En plein marasme économique, le Soudan est le théâtre depuis décembre de manifestations déclenchées par la décision de tripler le prix du pain. La contestation s'est vite transformée en un mouvement réclamant la «chute» du président Béchir (archives).
L'armée soudanaise aura eu raison de l'homme fort du Soudan, le président Omar el-Béchir.
Tout au long de la matinée, une immense foule de Soudanais s'était en effet rassemblée dans le centre de la capitale soudanaise, anticipant l'annonce de la destitution du président honni, âgé de 75 ans et au pouvoir depuis un coup d'Etat en 1989
Fin de partie pour Omar el-Béchir au Soudan
En plein marasme économique, le Soudan est le théâtre depuis décembre de manifestations déclenchées par la décision de tripler le prix du pain. La contestation s'est vite transformée en un mouvement réclamant la «chute» du président Béchir (archives).
L'armée soudanaise aura eu raison de l'homme fort du Soudan, le président Omar el-Béchir.
Tout au long de la matinée, une immense foule de Soudanais s'était en effet rassemblée dans le centre de la capitale soudanaise, anticipant l'annonce de la destitution du président honni, âgé de 75 ans et au pouvoir depuis un coup d'Etat en 1989
Le président Omar el-Béchir, qui dirigeait le Soudan d'une main de fer depuis 30 ans, a été renversé jeudi par un coup d'Etat de l'armée après un soulèvement populaire. Il a été remplacé par un «conseil militaire de transition» pour deux ans.
Alors que des scènes de liesse avaient précédé l'annonce du départ de M. Béchir, les meneurs du mouvement de contestation ont rejeté la mise en place d'instances militaires de transition. Ils ont appelé à la poursuite des manifestations. De telles protestations, qui ont désormais lieu de jour comme de nuit, font peser le risque de violences alors que les nouvelles autorités militaires ont aussi annoncé jeudi un couvre-feu nocturne.
«J'annonce, en tant que ministre de la Défense, la chute du régime et le placement en détention dans un lieu sûr de son chef» (Omar el-Béchir), a déclaré dans une annonce à la télévision d'Etat Awad Ahmed Benawf, après une attente de plusieurs heures.
Tout au long de la matinée, une immense foule de Soudanais s'était en effet rassemblée dans le centre de la capitale soudanaise, anticipant l'annonce de la destitution du président honni, âgé de 75 ans et au pouvoir depuis un coup d'Etat en 1989. «Le régime est tombé, le régime est tombé!«, avaient scandé, en brandissant des drapeaux soudanais, ces milliers de manifestants qui campent depuis samedi devant le QG des forces militaires.
«Nous ne partons pas»
Mais après l'annonce, la joie est finalement retombée. «Les gens ne veulent pas d'un conseil militaire de transition» a déclaré dans un tweet Alaa Salah, l'étudiante devenue depuis quelques jours «l'icône» du mouvement. «Nous voulons un conseil civil pour mener la transition», a-t-elle ajouté.
«Nous ne partons pas. Nous ne partons pas», scandent aussi des manifestants de Khartoum. «Nous ne quitterons pas le site jusqu'à ce que nous emportions la victoire», pouvait-on lire sur une banderole. «Beaucoup de gens étaient venus en famille croyant qu'ils allaient pouvoir faire la fête (...), mais la plupart repartent désormais. Je sens leur déception», a confié un témoin.
En plein marasme économique, le Soudan est le théâtre depuis décembre de manifestations déclenchées par la décision de tripler le prix du pain. La contestation s'est vite transformée en un mouvement réclamant la «chute» de M. Béchir, qui fait par ailleurs depuis des années l'objet de poursuites internationales.
Depuis samedi, des milliers de manifestants réclamaient sans discontinuer, devant le QG de l'armée, le soutien des militaires. La TV nationale a interrompu jeudi à l'aube ses programmes pour faire état d'une «importante annonce des forces armées sous peu». Elle est finalement intervenue en cours d'après-midi, après des rumeurs de démission.
Couvre-feu d'un mois
Outre la destitution du président, le ministre de la Défense a annoncé la mise en place d'un «conseil militaire de transition» pour succéder à Omar el-Béchir pour une durée de deux ans. L'espace aérien a été fermé pour 24 heures et les frontières terrestres jusqu'à nouvel ordre, a-t-il ajouté.
Un couvre-feu d'un mois a en outre été décrété de 22h00 à 04h00 à travers le pays. Un cessez-le-feu a aussi été annoncé à travers le pays, notamment dans les Etats en proie aux rébellions comme le Darfour (ouest).
Peu avant l'annonce du ministre de la Défense, le puissant service de renseignements au Soudan (NISS), fer de lance de la répression des manifestations, avait fait état de la libération de tous les prisonniers politiques du pays, selon l'agence officielle Suna.
Le centre de la capitale, au sud du QG, a au gré de la matinée été envahi par une foule immense, selon un journaliste de l'AFP. Les manifestants se prenaient dans les bras, brandissaient des drapeaux soudanais et échangeaient des friandises. Pour le sixième jour consécutif, des milliers de manifestants déterminés étaient eux rassemblés devant le siège de l'armée, qui abrite aussi le ministère de la Défense et la résidence officielle du président.
Armée déployée
L'armée s'est déployée dans de nombreuses rues de la capitale, ainsi que des membres du groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide. Des foules sont aussi rassemblées dans les villes de Madani, Gadaref, Port-Soudan, Al-Obeid et Kassala, brandissant des drapeaux soudanais.
A Khartoum, les meneurs du mouvement ont appelé en cours de journée la foule à «ne pas attaquer quiconque ou les biens gouvernementaux et privés». «Quiconque fera ça sera puni par la loi. Notre révolution est pacifique, pacifique, pacifique», a martelé l'Alliance pour la liberté et le changement dans un communiqué.
En tout, 49 personnes sont mortes dans des violences liées aux manifestations depuis que ces rassemblements ont débuté en décembre, de sources officielles.
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