Présidentielle en Turquie Erdogan lance sa campagne pour «panser les plaies» après le séisme

ATS

10.3.2023 - 16:19

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, candidat à sa succession, a lancé vendredi la campagne en vue des élections présidentielle et législatives du 14 mai qu'il veut consacrer à «panser les plaies» du pays, après le séisme du 6 février.

Le président turc Erdogan a lancé sa campagne électorale. Les enquêtes d'opinion prédisent une élection serrée pour le chef de l'Etat turc, la plus périlleuse depuis son arrivée au pouvoir en 2003.
Le président turc Erdogan a lancé sa campagne électorale. Les enquêtes d'opinion prédisent une élection serrée pour le chef de l'Etat turc, la plus périlleuse depuis son arrivée au pouvoir en 2003.
ATS

Le chef de l'Etat a d'ailleurs précisé qu'en raison des circonstances et des plus de 46'000 morts enregistrés dans ce désastre qui a dévasté le sud et le sud-est du pays, il s'agirait d'une «campagne sans musique».

M. Erdogan, 69 ans dont 20 ans au pouvoir, qui s'exprimait depuis le palais présidentiel à Ankara, a justifié le maintien des élections au 14 mai par le pays que «la Turquie n'a pas de temps à perdre ni ne peut se laisser distraire ou dépenser son énergie en vain».

«Nous voulons faire du 14 mai une date qui effacera l'impact des destructions du 6 février», a fait valoir le chef de l'Etat, en lançant ce qui doit devenir le slogan de sa campagne: «Maintenant, pour la Turquie!»

Il affrontera cette fois un candidat désigné lundi par une plateforme de six partis d'opposition: Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans patron du parti social-démocrate CHP créé par le fondateur et premier président de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk (1923-1938).

«La Turquie a besoin de cela. Elle a besoin des élections, elle a besoin du changement», a réagi M. Kiliçdaroglu à l'annonce du lancement du calendrier électoral.

Les enquêtes d'opinion prédisent une élection serrée pour le chef de l'Etat turc, la plus périlleuse depuis son arrivée au pouvoir en 2003.

«L'ordre du jour de notre campagne sera centré pour l'essentiel sur les efforts (à conduire) pour panser les plaies et compenser le préjudice économique et social dus au tremblement de terre», a-t-il annoncé.

«La Turquie ne peut pas envisager son avenir avec confiance sans surmonter les destructions causées par le tremblement de terre du 6 février et compenser ses pertes économiques, sociales et psychologiques», a-t-il insisté.

Reconstruction au pas de charge

M. Erdogan a promis une reconstruction au pas de charge, «en un an», alors que la secousse d'une magnitude de 7,8 a dévasté près de 278'000 bâtiments et, outre les morts, déplacé plus de 3 millions de personnes.

Il a également commencé à distribuer 10'000 livres turques (un peu moins de 500 euros) aux familles sinistrées.

Le président a d'ailleurs annoncé que tout candidat au parlement issu de son parti, l'AKP, devra annoncer la somme qu'il entend donner en faveur des victimes.

Des centaines de milliers de personnes qui ont tout perdu ont trouvé abri dans des habitats de fortune (tentes, gymnases, conteneurs) dépendent désormais de l'aide du gouvernement et des ONG pour se nourrir et se loger.

L'opposition n'a pas manqué de dénoncer la lenteur des secours des trois premiers jours – pour laquelle le président Erdogan a demandé pardon – ni de relever les graves manquements au code de construction anti-sismique, qui ont vu des milliers d'immeubles s'effondrer sur leurs habitants en quelques minutes sans leur laisser la moindre chance de s'échapper.

«Le processus (électoral) ne peut se transformer en plateforme de luttes politiques vicieuses, de campagnes basées sur le mensonge et la diffamation, comme nous l'avons vécu lors des précédentes élections», a mis en garde M. Erdogan.

«C'est pourquoi en disant 'Maintenant, la Turquie', nous voulons transformer la date du 14 mai en une campagne bénéfique pour effacer l'impact des destructions du 6 février».

L'alliance de l'opposition a désormais dix semaines pour s'imposer face au «reis», ce qu'elle échoue à faire depuis deux décennies.

Kemal Kiliçdaroglu, ancien haut-fonctionnaire et économiste de formation, a promis une rupture totale avec l'ère Erdogan: «Nous sommes très proches aujourd'hui de renverser le trône des tyrans», a-t-il lancé cette semaine.

Beaucoup dépendra cependant de l'attitude du parti pro-kurde, le HDP, troisième formation du pays restée jusqu'ici à l'écart de l'alliance de l'opposition.

Le HDP avait recueilli près de 12% des suffrages aux élections législatives de 2018.