Macédoine du Nord Faible participation en Macédoine du Nord

ATS

21.4.2019 - 23:49

Les candidats de droite et de gauche s'affronteront dans un second tour indécis à l'élection présidentielle en Macédoine du Nord le 5 mai, à l'issue du premier tour de dimanche. Le scrutin a été marqué par une participation historiquement faible.

Si l'accord historique avec la Grèce, qui a entraîné le changement de nom du pays en «Macédoine du Nord», a suscité l'enthousiasme de l'Occident, il a beaucoup moins motivé les 1,8 million d'électeurs. Selon la commission électorale, à peine plus de quatre sur dix se sont déplacés (41%) aux urnes, soit le plus faible taux de participation depuis l'indépendance de l'ex-république yougoslave en 1991.

Après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins, Stevo Pendarovski, 56 ans, soutenu par les sociaux-démocrates au pouvoir (SDSM), et la candidate de l'opposition de droite Gordana Siljanovska-Davkova, 62 ans, sont au coude à coude (42,63% et 42,39%)

Celui qui finira en tête dans deux semaines n'est toutefois pas assuré de succéder au nationaliste Gjorge Ivanov, adversaire résolu du changement de nom qui ne pouvait se représenter après deux mandats à ce poste largement honorifique. Il faudra en effet atteindre encore la barre de 40% de participation, quorum requis pour valider le scrutin.

La clé albanaise

Les électeurs du représentant de la minorité albanaise (20 à 25% des 2,1 millions d'habitants), Blerim Reka, 59 ans, crédité d'environ 11%, ont la clé du second tour. S'ils ne retournent pas voter, il pourrait être difficile d'atteindre la barre fatidique. Un échec sur ce point plongerait le pays balkanique dans l'incertitude politique.

«Le vote est un honneur, un droit et un devoir civique», a déclaré en votant le premier ministre social-démocrate Zoran Zaev, conscient du risque. Il a reconnu qu'un échec à atteindre le quorum déclencherait «une nouvelle crise politique», avec de possibles élections anticipées.

Seul ce péril a convaincu Jovan Dimitrovski, un ingénieur informatique de 37 ans, de venir voter: «Je me fiche des candidats». «Je ne vote que pour que le quorum soit atteint (...) je ne veux pas d'une nouvelle crise politique qui nous affecterait».

En votant, Stevo Pendarovski a promis que sa victoire permettrait à son pays «de se développer et d'intégrer, dans un certain temps, les structures euroatlantiques» après l'accord avec la Grèce négocié par son camp et en vigueur depuis le début de l'année.

Corruption et clientélisme

En échange, Athènes, qui estime que «Macédoine» est le nom exclusif de sa province autour de Thessalonique, a levé son veto à l'adhésion de son petit voisin à l'OTAN et à l'ouverture de négociations avec l'UE, espérée pour juin.

Alors que les électeurs de son camp considèrent que le nouveau nom est le fruit d'un diktat imposé depuis l'étranger, Gordana Siljanovska-Davkova continue à parler de «Macédoine». Elle a toutefois assuré qu'elle respecterait l'accord tout en essayant de le renégocier.

Mais le débat sur le nom ne suffit plus à mobiliser des électeurs usés par le marasme économique, la corruption, le népotisme et le clientélisme. «Je suis venue faire mon devoir en votant», mais «pour nous, simples mortels, cela ne changera rien», témoigne Pavlina Gosheva, 53 ans, infirmière à Skopje.

Après l'accord entre Skopje et Athènes, le premier ministre macédonien Zoran Zaev avait été évoqué comme lauréat potentiel du prix Nobel de la paix avec son homologue grec Alexis Tsipras. L'Occident avait de son côté présenté l'accord comme un exemple à suivre par l'ensemble des Balkans.

Mais les préoccupations des électeurs sont plus prosaïques: le taux de chômage officiel dépasse les 20%, le salaire moyen stagne à 400 euros et l'émigration, notamment de la jeunesse, s'apparente à un exode.

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ATS