'Elysée, le 9 mars 2022 à Paris.
Le président Emmanuel Macron sur le perron de l'Elysée, le 9 mars 2022 à Paris.

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M. Macron a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle dans une «lettre aux Français» il y a une dizaine de jours. Cette annonce intervient dans le contexte dramatique de la guerre en Ukraine, qui a totalement relégué la campagne présidentielle française à l'arrière-plan.

L'activisme diplomatique d'Emmanuel Macron dans cette crise, même s'il n'a pas porté ses fruits, a, en tout cas, renforcé sa stature de chef d'Etat et lui a permis d'entrer en campagne au dernier moment. «Le président caméléon», comme l'a récemment qualifié le quotidien Le Monde, reste cependant après cinq ans de pouvoir une personnalité toujours difficile à cerner.

Multiples facettes

Plus jeune président que la France ait jamais eu, l'ancien ministre de l'économie de l'ex-président socialiste François Hollande a été propulsé au sommet en 2017, à seulement 39 ans, en utilisant avec maestria son image d'"outsider», ni de droite ni de gauche, et en surfant sur le délitement des partis traditionnels.

Elu avec 66% des suffrages face à la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, dans un contexte d'abstention record, celui qui n'avait jamais eu de mandat électoral a tout de suite endossé les habits de «chef» et montré sa volonté d'inscrire sa présidence dans l'histoire, avec une mise en scène solennelle au Louvre le soir de sa victoire.

Les Français, qui ne connaissaient pas vraiment cet homme aux allures de jeune premier ont découvert peu à peu une personnalité aux multiples facettes, à l'idéologie disparate et parfois contradictoire, au-delà de ses leitmotivs de «modernisation», d'"audace» et de «en même temps».

Entouré d'une cour fidèle de trentenaires passés par la publicité, les cabinets de consultants ou la haute administration, M. Macron, énarque pur produit du système, ex-banquier d'affaires chez Rothschild, a constamment montré une volonté de surprendre, quitte à choquer.

Coups de poker

Prêt à des réflexes claniques, comme, lorsqu'il refuse en 2018 de licencier son homme de confiance Alexandre Benalla, dont la presse révélera l'implication dans toute une série d'affaires douteuses – et qui sera d'ailleurs condamné en 2021 à de la prison ferme.

Auteur de coups de poker, quand il lance «un grand débat» national avec les Français après la révolte des gilets jaunes – mouvement de contestation sociale qui a gravement ébranlé son quinquennat en 2018 et 2019 avant de s'étioler -, mais sans jamais être véritablement réglé.

Il a également pris des paris risqués, notamment celui de refuser en pleine pandémie de Covid-19 un nouveau confinement réclamé par experts et ministres en janvier 2021, mais cette décision sera, au final, portée à son crédit. Il termine son mandat plus populaire que ne l'étaient à la même période ses deux prédécesseurs, François Hollande et Nicolas Sarkozy.

Aimé ou haï

S'il suscite quasiment l'adoration parmi son premier cercle, M. Macron est aussi un des présidents qui a déclenché le plus de «haine», selon les journalistes Nicolas Domenach et Maurice Szafran, auteurs du livre «Macron, pourquoi tant de haine?». «Je n'avais jamais vu des manifestations, où des enfants traînent des guillotines sous les applaudissements de la foule», s'étonnait encore récemment sur France 5 M. Domenach, en se remémorant des manifestations de «gilets jaunes».

Le chef de l'Etat, pourtant venu de la gauche, s'est vu très tôt qualifié de «président des riches» et des élites urbanisées. Les deux décisions parallèles de son début de mandat, suppression de l'impôt sur la fortune et baisse des aides au logement ont «imprimé une marque terrible», selon M. Domenach.

S'y ajoute une série de petites phrases lâchées au cours du mandat et ressenties comme méprisantes ou arrogantes, sur les chômeurs qui n'ont «qu'à traverser la rue» pour trouver du travail, les gens «qui ne sont rien» ou les «fainéants» réfractaires à toute réforme.

«Quoiqu'il en coûte»

A la fin 2021, M. Macron a assuré lors d'un entretien télévisé avoir «acquis beaucoup plus de respect pour chacun» et reconnu avoir pu «blesser» des gens. Avant de lancer quelques semaines plus tard qu'il avait «très envie d'emmerder les non-vaccinés». La phrase n'a finalement pas tant choqué les Français, vaccinés à 90% et qui, après des débuts difficiles, louent plutôt la gestion de la crise du Covid-19 par le président.

Délaissant ses habits de réformiste libéral, le chef de l'Etat a en effet opté pour des aides sociales et économiques massives pendant la pandémie. Selon l'exécutif, cette politique dite du «quoi qu'il en coûte», couplée aux réformes structurelles engagées en cours de mandat, a porté ses fruits, puisque l'activité économique a nettement rebondi en 2021, avec une croissance de 7%.

Mouvant sur certains terrains idéologiques, M. Macron ne s'est en revanche jamais départi d'un solide credo pro-européen.