France Retraites, immigration… Michel Barnier fixe ses priorités

ATS

6.9.2024 - 23:50

En France Michel Barnier, qui a promis «des changements et des ruptures» dès sa nomination comme Premier ministre, a entamé des consultations vendredi avec son prédécesseur et les dirigeants de son parti de droite, qui ont posé leurs conditions pour une participation à un gouvernement.

M. Barnier devra user de toutes ses qualités diplomatiques pour former un gouvernement susceptible de mettre fin à la plus grave crise politique de la Ve République.
M. Barnier devra user de toutes ses qualités diplomatiques pour former un gouvernement susceptible de mettre fin à la plus grave crise politique de la Ve République.
IMAGO/ABACAPRESS

Keystone-SDA

Michel Barnier a fixé parmi ses priorités de «maîtriser les flux migratoires avec des mesures concrètes», revaloriser le travail et ne pas augmenter la dette de la France, dans sa première interview, vendredi soir sur la chaîne TF1.

Sa nomination a mis fin à soixante jours de suspense consécutifs aux législatives anticipées de juillet, qui ont débouché sur une Assemblée nationale fragmentée en trois blocs: gauche, centre droit et extrême droite.

Ce scrutin avait été convoqué après la dissolution de l'Assemblée décidée par le président Emmanuel Macron dans le sillage d'une déroute de sa majorité aux élections européennes de début juin, où l'extrême droite est arrivée en tête.

M. Barnier devra user de toutes ses qualités diplomatiques pour former un gouvernement susceptible de mettre fin à la plus grave crise politique de la Ve République – le régime politique en vigueur en France depuis 1958.

«Respect» des électeurs d'extrême droite

Sur TF1, le chef du gouvernement, nommé jeudi, a vanté sa «capacité à négocier», lui qui fut commissaire européen, et assuré qu'il «respectait» les électeurs du Rassemblement national même s'il n'avait «rien en commun» avec le parti d'extrême droite.

L'ancien ministre de droite a justifié sa nomination par sa «capacité de négocier, de mettre des gens ensemble, de les respecter, de les écouter». «Je n'ai rien de commun ou pas grand chose de commun avec les thèses ou les idéologies du Rassemblement national», mais «je respecte» les 11 millions de Français qui ont voté pour lui, a-t-il ajouté.

Interrogé sur le déficit public abyssal, qui devrait se creuser encore à 5,6% du PIB cette année, le Premier ministre a répondu: «Face à cette urgence, je ne m'interdis pas une plus grande justice fiscale».

La dette de la France atteint 110% du PIB et le déficit public est estimé à 5,5% du PIB, quand le Pacte de stabilité de l'UE limite celui-ci à 3% et la dette à 60% du PIB d'un Etat-membre.

Il s'est aussi dit favorable à une «amélioration» de la réforme controversée sur les retraites sans pour autant «tout remettre en cause».

Partisan en 2021 d'un report de l'âge légal à 65 ans, M. Barnier s'est refusé à dire s'il reviendrait sur le décalage de 62 à 64 ans inscrit dans la réforme adoptée au forceps en 2023.

Chargé de «constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays», l'expérimenté ex-négociateur européen du Brexit âgé de 73 ans se sait déjà en sursis et va devoir trouver les bons équilibres pour ne pas tomber à la première motion de censure.

«Trahison démocratique»

M. Barnier s'est aussi dit vendredi soir disposé à ouvrir son gouvernement à des «gens de gauche».

Mais le nouveau Premier ministre ne pourra a priori pas compter sur la gauche. «Aucune personnalité du PS ne sera dans son gouvernement, je n'ai aucun doute là-dessus», a assuré le patron des socialistes Olivier Faure, confirmant que la gauche déposerait une motion de censure et dénonçant «une trahison démocratique» par rapport au résultat des législatives où la gauche est arrivée en tête.

A l'extrême droite, le RN n'ira pas non plus au gouvernement mais ne votera pas de censure sauf si «le Premier ministre s'éloignait terriblement de (ses) attentes» sur le pouvoir d'achat, l'immigration, l'insécurité ou l'instauration de la proportionnelle, selon son vice-président Sébastien Chenu.

Une positionnement qui fait dire à la gauche que le RN est désormais le «faiseur de rois».

Restent donc les membres de l'ex-majorité, qui seront «nombreux à aider» le nouveau Premier ministre, selon l'un de ses prédécesseurs Edouard Philippe qui le rencontrera dimanche, tout comme l'ex Première ministre Elisabeth Borne samedi.

Une fois le gouvernement formé, le Premier ministre devra ensuite prononcer une déclaration de politique générale à l'Assemblée. M Barnier sera reçu samedi par sa présidente Yaël Braun-Pivet pour en discuter.