Inde Fin de l'autonomie du Cachemire indien

ATS

5.8.2019 - 13:09

Les autorités nationalistes hindous ont passé un décret présidentiel abolissant un statut spécial de l'État du Jammu-et-Cachemire qui était garanti par la Constitution indienne (archives).
Les autorités nationalistes hindous ont passé un décret présidentiel abolissant un statut spécial de l'État du Jammu-et-Cachemire qui était garanti par la Constitution indienne (archives).
Source: KEYSTONE/AP/AIJAZ RAHI

Le gouvernement indien a annoncé lundi la révocation de l'autonomie constitutionnelle du Cachemire. La décision est explosive pour cette région en proie à une insurrection séparatiste. Le Pakistan a d'ailleurs condamné la manoeuvre «illégale» de l'Inde.

Les autorités nationalistes hindous ont passé un décret présidentiel abolissant un statut spécial de l'Etat du Jammu-et-Cachemire qui était garanti par la Constitution indienne. L'annonce a été faite au parlement par le ministre de l'Intérieur Amit Shah, au milieu d'une énorme cacophonie venant des rangs de l'opposition.

Le décret présidentiel «entre en vigueur immédiatement. Il remplace aussitôt» les articles constitutionnels relatifs au Jammu-et-Cachemire, en particulier l'article 370, selon un texte diffusé par le gouvernement.

L'article 370 de la Constitution indienne conférait un statut spécial au Jammu-et-Cachemire et autorisait le gouvernement central de New Delhi à légiférer seulement en matière de défense, affaires étrangères et communications dans la région. Le reste relève de l'assemblée législative locale.

Rétrogradé

Le gouvernement du premier ministre Narendra Modi a également présenté au parlement un projet de loi pour diviser le Jammu-et-Cachemire. Le Ladakh, sa partie orientale à majorité bouddhiste, en sera séparé.

Le Jammu-et-Cachemire restant, qui comprendra les plaines à majorité hindoue de Jammu au sud et la vallée de Srinagar à majorité musulmane dans le nord, va perdre le statut d'État fédéré, pour être rétrogradé au statut de «territoire de l'Union». Cela signifie que la région sera sous l'administration directe de New Delhi et n'aura presque plus aucune autonomie.

La révocation de l'autonomie du Cachemire était une vieille promesse de campagne des nationalistes hindous du premier ministre Narendra Modi, qui a été triomphalement réélu au printemps pour un deuxième mandat. Les rassemblements étaient interdits et les communications totalement coupées lundi dans la vallée de Srinagar. Seuls les militaires et paramilitaires déployés en nombre pouvaient être dans la rue.

«Jour le plus noir»

«Aujourd'hui marque le jour le plus noir de la démocratie indienne», a tweeté l'ancienne chef de l'exécutif de Jammu-et-Cachemire Mehbooba Mufti. «La décision unilatérale du gouvernement indien d'abolir l'article 370 est illégale et inconstitutionnelle fera de l'Inde une force d'occupation au Jammu-et-Cachemire», a-t-elle déclaré. Elle est assignée à résidence depuis la nuit dernière.

«Cela aura des conséquences catastrophiques pour le sous-continent. Les intentions du gouvernement de l'Inde sont claires. Ils veulent le territoire du Jammu-et-Cachemire en terrorisant son peuple», a-t-elle poursuivi.

Le Pakistan a aussi vivement réagi. Il a qualifié lundi d'«illégale» la manoeuvre de l'Inde sur une région en proie à une insurrection séparatiste et qu'Islamabad revendique. «Le Pakistan condamne fortement et rejette l'annonce» faite lundi à New Delhi, a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

«Aucune mesure unilatérale du gouvernement indien ne peut modifier ce statut contesté. (...) En tant que partie de ce différend international, le Pakistan fera tout ce qui est en son pouvoir pour contrer les mesures illégales», a-t-il ajouté.

Deux guerres déjà

Le Cachemire, divisé entre Inde et Pakistan, est revendiqué par les deux pays. Cette région montagneuse est à l'origine de deux des trois guerres entre les deux voisins depuis leur partition en 1947, à la fin du joug colonial britannique.

Une insurrection séparatiste fait aussi rage depuis 1989 au Cachemire indien et a coûté la vie à plus de 70'000 personnes, principalement des civils. New Delhi accuse son voisin de soutenir en sous-main les groupes armés à l'oeuvre dans la vallée de Srinagar, ce que le Pakistan a toujours démenti.

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