Trop de pressionEncore une jurée jette l'éponge au procès Trump
ATS
18.4.2024 - 20:57
Une jurée qui jette l'éponge, un autre choisi puis finalement éliminé: le tribunal de New York, qui juge Donald Trump lors d'un procès historique, a repris jeudi le laborieux travail de sélection d'un jury impartial et prêt à résister aux pressions.
Keystone-SDA
18.04.2024, 20:57
ATS
Le juge Juan Merchan s'est fixé comme objectif de parvenir à réunir ce jury, soit douze citoyens new-yorkais et six suppléants, avant la fin de la semaine, pour entrer dès lundi dans le vif des débats.
Mais à la mi-journée jeudi, le tribunal comptait deux jurés de moins, soit cinq au total. D'abord, une première jurée a fait part de ses craintes d'être identifiée, en disant avoir été reconnue par des proches, alors que le jury est censé rester anonyme pour éviter les pressions.
Un peu plus tard, le juge a «excusé» un autre membre du jury, dont les procureurs ont révélé avoir découvert après recherches qu'il n'avait peut-être pas dit toute la vérité en répondant au long questionnaire délivré à chaque juré potentiel.
Anonymat
Ces premiers accrocs posent notamment la question de la garantie de l'anonymat des jurés tout au long du procès, alors que Donald Trump s'est lamenté plusieurs fois d'être jugé à New York, bastion démocrate.
Le candidat républicain, qui dénonce une «persécution politique», a repris mercredi à son compte, sur le réseau Truth Social, les propos d'un animateur de Fox News, Jesse Watters, assurant sans preuve qu'«ils sont en train de choisir des activistes progressistes infiltrés qui mentent au juge pour faire partie du jury».
L'accusation et la défense ont la possibilité de récuser dix jurés chacun, sans fournir de justifications.
Le juge a d'ores et déjà interdit à Donald Trump de s'en prendre aux jurés sur les réseaux sociaux.
Après ces incidents, leur nombre est repassé de 7 à 5, sur 12 requis, sans compter les 6 suppléants nécessaires.
Premier ancien président de l'histoire des Etats-Unis à comparaître au pénal, Donald Trump est jugé dans une affaire de paiements dissimulés pour acheter le silence d'une ancienne star de films X, Stormy Daniels, à quelques jours du scrutin de 2016 qu'il avait remporté sur le fil face à la candidate démocrate Hillary Clinton.
Vie scrutée
Les jurés potentiels, citoyens anonymes plongés du jour au lendemain dans une affaire historique, voient leur vie scrutée.
Ils doivent répondre à un long questionnaire sur leurs professions, situation familiale, sources d'information, centres d'intérêt, et leur opinion sur Donald Trump, mais aussi à des interrogations encore plus détaillées de l'accusation ou de la défense, qui a traque tout signe de partialité possible à l'encontre du prévenu, notamment dans leurs publications sur les réseaux sociaux. Ce ballet se poursuit jeudi.
Plus de trois ans après avoir quitté la Maison Blanche dans le chaos, Donald Trump encourt en théorie une peine de prison. Cela ne l'empêcherait pas d'être candidat au scrutin présidentiel du 5 novembre, où il rêve d'une revanche sur Joe Biden, mais projetterait la campagne dans l'inconnu.
S'il était déclaré non coupable, ce serait en revanche un succès majeur pour le candidat républicain.
D'autant plus qu'il est parvenu à force de recours à différer ses trois autres procès au pénal, deux pour tentatives illicites d'inverser les résultats de l'élection de 2020, et un pour gestion supposément désinvolte de documents classifiés.
Dans le procès débuté lundi, Donald Trump est inculpé de falsifications de documents comptables de son entreprise, la Trump Organization, qui auraient eu pour but de cacher, sous couvert de «frais juridiques», le paiement de 130'000 dollars à Stormy Daniels par son avocat personnel de l'époque, Michael Cohen.
En échange, l'ex-star de films X avait accepté de taire une relation sexuelle avec le milliardaire en 2006. Donald Trump a toujours nié cette relation et sa défense assure que les paiements relevaient de la sphère privée.
Mais le procureur Alvin Bragg entend démontrer qu'il s'agit bien de manoeuvres frauduleuses pour cacher des informations aux électeurs quelques jours avant le vote.