Piratage informatique Extradé par la Suisse, un Russe a été présenté à un juge à Boston

ATS

21.12.2021 - 09:05

Un ressortissant russe accusé de piratage informatique lui ayant permis de réaliser des gains illégaux de plusieurs dizaines de millions de dollars en Bourse a été présenté lundi à un juge fédéral de Boston, ont annoncé les autorités américaines. Il avait été extradé samedi par la Suisse après le rejet de son dernier recours.

21.12.2021 - 09:05

Vladislav Kliouchine, proche d'un haut responsable du Kremlin, selon les médias russes d'opposition, est accusé d'avoir obtenu, avec ses complices présumés, des documents internes à des entreprises américaines cotées grâce à du piratage informatique. (image d'illustration)
Vladislav Kliouchine, proche d'un haut responsable du Kremlin, selon les médias russes d'opposition, est accusé d'avoir obtenu, avec ses complices présumés, des documents internes à des entreprises américaines cotées grâce à du piratage informatique. (image d'illustration)
KEYSTONE

Agé de 41 ans, Vladislav Kliouchine avait été interpellé à Sion en mars dernier, et fait partie d'un groupe de cinq hommes poursuivis par le procureur fédéral du Massachusetts. Les quatre autres suspects sont en fuite.

Ce proche d'un haut responsable du Kremlin, selon les médias russes d'opposition, est accusé d'avoir obtenu, avec ses complices présumés, des documents internes à des entreprises américaines cotées grâce à du piratage informatique. Il s'agissait de présentations de résultats trimestriels que les sociétés ne devaient publier que plus tard.

En possession de ces documents, Vladislav Kliouchine et ses co-accusés ont réalisé des opérations boursières en anticipant la réaction du marché à l'annonce des résultats.

Au total, grâce à plus de 500 présentations de résultats récupérées entre 2018 et 2020, les pirates ont réalisé au moins 82 millions de dollars de profits illégaux, selon le régulateur américain des marchés, la SEC.

Le TF n'entre pas en matière

L’OFJ a rendu une décision d’extradition le 24 juin 2021. Vladislav Kliouchine a fait recours contre cette décision auprès du Tribunal pénal fédéral puis auprès du Tribunal fédéral. Dans un arrêt publié vendredi 17 décembre, la 1ère Cour de droit public a rappelé que les voies de recours contre les décisions d'entraide pénale internationale sont extrêmement limitées.

Le Tribunal fédéral n'entre en matière que dans «les cas particulièrement importants», notamment lorsqu'il y a lieu de penser que la procédure menée à l'étranger viole des principes fondamentaux ou est gravement viciée. Les juges de Mon Repos ont estimé que tel n'était pas le cas en l'espèce.

Accusé d'association de malfaiteurs, d'accès non autorisé à des ordinateurs, de transfert financier frauduleux et fraude boursière, l'accusé risque plusieurs dizaines d'années d'emprisonnement, les deux derniers chefs étant chacun passible d'un maximum de vingt ans de réclusion.

Des accusations «politiques»

L'homme d'affaires, qui dirige plusieurs sociétés selon des médias russes, est notamment le propriétaire du groupe M13, spécialisé dans la mise au point de bases de données et les ressources informatiques.

Ce groupe a développé le système «Katioucha» de surveillance des médias et des réseaux sociaux, officiellement utilisé depuis 2016 par l'administration présidentielle russe, ainsi que par plusieurs ministères russes.

Selon des médias d'opposition russes, M. Kliouchine serait très proche d'un haut responsable du Kremlin, Alexeï Gromov, premier adjoint au chef de l'administration présidentielle russe. M. Gromov, qui a été porte-parole du Kremlin entre 2000 et 2008, est notamment chargé des médias au sein de l'administration présidentielle.

Selon l'homme d'affaires, les griefs américains seraient de nature essentiellement politique et la procédure d'extradition pour délit d'initiés passerait au second plan. Selon l'agence de presse Tass, un porte-parole de l'ambassade russe en Suisse a déclaré dimanche qu'il s'agissait d'"un nouvel épisode de la chasse continue de Washington aux citoyens russes dans les pays tiers».

ATS