«Prêt à en découdre»Face à la menace du Hezbollah, le nord d'Israël se prépare
ATS
20.10.2023 - 16:18
En terrasse sandwich en main, dans une pharmacie pour acheter des pansements ou sortant en grappes de la gare routière de Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, les soldats sont partout, se préparant à l'éventualité d'un second front contre le Hezbollah libanais.
Keystone-SDA
20.10.2023, 16:18
ATS
Depuis l'attaque sanglante d'une ampleur sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, les échanges de tirs se sont multipliés à la frontière entre Israël et le Hezbollah pro-iranien, un allié du Hamas.
Mesure rarissime, les autorités ont annoncé vendredi l'évacuation de Kiryat Shmona, ville limitrophe de la frontière libanaise qui compte environ 25'000 habitants dont beaucoup sont déjà partis.
«On attend d'avoir des informations pour savoir où ils vont nous dire d'aller», raconte au téléphone une habitante, Lianne Abutbul, 16 ans. Rencontrée la veille par l'AFP dans le restaurant familial, l'adolescente se disait confiante malgré les roquettes tirées par le Hezbollah.
7000 des 9000 habitants de la localité évacués
Outre les échanges de tirs entre le Hezbollah et l'armée israélienne, des tirs ont été revendiqués par le Hamas à partir du Liban.
«Ici la dernière maison est à 150 mètres de la (zone de la) frontière, donc on a eu un plan d'évacuation et les gens qui étaient inquiets sont partis», explique Yossef Luchy, directeur du conseil local de Shlomi.
Cet ancien commandant en chef du district nord affirme que 7000 des 9000 habitants de la localité ont été évacués ces dix derniers jours.
Lundi, le ministère de la Défense a demandé d'évacuer les résidents de 28 villages et kibboutz situés à moins de deux kilomètres de la ligne bleue, séparant Israël du Liban.
Des habitants de villages plus éloignés encore sont également partis, ont constaté des journalistes de l'AFP.
L'Israel Democracy Institute estime qu'au moins 300'000 personnes auraient été évacuées de leur domicile en Israël, depuis le début de la guerre.
«Ici, ceux qui sont restés, sont pour la plupart des anciens de l'armée, et on se prépare constamment, on a un oeil sur les abris, on s'entraîne», dit M. Luchy.
«Prêt à en découdre»
Sur les 360'000 réservistes appelés par Israël, beaucoup ont été déployés à la frontière, longue d'environ 120 kilomètres.
Deux soldats sont morts mardi lors d'une attaque de positions militaires israéliennes près du Liban, selon l'armée. Vendredi, des soldats ont été de nouveau la cible de tirs près du village agricole de Margaliot, frontalier du Liban, a-t-elle ajouté. Ils ont riposté et recherchaient des suspects dans le secteur.
L'armée a également ouvert le feu sur trois hommes présentés comme des membres du Hezbollah tandis que ses tireurs d'élite ont ciblé des hommes armés «opérant dans la zone frontalière», selon un autre communiqué militaire.
De l'autre côté de la frontière, dans le sud du Liban, au moins 22 personnes ont été tuées dans les violences depuis le 7 octobre, la plupart des combattants, mais aussi au moins quatre civils, dont un journaliste de l'agence Reuters, Issam Abdallah.
Dans le nord d'Israël, les réservistes appelés affichent leur détermination. Interrogé par l'AFP à la gare routière, l'un d'eux, qui a requis l'anonymat, se dit «prêt à en découdre» car «les Juifs n'ont pas d'autre pays».
Les rares habitants de Kiryat Shmona restés sur place témoignent de sentiments mêlés. La plupart disent avoir peur quand ils entendent les sirènes d'alerte aux roquettes.
Lianne Abutbul raconte que lorsque le Dôme de fer -le système antimissile israélien- a intercepté des roquettes mercredi, «des débris sont tombés à deux rues de chez moi, dans la cour d'une école».
«Ca aurait pu tuer des enfants, ça fait vraiment peur», ajoute-t-elle avant de préciser qu'Israël a une armée «puissante». Ses deux frères sont déployés sur des théâtres d'opération israéliens.
Imiter les Katiouchas
Dans la région, les guerres avec le Liban, 2006 et 1982, sont dans tous les esprits et les mémoriaux ponctuent le paysage.
A 72 ans, Yaacov Kozikaro, qui vit près de la frontière depuis 1961, prétend savoir parfaitement imiter le bruit des roquettes de type Katioucha tirées par le Hezbollah.
M. Kozikaro dit qu'il essaie de «prendre les choses sereinement», malgré les «mauvais voisins» d'Israël. «Ce n'est ni la première, ni la dernière guerre», dit-il en riant avant d'ajouter qu'il n'a pas prévu de partir.
Jeudi soir, une salve de roquettes tirée du Liban a touché une maison, blessant légèrement deux hommes et une petite fille de 5 ans, d'après l'armée.
Plus de 1400 personnes ont été tuées en Israël par des combattants du Hamas depuis le 7 octobre, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes.
Dans la bande de Gaza, plus de 4100 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans les bombardements incessants menés en représailles par l'armée israélienne, selon le Hamas.