Turquie-Allemagne Erdogan veut se rapprocher de l'Allemagne

ATS

27.9.2018 - 18:51

Le chef de l'Etat turc doit rester jusqu'à samedi en Allemagne.
Le chef de l'Etat turc doit rester jusqu'à samedi en Allemagne.
Source: KEYSTONE/EPA/CLEMENS BILAN

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a entamé jeudi une visite d'Etat de trois jours en Allemagne, durant laquelle il s'efforcera de favoriser un rapprochement avec Berlin. Elle intervient après une longue phase de tensions entre les deux pays.

Le président turc aura plusieurs entretiens avec la chancelière Angela Merkel et sera reçu également par le président allemand, Frank-Walter Steinmeier.

M. Erdogan, dont le pays traverse actuellement une crise économique sévère, entend parler notamment des relations économiques bilatérales avec ses interlocuteurs en Allemagne, pays qui compte trois millions d'habitants d'origine turque.

La livre turque a perdu 40% de sa valeur depuis le début de l'année. La confiance dans l'économie turque ne s'est jamais autant détériorée depuis dix ans, selon l'institut turc de la statistique, dont l'indice qui la mesure a chuté de 15,4% à 71 points en septembre contre 83,9 points en août.

Samedi, au dernier jour de sa visite, le président turc sera à Cologne pour inaugurer une mosquée de l'association nationale turque Ditib (Union turco-islamique pour les affaires religieuses). Dans cette ville comme à Berlin sont prévues d'importantes manifestations contre sa venue, et les autorités ont demandé à Erdogan de ne pas faire ouvertement campagne lors de sa visite à la mosquée.

Manifestation

Jeudi matin, des manifestants s'étaient rassemblés plusieurs heures avant son arrivée dans le secteur de l'aéroport de Tegel, où son avion a atterri, afin de protester contre les entraves à la liberté de la presse en Turquie, où des dizaines de journalistes critiques ont été emprisonnés.

Une bonne partie du centre de Berlin était soumise à des mesures de sécurité et bouclée. Le président turc a directement rejoint son hôtel, près de la porte de Brandebourg.

A la veille de son arrivée, Recep Tayyip Erdogan a demandé aux autorités allemandes de déclarer comme "terroriste" FETO, le mouvement du prédicateur musulman Fethullah Gülen, qu'Ankara accuse d'avoir orchestré le putsch manqué de juillet 2016.

"Notre première attente de la part de la République fédérale, c'est qu'elle reconnaisse FETO comme responsable de la tentative de putsch, comme l'a fait le Royaume-Uni", a déclaré mercredi le président Erdogan, dans une tribune que publie le site Internet du journal Frankfurter Allgemeine Zeitung.

"Nous poursuivons l'objectif de développer nos relations commerciales et économiques", écrit-il, avant d'ajouter: "Pour le bien de la prospérité et de l'avenir de nos pays, amplifions nos intérêts mutuels et réduisons nos problèmes".

Retenir le flux de réfugiés

L'Allemagne et l'Union européenne ont conclu avec la Turquie un accord prévoyant qu'elle retienne le flux de réfugiés fuyant la guerre en Syrie, afin d'éviter la répétition des événements de 2015, quand un million de migrants sont arrivés en Allemagne, ce qui a eu de fortes répercussions sur le paysage politique fédéral, avec la montée en puissance du parti xénophobe AfD (Alternative pour l'Allemagne) et a affaibli la chancelière.

Les relations entre Berlin et Ankara ont été sérieusement mises à mal, ces dernières années, par plusieurs dossiers, dont l'emprisonnement sur le sol turc de plusieurs ressortissants allemands, dont le journaliste germano-turc Deniz Yücel, détenu pendant un an avant d'être finalement libéré.

"Cette visite n'est pas un signe de normalisation, mais elle pourrait en marquer le début", a déclaré le président allemand Frank-Walter Steinmeier au groupe de médias RND. "Après le traumatisme de la tentative de coup d'Etat de 2016, nous attendons un retour à l'état de droit."

M. Erdogan aura des entretiens avec la chancelière durant chacune des trois journées de sa visite, mais à en croire des responsables des deux pays, l'aide financière allemande à l'économie turque n'est pas à l'ordre du jour. Berlin, pour contrer ceux qu'indigne cette "visite d'Etat", insiste sur le fait que la question des droits de l'homme sera au premier plan des discussions.

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