Climat Fin des négociations sans avancées, réunion de ministres en juillet

ATS

17.6.2021 - 18:31

A cinq mois d'une conférence climat cruciale, les négociateurs internationaux se sont séparés jeudi sans «percée». Londres, organisateur de la COP26, va tenter de donner un coup de fouet politique aux négociations pour «garder en vie» les objectifs de l'accord de Paris.

Patricia Espinosa au centre de l'image
Patricia Espinosa au centre de l'image
KEYSTONE

«Je ne peux pas dire qu'il y ait eu de percées», a reconnu Patricia Espinosa, la responsable climat de l'ONU, lors d'une conférence de presse pour présenter le bilan de près de trois semaines de discussions en visio-conférence, particulièrement éprouvantes de l'avis de tous les participants car tenues sur différents fuseaux horaires et émaillées de problèmes techniques.

Parmi les principaux points sur lesquels subsistent des blocages, les questions de financement, de transparence, notamment dans le suivi des engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, du calendrier de mise en oeuvre et des marchés carbone.

Il s'agit de points importants d'application de l'Accord de Paris de 2015, sur lesquels des progrès étaient espérés lors de cette session de négociations, qui ne devait toutefois pas déboucher sur des décisions fermes en raison de son format.

Orientations politiques

«Il est nécessaire d'obtenir des orientations au niveau politique», a en conséquence estimé Mme Espinosa.

Insistant lui aussi sur la nécessité «d'aller plus vite à l'approche de la COP26,» le président britannique de la conférence, Alok Sharma, a indiqué que Londres allait convoquer les 25 et 26 juillet à Londres une rencontre d'un «groupe représentatif de ministres» de «plus de 40 pays».

Il a appelé à «garder en vie (l'objectif de) 1,5°C», le seuil le plus ambitieux de réchauffement de la planète fixé par l'accord de Paris. Un niveau largement hors d'atteinte au vu des trajectoire actuelles, selon les scientifiques.

Une question de confiance

Cette réunion devra notamment aborder les moyens de «combler l'écart» entre les financements climat aux pays pauvres et la promesse des pays développés d'y consacrer 100 milliards par an en 2020. Un engagement qui n'est pas encore atteint, mais que le sommet du G7 la semaine dernière a réaffirmé. «J'ai régulièrement insisté qu'il s'agissait d'une question de confiance,» a martelé M. Sharma.

Comme une réponse aux inquiétudes affichées notamment par l'alliance des petits Etats insulaires (Aosis): «un conseil: quand il s'agit de l'art délicat de bâtir la confiance, les actes comptent toujours plus que les mots».

Selon une source diplomatique, au vu de la nature «informelle» (non-décisionnelle) des dernières discussions, la décision avait été rapidement prise d'écarter complètement cette question. Mme Espinosa avait de son côté dit mercredi à l'AFP qu'il n'y avait «tout simplement (...) pas eu assez de temps».

«Pas à la hauteur»

Le groupe des Pays les moins avancés a regretté que la session de négociations «n'ait pas été à la hauteur de l'urgence climatique», fustigeant notamment le niveau «extrêmement inadéquat» des engagements de réductions d'émissions et réclamant un rehaussement des engagements d'aide financière.

Enfin, beaucoup de pays ont exprimé leurs inquiétudes sur l'accessibilité à la COP, en raison de la pandémie de Covid-19, qui a mis à l'arrêt la diplomatie du climat pendant 18 mois. Comme Aosis, ils craignent que «l'inégalité vaccinale fasse dérailler Glasgow». La jeune égérie suédoise de la lutte climatique Greta Thunberg avait déjà annoncé qu'elle n'irait pas à la COP pour dénoncer les accès inégaux aux vaccins.

M. Sharma a réaffirmé la volonté britannique d'une COP en présence «à Glasgow, en novembre», promettant une nouvelle fois l'aide de Londres sur ce plan pour les délégués qui en auraient besoin.