Attentats Forte menace d'extrême droite en Allemagne

ATS

21.2.2020 - 20:35

Les «lieux sensibles», en particulier les abords des mosquées, les aéroports, ainsi que les frontières vont faire l'objet d'une surveillance renforcée après l'attaque de Hanau.
Les «lieux sensibles», en particulier les abords des mosquées, les aéroports, ainsi que les frontières vont faire l'objet d'une surveillance renforcée après l'attaque de Hanau.
Source: KEYSTONE/EPA/MAXIMILIAN VON LACHNER

Sous le choc de l'attentat raciste de Hanau et pressé de toutes parts de réagir, le gouvernement allemand a annoncé vendredi un renforcement de la surveillance policière, notamment autour des mosquées. Il doit faire face à une menace d'extrême droite «très élevée».

Les rassemblements en mémoire des neuf victimes de la double fusillade de Hanau, organisés jeudi soir dans une cinquantaine de villes allemandes, ont laissé place à des débuts de polémique sur les armes, la protection des minorités et le rôle incendiaire du parti d'extrême droite AfD.

Le pays a été confronté à trois attentats racistes et antisémites en neuf mois, de l'assassinat d'un élu pro-migrants à la tuerie de Hanau, en passant par l'attaque visant la synagogue de Halle en plein Yom Kippour.

Plusieurs associations musulmanes ont exprimé leur désarroi, s'estimant «livrés» à elles-mêmes. «Les représentants politiques non seulement minimisent le problème, mais aussi continuent à garder le silence sur l'islamophobie dans ce pays», accuse Zekeriya Altug, porte-parole du Conseil de coordination des musulmans en Allemagne.

«On ne peut plus parler d'actes individuels (...) mais d'un problème politique. Il est temps de le réaliser», résume vendredi le quotidien berlinois Tagesspiegel.

De nouvelles mesures

Face à ce «danger numéro un pour la démocratie,» selon la ministre de la Justice Christine Lambrecht, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures.

Les «lieux sensibles», en particulier les abords des mosquées, les aéroports, ainsi que les frontières vont faire l'objet d'une surveillance renforcée, a annoncé le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer.

Le gouvernement d'Angela Merkel avait déjà nettement durci son arsenal législatif et sécuritaire ces derniers mois, en imposant notamment de nouvelles obligations aux réseaux sociaux pour signaler les contenus haineux ou en protégeant mieux élus et militants.

Mais il peine à contrer toutes les menaces, en particulier celle incarnée par des individus solitaires, inconnus de la police et armés en toute légalité, qui passent subitement à l'acte comme le tueur présumé de Hanau.

«Bombes à retardement»

Ces «loups solitaires» qui se radicalisent sur internet, sont «des bombes à retardement que nous devons contrer avec tous les moyens que l'État constitutionnel nous offre», fait valoir la ministre de la Justice.

«Ce qui est déjà fait dans le domaine du djihadisme» en matière de surveillance en ligne, y compris des applications cryptées, doit «aussi être mené dans celui de l'extrémisme de droite», préconise Peter Neumann, spécialiste du terrorisme au King's College de Londres dans le quotidien Die Welt.

L'auteur présumé de l'attaque de Hanau, inconnu des services de police, avait ainsi un site personnel mêlant théories racialistes et contenus complotistes avant les fusillades. Ces «signaux» doivent à l'avenir être mieux anticipés, fait valoir M. Neumann.

Détention d'armes

Un autre aspect de la menace concerne un éventuel contrôle plus strict de la détention d'armes. Quelque 5,4 millions d'armes sont en circulation dans le pays, selon le quotidien Bild. Le ministère de l'Intérieur s'inquiète en particulier du fait que l'extrême droite radicale se procure de plus en plus d'armes en tous genres.

Des membres de la droite conservatrice CDU ont plaidé pour un renforcement de la législation sur les armes, une gageure dans un pays friand de chasse ou de tir sportif, une discipline que pratiquait le tueur présumé de Hanau.

Dimension politique

Enfin, le drame de Hanau revêt une dimension politique dans un pays marqué par l'irruption depuis 2013 du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), représenté depuis deux ans au parlement.

Cette formation, ouvertement xénophobe et dont des dirigeants critiquent à voix haute la repentance allemande au sujet du nazisme, devrait être placée «sous la surveillance» des services de renseignements, réclame Lars Klingbeil, secrétaire général du parti social-démocrate SPD.

«L'AfD est responsable de la polarisation (...) et de l'agressivité dans le discours politique», résume dans la presse allemande Oliver Decker, spécialiste de l'extrême droite à l'université de Leipzig.

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