Présidentielle américaine Etats-Unis «affaiblis» selon Calmy-Rey

ATS

4.11.2020 - 16:16

L'ancienne présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey (au centre) estime que l'élection de Joe Biden serait plus favorable au multilatéralisme et à la Genève internationale (archives).
L'ancienne présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey (au centre) estime que l'élection de Joe Biden serait plus favorable au multilatéralisme et à la Genève internationale (archives).
Source: KEYSTONE/ANTHONY ANEX

Les Etats-Unis «se sont affaiblis» durant les quatre dernières années pendant la présidence de Donald Trump, selon Micheline Calmy-Rey. L'ex-présidente de la Confédération anticipe une poursuite «des tendances de fond» si Joe Biden est élu. Y compris avec la Suisse.

«Les Etats-Unis sont moins appréciés et moins fiables sur la scène internationale», a dit mercredi dans un entretien à Keystone-ATS l'ex-cheffe de la diplomatie suisse. «Ils sont contestés par la montée de la Chine dans une période qui consacre surtout la faiblesse européenne entre ces deux blocs».

Selon Mme Calmy-Rey, ce réaménagement des puissances sur la scène internationale existait avant M. Trump et se poursuivra si M. Biden lui succède. «L'obsession identitaire» du président américain s'explique notamment par cette rivalité grandissante avec Pékin, dit-elle.

Cette concurrence technologique, politique et économique restera quel que soit le prochain chef de l'Etat, alors que la Chine devrait à terme devenir la première puissance mondiale. Plus largement, les «tendances de fond» de la politique étrangère américaine, notamment le désengagement en Europe et au Proche-Orient, seront maintenues, affirme Mme Calmy-Rey.

«Grimace» pour les Genevois

De même que le recentrage sur les «intérêts américains immédiats» que constituent la sécurité du territoire, la protection des frontières et le soutien aux entreprises. L'ancienne conseillère fédérale ajoute toutefois que M. Biden tentera de minimiser l'impact de la dénonciation de l'accord sur le nucléaire iranien même si «ce sera difficile».

Principale différence attendue, le démocrate devrait recoller à la diplomatie traditionnelle, avec un ton «plus ouvert, plus conciliant». Avec une différence de taille pour la Genève internationale. Les attaques de M. Trump contre le multilatéralisme «nous touchent de plein fouet», insiste l'ancienne conseillère fédérale.

«Elles font faire la grimace aux Genevois alors que, du côté de la capitale économique Zurich, certaines entreprises ont profité de la politique fiscale de M. Trump», estime-t-elle. «La Suisse n'a jamais autant exporté aux Etats-Unis que l'année dernière», affirme aussi l'ancienne conseillère fédérale. Et d'ajouter que les investissements directs suisses ont plus que doublé.

M. Biden a promis de maintenir son pays au sein de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'il est élu, revenant sur la décision de M. Trump d'en sortir en raison de ses critiques sur la réponse à la pandémie menée par l'institution. Ce retrait doit être effectif à l'été prochain.

«Zéro résultat» pour la Suisse

Sous le mandat de M. Trump, la Suisse a été plus exposée. Alors président de la Confédération, Ueli Maurer avait eu les honneurs du bureau ovale et Washington a adopté une approche proactive pour relancer des négociations sur un accord commercial.

«Cela n'est pas nouveau», fait remarquer la Genevoise qui relève qu'elle avait déjà des contacts très étroits avec ses homologues secrétaires d'Etat des administrations de George W. Bush et Barack Obama. «Cette exposition a généré une espèce d'espoir que la Suisse puisse conclure rapidement un traité de libre-échange. Mais avec zéro résultat».

Sur le front intérieur, Mme Calmy-Rey ne s'attarde pas sur un résultat serré qu'elle attendait à la présidentielle. La polarisation observée lors de ce scrutin n'est pas nouvelle et est observée également en Europe, y compris «chez nous», affirme-t-elle.

Mais le président «sait parler aux gens» et séduire un certain nombre de citoyens en attisant la «peur» sur la Chine ou encore sur l'emploi, dit-elle aussi. Le discours de M. Trump, criant victoire avant le dépouillement de millions de bulletins de vote par correspondance et annonçant déjà un recours, montre aussi l'«épuisement» de la démocratie libérale américaine. Le président s'est attaqué aux institutions et a donné des «coups de boutoir» aux contre-pouvoirs, notamment les médias, dit Mme Calmy-Rey.

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