Après quatre jours et trois nuits d'un sommet marathon à Bruxelles, les 27 dirigeants européens espéraient arriver lundi soir à un accord sur le plan de relance post-coronavirus. La bataille est acharnée entre les pays «frugaux» et le couple franco-allemand.
«Les dernières étapes sont toujours les plus difficiles, mais je suis confiant (...) Je suis convaincu qu'un accord est possible», a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, qui joue un rôle de médiateur dans ce sommet.
Signe d'un marchandage intense entre les différentes délégations, la séance en plénière à 27 a été maintes fois repoussée pour prendre en compte les exigences des uns et des autres. Elle est désormais prévue à 20h45 sous la forme d'un dîner froid, selon un photographe de l'AFP sur place.
Pour arriver à un compromis, M. Michel va soumettre aux dirigeants de l'UE une proposition révisée du plan de relance, moins ambitieuse que la proposition initiale néanmoins. Cette proposition «est le fruit d'un travail collectif extrêmement intense», a affirmé l'ex-Premier ministre belge.
Part de subventions à la baisse
Selon un document obtenu par l'AFP, elle revoit à la baisse la part de subventions dans le plan de relance: 390 milliards, contre 500 milliards prévus au départ, pour une capacité d'emprunt de 750 milliards d'euros. Ce sera la dette commune à rembourser par les 27. 360 milliards d'euros seront par ailleurs disponibles pour des prêts, remboursables par le pays demandeur.
La réduction du volume des dons est un geste en direction des pays «frugaux» -Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche- rejoints par la Finlande. A plusieurs reprises, ils ont menacé de faire capoter ce plan massif de soutien à l'économie, qui profiterait avant tout aux pays du Sud comme l'Italie et l'Espagne, les plus touchés par l'épidémie.
L'unanimité requise des 27 rend un accord difficile. Le dirigeant néerlandais Mark Rutte, le plus difficile à convaincre, a reconnu que des progrès avaient été faits en sa direction.
Respect de l'Etat de droit
Mais d'autres sujets s'avèrent tout aussi épineux: la question de l'Etat de droit et le budget pluriannuel de l'UE (2021-2027). Le fonds de relance est adossé au budget de l'UE. Le projet de budget prévoit une dotation de 1074 milliards d'euros, soit 154 milliards d'euros par an. Il avait été discuté lors d'un sommet en février, avant la crise du coronavirus, mais les dirigeants n'étaient pas parvenus à s'entendre.
Montant attribué à chaque politique de l'UE, ancrage du budget dans la lutte contre le changement climatique, mais aussi lien entre les aides européennes et le respect de l'Etat de droit (liberté de la presse, indépendance de la justice...), restent à régler.
Cette dernière question hérisse Varsovie et Budapest, dans le collimateur de la Commission et du Parlement européen qui ont lancé une procédure à leur encontre dans ce dossier. Le Premier ministre Viktor Orban s'y est vivement opposé dimanche, accusant même son homologue néerlandais de vouloir «punir financièrement» la Hongrie.
Dîner mouvementé
Les sources de tension n'ont pas manqué au cours de ce sommet marathon. Le dîner de dimanche a ainsi été mouvementé. Le président français a haussé le ton pour dénoncer la mauvaise volonté et les «incohérences» des frugaux, ont raconté plusieurs sources européennes.
Au cours de ce même repas, Charles Michel avait exhorté les 27 à s'entendre pour ne pas présenter le «visage d'une Europe faible, minée par la défiance». Il a multiplié tout au long du sommet les gages en faveur des frugaux. Il a ainsi cherché à répondre à la demande de conditionnalité réclamée par Mark Rutte sur les plans de relance présentés par chaque pays en contrepartie des aides.
Dans sa nouvelle proposition de compromis, Charles Michel a par ailleurs rehaussé les rabais obtenus par les quatre frugaux, qui jugent leurs contributions nettes au budget de l'UE disproportionnées.
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