Sans perdre de tempsFrappes israéliennes meurtrières sur Gaza après la fin de la trêve
ATS
1.12.2023 - 19:42
L'armée israélienne a repris vendredi son pilonnage meurtrier de la bande de Gaza. Elle a assuré avoir frappé «plus de 200 cibles terroristes», après la fin de la trêve à l'aube entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
01.12.2023, 19:42
ATS
Le ministère de la Santé du Hamas au pouvoir à Gaza a fait état de plus de 100 morts dans les bombardements israéliens par air, mer et terre sur le petit territoire d'où s'élevaient d'épais nuages de fumées grisâtre.
Dès les premières explosions, survenues peu après l'expiration d'une trêve à 06h00 heure suisse, des milliers d'habitants, certains surpris dans leur sommeil, ont repris la route des hôpitaux et des écoles transformés en camps de fortune pour les déplacés, ont constaté des journalistes de l'AFP dans la bande de Gaza.
Affirmations israéliennes invérifiables
L'armée israélienne a affirmé avoir touché des zones «piégées par des explosifs, des tunnels utilisés à des fins «terroristes», des rampes de lancement (de roquettes) et des centres de commandement» du Hamas, accusé d'avoir tiré des roquettes en direction d'Israël.
Les belligérants se renvoient la responsabilité de la fin de la trêve qui a permis la libération d'une centaine d'otages en échange de la libération de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l'entrée de plus d'aides humanitaires dans Gaza où la situation humanitaire est jugée «catastrophique» par l'ONU.
Le Hamas a dit avoir «proposé un échange de prisonniers et de personnes âgées» parmi les otages, ainsi que la remise à Israël de corps d'otages israéliens «ayant perdu la vie dans les bombardements israéliens» sur Gaza.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui accusé le mouvement islamiste d'avoir «violé l'accord» de trêve et «tiré des roquettes» vers Israël.
«La pire des raclées»
Son gouvernement a promis au Hamas «la pire des raclées» et s'est dit déterminé à atteindre ses objectifs: «libérer tous les otages, éliminer le mouvement islamiste et garantir que Gaza ne constitue plus jamais une menace pour les habitants d'Israël».
Tôt vendredi, l'armée israélienne a commencé à envoyer des messages sur les téléphones des habitants dans des quartiers de la ville de Gaza (nord), ainsi que des villages bordant la frontière avec Israël dans le sud, leur ordonnant de «partir immédiatement» avant des « attaques militaires dures».
«Nettoyage ethnique et génocide»
L'Autorité palestinienne, par la voix de Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président de Mahmoud Abbas, a dénoncé «la poursuite du nettoyage ethnique et du génocide» à Gaza.
La présente guerre, dernier épisode en date du conflit israélo-palestinien, a été déclenchée par une attaque menée par le Hamas en Israël le 7 octobre, qui a fait 1200 morts, selon Tel Aviv.
En représailles, Israël a mené des bombardements dévastateurs contre le territoire palestinien, soumis à un siège total, et lancé le 27 octobre une offensive terrestre. D'après le gouvernement du Hamas, plus de 15'000 personnes, dont au moins 6150 de moins de 18 ans, ont péri dans les frappes israéliennes depuis le 7 octobre.
Après la libération au total de 110 otages depuis le début du conflit, dont 105 pendant la trêve, en majorité des femmes et des mineurs, il reste 137 otages à Gaza aux mains du Hamas et d'autres groupes affiliés, selon les autorités israéliennes.
«Nouveau dispositif» demandé
La fin de la trêve est aussi un coup dur pour les familles des captifs. «On nous a fait entrevoir une chance que les gens sortent, nous rejoignent et reprennent leur vie d'avant», a témoigné, ému, Ilan Zecharya, l'oncle de l'otage Eden Yerushalmi, âgée d'une vingtaine d'années. «A tous, à notre pays, nous demandons un nouveau dispositif» pour la «libération de tout le monde», a-t-il imploré.
Les Etats-Unis restent «focalisés» sur la libération des otages, a affirmé le secrétaire d'Etat Antony Blinken, au lendemain d'une visite en Israël. Et la Maison Blanche a fait savoir que les Etats-Unis, principaux alliés d'Israël, «continuent à travailler» en vue d'une trêve humanitaire.
«Cauchemar»
Selon une source informée des tractations, les négociations se poursuivent avec les médiateurs qatari et égyptien. Le Qatar a exhorté la communauté internationale à agir, affirmant que la reprise des bombardements «exacerbe la catastrophe humanitaire» à Gaza.
Et pour le chef du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Robert Mardini, la reprise de la guerre replonge la bande de Gaza dans un «cauchemar». Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dit «regrette[r] profondément» la reprise des hostilités.
Les camions d'aide n'entrent plus
La trêve avait offert un répit aux habitants de Gaza et permis une accélération de l'aide humanitaire, mais ce flot, pourtant qualifié de très insuffisant par l'ONU, s'est désormais tari.
«Aucun camion d'aide n'est entré depuis la reprise des bombardements israéliens, mais des préparatifs sont en cours pour l'évacuation de plusieurs blessés» a affirmé à l'AFP Waël Abou Omar, chef de la communication du terminal de Rafah (sud), point de passage entre Gaza et l'Egypte.
Besoins immenses
Les besoins sont immenses dans le territoire déjà soumis à un blocus israélien depuis plus de 15 ans et placé depuis le 9 octobre en état de siège total par Israël.
Vendredi, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a fait état de 111'000 cas d'infection respiratoire aiguë et de 36'000 cas de diarrhée chez des enfants de moins de cinq ans recensés parmi les déplacés à Gaza.
Ils sont 1,7 million d'après l'ONU et plus de la moitié des logements du territoire ont été endommagés ou détruits. A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, Anas Abou Dagga s'est désolé que la guerre ait repris, «encore plus féroce».
«Notre maison a été détruite, nous avons sept proches blessés», a raconté à l'AFPTV ce Gazaoui, accouru à l'hôpital Nasser, où des habitants se sont également pressés pour donner leur sang.
«Peur pour nos enfants»
Dans le chaos, tous les corps ne sont pas identifiés. Sur un sac mortuaire blanc, quelqu'un a écrit «un enfant déplacé dans une école de Cheikh Radwane», un quartier de la ville de Gaza, d'après un journaliste de l'AFP.
«Nous demandons un cessez-le-feu. Nous avons peur pour nos enfants», a imploré Abdel Karim Hamdane, un habitant de Gaza.