PhilippinesEvêques et manifestants contre le retour d'un pouvoir autoritaire
ATS
25.2.2022 - 09:48
Des centaines de Philippins sont descendus dans la rue vendredi, jour anniversaire de la destitution du dictateur Ferdinand Marcos. Les évêques ont appelé les fidèles à empêcher le retour d'un pouvoir autoritaire à l'approche d'une élection qui pourrait voir son fils prendre les rennes du pays.
Keystone-SDA
25.02.2022, 09:48
ATS
Près de 1100 manifestants, selon la police, se sont réunis sur une autoroute de Manille où des millions de personnes s'étaient rassemblées 36 ans plus tôt pour mettre fin à vingt ans de dictature Marcos. Ils ont scandé «Ramenez le butin, pas le voleur», tout en hissant une banderole où l'on pouvait lire: «Non à MarcosDuterte2022».
Les manifestants s'opposent aux candidatures de Ferdinand «Bongbong» Marcos Junior à la présidence des Philippines et de Sara Duterte, fille de l'actuel président Rodrigo Duterte, à la vice-présidence.
M. Marcos Jr, favori des sondages, a cherché à détourner le débat public des abus commis sous le gouvernement de son père, comme la torture, les exécutions et les détournements de fonds.
En 1986, durant quatre jours, des millions de personnes s'étaient réunies sur cette autoroute, à l'appel des évêques, pour protéger un petit groupe de soldats retranchés dans un camp militaire après que Marcos eut découvert leur tentative de coup d'État. Cette immense manifestation avait obligé le dirigeant à fuir en exil aux Etats-Unis avec sa famille.
«Nous ne voulons pas une répétition (de la présidence Marcos), parce qu'il a été prouvé que les Marcos étaient corrompus», a expliqué à l'AFP Jandell Roperos, manifestant de 25 ans.
Rejeter le «révisionnisme historique»
Dans une lettre, la Conférence des évêques philippins a souligné qu'il était du devoir des électeurs de ce pays à majorité catholique de rejeter «le révisionnisme historique» de la campagne en cours qui, disent les prélats, cherche à laver les exactions commises sous Marcos.
«Je pense qu'il est évident, d'après notre ton, que nous ne voulons pas que l'âge sombre de la loi martiale se répète», a déclaré l'évêque Pablo David, lors d'une conférence de presse, lorsque lui a été demandé si le document faisait allusion à Bongbong.
Tout en soulignant qu'il n'était pas dans l'intention des évêques d'"usurper le rôle du gouvernement» ou de faire le choix à la place du peuple, la lettre indique qu'il est du devoir et du droit des catholiques «d'utiliser leur liberté de vote pour promouvoir le bien commun».
Il a déclaré que les évêques étaient consternés par «la déformation de l'histoire ou sa négation», et la prolifération de la désinformation pour créer un récit alternatif de l'histoire du pays. Le camp Marcos n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.