Une opération d'évacuation d'un campement de migrants dans le nord de Paris s'est déroulée mardi matin pour les mettre à l'abri, a constaté l'AFP. Plusieurs centaines de personnes vivaient dans des conditions très insalubres.
Le premier bus est arrivé vers 08h30 pour évacuer les migrants que la police tentait de faire asseoir sur le trottoir pour faciliter le bon déroulement de cette opération. Au total, «299 personnes ont été mises a l'abri», a indiqué sur place Bruno André, le directeur de cabinet de la préfecture.
Selon lui, «certaines personnes ont choisi de ne pas monter dans les bus». Environ 400 places avaient été mobilisées dans des gymnases en région parisienne. Les migrants ont été orientés vers ces gymnases où leur situation sanitaire et administrative sera examinée, a ajouté M. André.
Crainte d'expulsions
Philip, un Erythréen, a expliqué pourquoi il n'a pas voulu monter dans l'autobus: «J'ai mes empreintes en Italie, je ne veux pas être expulsé».
«Je suis en France depuis un an, moi j'ai mes empreintes en Suède et, si je suis en Suède, ils vont me renvoyer en Afghanistan», confiait pour sa part un autre migrant, Daj. «Je préfère dormir dehors même s'il fait froid», a-t-il ajouté en montrant sa tente sous l'autoroute.
A l'heure actuelle, le règlement européen de Dublin impose aux migrants d'effectuer leur demande d'asile dans le premier pays où ils laissent leurs empreintes dans l'Union européenne.
«Pas sûr»
Avant le début de l'évacuation, les forces de l'ordre ont éteint un feu de camp allumé à l'entrée du campement. Plusieurs centaines de migrants attendaient debout dans le calme au milieu des tentes.
Moussa, 30 ans, dort ici depuis deux semaines, mais ce réfugié qui a obtenu une carte de séjour il y a deux ans connaît la rue depuis cette époque. «J'ai demandé pour une formation, un appartement. On me dit qu'il n'y a rien pour moi», se désole-t-il, en attendant un «transfert» vers un lieu inconnu. Sans acrimonie, il décrit un campement «où on a froid, où tout est sale».
Ahmad, un Afghan de 29 ans, a déjà déposé sa demande d'asile mais dort ici «depuis 45 jours». Il a aussi hâte de partir: «Ce n'est pas sûr ici, les gens sont ivres, ils se battent pour l'argent», raconte ce père de famille qui a fui l'Afghanistan «parce que ce n'est pas une vie là bas, j'ai vu des gens mourir, je veux autre chose pour mes enfants».
Omar, 26 ans, a déjà connu des mises à l'abri, mais «après quelques nuits dans le gymnase, on m'a mis dehors», témoigne dans un français parfait ce jeune Soudanais qui a déjà été évacué du campement voisin de Saint-Denis.
L'Etat français s'apprête à intensifier les opérations de ce type dans les semaines à venir pour résorber les campements où plus de 2000 personnes vivent dans le nord de la capitale.
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