Chili Faible mobilisation pour élire la Constituante

ATS

16.5.2021 - 16:30

Keystone-SDA

Les Chiliens votaient dimanche au deuxième et dernier jour d'un vote historique pour élire les rédacteurs de leur nouvelle Constitution. La nouvelle loi fondamentale vise à promouvoir plus de justice sociale et à refermer l'ère Pinochet.

Les Chiliens doivent élire leurs représentants à l'assemblée constituante, mais aussi leurs maires, conseillers régionaux et gouverneurs.
Les Chiliens doivent élire leurs représentants à l'assemblée constituante, mais aussi leurs maires, conseillers régionaux et gouverneurs.
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Les bureaux de vote devaient fermer à 18h00 (minuit en Suisse) et les premières estimations étaient attendues dimanche en début de nuit. Mais samedi, à mi-parcours de ce week-end électoral, seuls trois millions de personnes avaient participé au vote, soit 20,44% des 14,9 millions d'électeurs convoqués aux urnes, selon les données du service électoral.

Les Chiliens doivent choisir 155 élus parmi 1373 candidats sur une base paritaire. Dix-sept sièges seront également réservés aux dix peuples autochtones du pays. Les autorités ont décidé de tenir ces élections sur deux jours en raison de l'épidémie de coronavirus.

La nouvelle Constitution remplacera celle rédigée en 1980 sous le régime militaire d'Augusto Pinochet (1973-1990). «Cette élection définira la Constitution qui nous guidera pour les 40 ou 50 prochaines années», souligne Claudio Fuentes, universitaire à l'Ecole de sciences politiques de l'université Diego Portales.

«Se débarrasser de 'Pinocho'»

Ce scrutin est «certainement» le plus important en 31 ans de démocratie, estime-t-il, «un nouveau Chili est en jeu». Réécrire la Constitution était une des revendications issues du plus grand soulèvement social des dernières décennies, amorcé en octobre 2019 pour réclamer une société plus égalitaire.

L'actuelle loi fondamentale limite fortement l'action de l'Etat et promeut l'activité privée dans tous les secteurs, notamment l'éducation, la santé et les retraites. Sa modification est vue comme la levée d'un obstacle essentiel à de profondes réformes sociales dans un pays parmi les plus inégalitaires d'Amérique latine.

Selon les sondages, plus de 60% des Chiliens estiment que cette Constitution a créé un système qui profite à un petit nombre de privilégiés.

«C'est comme si on commençait vraiment à se débarrasser de 'Pinocho' (le surnom donné à Pinochet par ses détracteurs, ndlr), de son ombre, de son héritage, de tout», estime Carmela Urquiza, une fonctionnaire de 62 ans résidant à Santiago.

«Deuxième transition»

«Le Chili a l'occasion de réaliser sa deuxième transition. Ça aura pris trois décennies en raison de la trop forte tendance au statu quo du système de partis» traditionnels, dit Marcelo Mella, politologue à l'université de Santiago.

La nouvelle Constitution doit être rédigée dans un délai de neuf mois, prolongeable une seule fois de trois mois supplémentaires. Elle doit être approuvée ou rejetée en 2022 par un référendum à vote obligatoire.

Le scrutin de ce week-end comprend aussi des élections locales de maire, de conseiller municipal et, pour la première fois, de gouverneur régional. Le Chili était l'un des rares pays de l'OCDE sans autorités régionales élues.

Gauche divisée

Les analystes voient ce scrutin comme un test décisif avant la présidentielle de novembre. Ce processus électoral est également le premier au monde à élire une Assemblée constituante sur une base paritaire, avec un nombre égal d'hommes et de femmes.

L'opposition de gauche, dispersée sur 69 des 70 listes en lice, entend proposer un nouveau modèle pour le pays, avec différents droits sociaux garantis, comme l'éducation, la santé ou le logement.

De leur côté, les candidats de la droite au pouvoir regroupés sur une seule grande liste alliée à l'extrême droite défendent le système actuel, qui selon eux a favorisé la croissance économique du pays.

«Une bonne partie de l'avenir de notre pays est en jeu ici, pour écrire une Constitution qui nous unit, et non une qui nous sépare, comme l'actuelle», a déclaré l'ex-ministre des Affaires étrangères progressiste Heraldo Muñoz.