FranceLa première motion de censure contre le gouvernement Barnier rejetée
ATS
8.10.2024 - 21:08
Le nouveau gouvernement français du Premier ministre Michel Barnier (droite) a survécu, en dépit de son absence de majorité, à sa première motion de censure présentée par la gauche mardi au Parlement. Celle-ci n'a pas reçu le soutien de l'extrême droite.
08.10.2024, 21:08
ATS
Défendue par une coalition de partis de gauche ralliant socialistes, écologistes et gauche radicale, la motion n'a été approuvée que par 197 députés à l'Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, loin des 289 voix nécessaires pour renverser le gouvernement.
Un échec anticipé par les auteurs de la motion, à commencer par le dirigeant du Parti socialiste (PS) Olivier Faure, monté le premier à la tribune pour réclamer la censure d'un gouvernement né selon lui d'un «hold-up électoral» et qui n'aurait «jamais dû être nommé».
Le patron des socialistes avait reconnu par avance que M. Barnier, vétéran de la droite âgé de 73 ans, nommé il y a un mois par le président Emmanuel Macron, resterait «aux commandes du pays à l'issue de cette séance», avec la bienveillance d'une extrême droite qui l'a «placé sous (sa) tutelle».
«C'est mathématique, sans le soutien du (parti d'extrême droite) RN votre gouvernement serait renversé», a renchéri la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain, y voyant «la démonstration d'un accord politique entre Emmanuel Macron et (la figure de proue de l'extrême droite) Marine Le Pen».
Ce dont le Rassemblement national (RN) s'est défendu. «Notre groupe brûle de voter la censure», mais «nous ne censurerons que sur des actes», a déclaré l'élu RN Guillaume Bigot, expliquant que son groupe «préfère pour l'instant exercer une pression» sur l'exécutif «.
Motion «à priori»
Avant d'être conforté à sa place, le Premier ministre avait déploré une motion «a priori» de la gauche, qui a cherché à le censurer «avant même (qu'il) ouvre la bouche et constitue (son) gouvernement».
M. Barnier a aussi contesté l'idée que son gouvernement soit illégitime, considérant que sa «majorité relative» était la «moins relative» possible à l'Assemblée, fracturée depuis les élections législatives en trois blocs – gauche, centre droit macroniste, extrême droite -, dont aucun ne dispose de la majorité absolue.
La coalition de gauche, le Nouveau Front populaire (NFP), est en effet arrivée en tête des législatives anticipées convoquées par M. Macron l'été dernier, sans obtenir de majorité absolue.
Elle reproche depuis au chef de l'Etat de ne pas lui avoir réellement donné une chance de former un gouvernement, M. Macron ayant préféré susciter une coalition nettement marquée à droite.
Réunion tendue
Avant ce débat sur la motion de censure, Michel Barnier avait eu une réunion tendue avec les députés macronistes, après des crispations sur les hausses d'impôt ou la ligne à droite toute adoptée par le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (droite).
«Il faut qu'on apprenne à se connaître», avait reconnu le chef du gouvernement, se disant «très fier» de compter des macronistes dans son gouvernement, dont Antoine Armand à l'Economie et Laurent Saint-Martin aux Comptes publics, «qui font un important travail» sur le budget.
Le nouveau gouvernement entend réduire progressivement le déficit public, qui risque de dépasser les 6% du PIB cette année, très au-dessus du plafond des 3% que se sont fixés collectivement les pays de l'Union européenne.
Le budget, qui prévoit 60 milliards d'euros d'économies, dont 40 de réduction de dépenses et 20 de hausses d'impôts, ne fait pas l'unanimité dans les rangs des macronistes.
Convaincre du sérieux budgétaire
Lundi, le ministre de l'Economie français a tenté de convaincre ses homologues de l'UE du sérieux budgétaire de Paris lors d'une réunion à Luxembourg. L'objectif affiché est de ramener le déficit de 6,1% cette année à 5% l'an prochain, avant de passer sous les 3% à l'horizon 2029, deux ans plus tard que ce qui était promis par le précédent gouvernement.
Le taux d'emprunt de la France à 10 ans a dépassé fin septembre celui de l'Espagne sur le marché de la dette, une première depuis près de 18 ans.