La France trop lente?France: la campagne vaccinale anti-Covid critiquée pour sa lenteur
ATS
2.1.2021 - 09:31
Déjà 78'000 personnes vaccinées contre le Covid-19 en Allemagne, 8300 en Italie et moins de... 200 en France. Le lent démarrage de la campagne vaccinale suscite critiques et incompréhension dans la classe politique française et chez certains médecins. Mais le gouvernement français assume sa stratégie.
La France en retard ?
On comptait jeudi déjà plus de 600'000 personnes vaccinées au Royaume-Uni, un million aux États-Unis et 650'000 en Israël, mais les comparaisons avec ces pays ne sont guère pertinentes, car la vaccination y a débuté beaucoup plus tôt (respectivement les 8, 14 et 19 décembre).
Les pays de l'Union européenne en revanche ont entamé leur campagne vaccinale en même temps que la France, le 27 décembre. Or, si 138 personnes seulement ont été vaccinées en France en trois jours, selon le ministère de la santé, l'Allemagne et l'Italie affichaient respectivement plus de 78'000 et 8300 personnes immunisées.
Une différence qui dénote un «retard français réel et impressionnant», a twitté le sénateur socialiste (opposition) Rachid Temal. «On pourrait peut-être accélérer un peu» pour «sauver des vies», a critiqué le président de l'UDI (centre-droit, opposition) Jean-Christophe Lagarde sur RMC.
Le gouvernement avance «à tout petits pas» et ce n'est «pas adapté» à la situation, a également déploré le généticien Axel Kahn. Il faudrait au contraire montrer de l'"enthousiasme» en accélérant la vaccination, sinon les 30 à 35% de «vaccino-sceptiques» vont être convaincus que, «si l'on va si lentement», c'est «qu'il y a un danger», a-t-il estimé sur Europe 1.
Le gouvernement se justifie
«Cet écart que nous pouvons enregistrer aujourd'hui dans le démarrage – on dit parfois que cela va un peu lentement en France -, il est assumé», a revendiqué mardi le ministre français de la santé Olivier Véran, assurant ne pas confondre «vitesse et précipitation».
«C'est le temps de l'explication, le temps de la pédagogie, nous recueillons le consentement des personnes avant qu'elles soient vaccinées. Je crois que c'est un gage de confiance», a argumenté le ministre.
Les Allemands, a encore observé M. Véran, ont adopté une autre méthode, en installant de «grands 'vaccinodromes'»: cela peut être plus rapide mais cette stratégie, mise en place en France pour la vaccination contre la grippe A/H1N1 en 2009-2010, «n'avait pas marché», selon lui.
Au final, «ce qui compte, c'est que d'ici [au] mois de janvier nous aurons rattrapé le décalage vis-à-vis de tout le monde», a assuré le ministre.
Différences de la stratégie française
La haute autorité de santé (HAS) a défini un calendrier de vaccination par étapes, donnant la priorité aux personnes à risque et à celles particulièrement exposées au virus.
Concrètement, la campagne commence par les quelque 750'000 résidents des maisons de retraite, ainsi que par les salariés de ces établissements «qui présentent eux-mêmes un risque de forme grave». Les publics ciblés doivent ensuite être élargis par étapes, les plus jeunes et les moins fragiles passant en dernier.
Plusieurs pays voisins ont adopté des stratégies similaires. En Allemagne, la vaccination concerne, pour le moment, principalement les seniors en maisons de retraite et leurs soignants. Au Royaume-Uni, priorité est donnée à ces mêmes catégories, ainsi qu'aux plus de 50 ans et aux et personnes à risque. En Italie, ce sont les professionnels de santé qui sont prioritaires, puis le personnel et les résidents des maisons de retraite.
Les autorités israéliennes ambitionnent une vaccination massive: l'objectif d'un million de vaccinés – sur neuf millions d'habitants – est envisagé d'ici à la fin de la semaine. Et le quart de la population devrait l'être dans un mois.
En France, certains demandent un élargissement des publics ciblés: «il faut faire vacciner les soignants en priorité», plaide Axel Kahn. «A titre individuel, j'aimerais être vacciné, pour montrer l'exemple», a également souligné le Pr Philippe Juvin, élu Les Républicains (droite, opposition) et chef des urgences à l'hôpital Georges-Pompidou.
«Si nous devions vacciner tout le personnel soignant, nous n'aurions pas assez [de doses, ndlr] pour tout le monde», a cependant rappelé l'immunologiste Stéphane Paul dans le quotidien Libération.