L'ONU demande des investigations 87 corps ont été retrouvés dans une fosse commune au Soudan 

sn, ats

13.7.2023 - 11:25

Au moins 87 corps de victimes des Forces de soutien rapide (FSR) ont été retrouvés dans une fosse commune au Darfour-Occidental, au Soudan, selon l'ONU. Le Haut commissaire aux droits de l'homme Volker Türk a demandé jeudi à Genève des investigations indépendantes.

Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a condamné l'exécution de dizaines de civils au Darfour-Occidental au Soudan (archives).
Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a condamné l'exécution de dizaines de civils au Darfour-Occidental au Soudan (archives).
KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Keystone-SDA, sn, ats

Les victimes, dont plusieurs femmes et sept enfants, sont surtout des Massalit tués le mois dernier par les rebelles et leurs alliés, selon des indications crédibles relayées par le Haut-Commissariat. Les locaux ont été contraints par les FSR de mettre eux-mêmes les cadavres dans la fosse commune, à au moins deux kilomètres au nord du quartier général de la police à El-Geneina.

Au moins 37 corps ont été ensevelis le 20 juin dernier. Le reste a été enterré le lendemain. Depuis le début des violences entre l'armée et les FSR mi-avril au Soudan, l'ONU avait régulièrement mis en garde contre d'importantes violences ethniques au Darfour. Et des centaines de milliers de personnes ont fui vers le Tchad. Elles font partie des plus de trois millions de civils qui sont déplacés internes ou réfugiés depuis le début de la crise soudanaise.

Parmi les victimes, de nombreuses personnes ont été tuées dans les violences après l'exécution du gouverneur du Darfour-Occidental, Khamis Abbaker, tué par les RSF en détention mi-juin. D'autres ont succombé à des blessures qui n'ont pas été soignées.

M. Türk demande aux rebelles et à toutes les parties au conflit de faciliter rapidement la recherche des cadavres et leur évacuation, conformément au droit international. «Je condamne sans réserve l'exécution de civils et de personnes hors de combat», a-t-il affirmé. Et d'appeler à poursuivre les responsables.

Appel lancé par l'ONU

Certains témoins affirment que les pourparlers pour récupérer des cadavres en pleine rue sont parfois très longs avec les rebelles. Une famille a notamment précisé avoir dû attendre 13 jours avant de pouvoir le faire. Quand les RSF l'autorisent, elles refusent en revanche l'évacuation des blessés pour une prise en charge dans des centres de santé, en violation du droit international.

Le Haut commissaire demande aux dirigeants des FSR de condamner les exécutions de civils et de mettre un terme à cette attitude. Celles-ci doivent également arrêter les violences et les discours de haine, notamment ethniques, affirme encore l'Autrichien.

Les violences entre l'armée et les FSR ont fait des milliers de victimes au Soudan, alors que les pourparlers entre les parties au conflit n'ont pas abouti à de réelles avancées. Mercredi encore, les affrontements se sont poursuivis, notamment à Khartoum, où des millions d'habitants sont toujours bloqués sans accès à l'eau. Les raids aériens ont récemment gagné en intensité faisant des dizaines de victimes parmi les civils.

Malgré près d'1,5 milliard de dollars promis récemment lors d'une conférence de donateurs à Genève, l'ONU a alerté sur le manque de financement pour aider les populations. Au total, plus de la moitié des 45 millions de Soudanais ont besoin d'une assistance humanitaire.