«La situation est difficile» Face à l'avancée russe, 37 localités évacuent leurs habitants

ATS

10.8.2023 - 22:54

Plusieurs dizaines de localités de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine, ont ordonné jeudi l'évacuation de leurs habitants face à l'avancée de l'armée russe. A l'offensive, celle-ci dit «améliorer ses positions».

Un groupe de mortiers russes en poste à la frontière entre la République populaire de Lougansk et la région de Kharkiv.
Un groupe de mortiers russes en poste à la frontière entre la République populaire de Lougansk et la région de Kharkiv.
IMAGO/ITAR-TASS/ Sipa USA

10.8.2023 - 22:54

L'armée russe avait été chassée de la ville de Koupiansk et de ses alentours, qu'elle occupait depuis le début de l'invasion, par une contre-attaque éclair ukrainienne en septembre 2022. Depuis quelques semaines, c'est dans cette zone qu'elle est repassée à l'offensive, revendiquant régulièrement des gains territoriaux.

L'armée ukrainienne a admis jeudi une situation «difficile» dans ce secteur. «La situation reste difficile, mais sous contrôle», a indiqué sur Telegram Serguiï Tcherevaty, porte-parole de l'armée pour le secteur Est du front, reprenant une formulation courante utilisée par Kiev lors de poussées de son adversaire. «Les Russes tentent de s'imposer et de percer notre défense», a-t-il ajouté.

«Dans la direction de Koupiansk, les unités d'assaut des groupes de combats +Ouest+ ont, lors d'actions offensives, amélioré leurs positions en première ligne du front», avait auparavant indiqué le ministère russe de la Défense dans son rapport quotidien.

Evacuation ordonnée

Face à cette avancée, un décret signé par les autorités locales a ordonné l'évacuation de 37 localités du district de Koupiansk, un important noeud de communication. Il s'agit pour l'essentiel de villages situés à proximité du front, sur la rive gauche de la rivière Oskil.

«L'évacuation a commencé hier, lorsque l'ordre a été signé», a déclaré jeudi le chef de l'administration militaire de la ville de Koupiansk, Andriy Besedin, à la télévision nationale.

L'administration de Koupiansk, une ville d'environ 25'000 habitants avant la guerre, a elle recommandé dans la matinée à ses habitants d'évacuer en direction notamment de Kharkiv, la capitale régionale, en raison de «la situation sécuritaire difficile et de l'augmentation du nombre de bombardements».

Selon le gouverneur régional, Oleg Sinegoubov, deux habitants ont été blessés dans la nuit dans le village de Kindrachivka, concerné par l'évacuation. Koupiansk a également été touchée à deux reprises, a-t-il précisé, publiant la photo d'un bâtiment administratif endommagé par une bombe mais sans faire état de victimes.

Zaporijjia encore frappée

Selon des cartes apparaissant dans le briefing vidéo du ministère russe de la Défense, les troupes de Moscou ne seraient qu'à quelques kilomètres de Koupiansk. Lundi, l'armée russe avait dit avoir en trois jours avancé de trois kilomètres vers cette ville.

Dans une autre région, près du front sud, au moins une personne a été tuée et 11 blessées jeudi après une frappe russe sur Zaporijjia, déjà visée la veille, selon les autorités ukrainiennes.

«La ville subit quotidiennement les bombardements russes», a déploré le président Volodymyr Zelensky, qui a publié une vidéo sur laquelle on voit une voiture en feu près de l'hôtel Reikartz de Zaporijjia.

Si elles ont longtemps été limitées, les attaques ukrainiennes dans des zones frontalières de la Russie sont aussi de plus en plus fréquentes.

Après la mort mercredi d'un civil dans la région de Belgorod, deux personnes ont cette fois été tuées dans un bombardement ukrainien ayant touché le village de Tchaoussy, dans la région de Briansk, selon le gouverneur régional Alexandre Bogomaz qui a précisé sur Telegram qu'un homme et une femme ont aussi «subi des blessures plus ou moins graves».

Guerre des drones

Parallèlement, la guerre des drones se poursuit, les territoires contrôlés par la Russie étant la cible d'attaques de plus en plus fréquentes.

Moscou a affirmé tôt jeudi avoir abattu 13 appareils ukrainiens, dont 11 près de la péninsule annexée de Crimée et deux qui se dirigeaient vers Moscou.

Un des engins ciblant la capitale a été abattu par la défense aérienne dans la région de Kalouga, au sud-ouest de la capitale, le second dans la région de Moscou, a rapporté le ministère russe de la Défense.

Les deux drones ont été abattus vers 04h00 locales, selon le maire de la capitale russe, Sergueï Sobianine, sur Telegram. Les autorités aériennes ont précisé que deux aéroports moscovites, Domodedovo et Vnoukovo, ont brièvement interrompu leurs vols.

En Crimée, «près de la ville de Sébastopol, deux drones ont été touchés par les dispositifs de la défense antiaérienne en service, neuf autres ont été neutralisés par des moyens de guerre électroniques et se sont écrasés dans la mer Noire avant d'atteindre la cible», selon le ministère russe de la Défense.

L'armée ukrainienne a pour sa part affirmé que dix drones explosifs «Shahed», fabriqués par l'Iran, ont été lancés contre son territoire dans la nuit, sept d'entre eux ayant été détruits. A Doubno, dans le nord-ouest, un dépôt de carburant a été détruit sans faire de victime, a rapporté le gouverneur régional.

Des couloirs sur la mer Noire

Sur le plan économique, Kiev a assuré avoir ouvert dans la nuit des couloirs «temporaires» sur la mer Noire pour permettre la circulation de navires transportant ses céréales, malgré les menaces de la Russie avertissant ces bateaux qu'ils pourraient être visés par son armée.

Il n'était pas clair dans l'immédiat si des navires avaient déjà quitté la côte ukrainienne ou non, alors que les épisodes guerriers se sont multipliés en mer Noire depuis juillet.

ATS