Guerre à Gaza Frappes sur Rafah après la CIJ, discussions sur un cessez-le-feu

ATS

25.5.2024 - 14:57

L'armée israélienne bombardait samedi la bande de Gaza, y compris Rafah, malgré la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) lui ordonnant de suspendre ses opérations dans ce secteur. Des efforts se poursuivent à Paris pour arracher un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

De la fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 mai 2024. Le 24 mai, la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Israël de mettre fin à son opération militaire à Rafah, d'ouvrir le poste frontière de Rafah avec l'Égypte pour permettre l'entrée de l'aide humanitaire, d'autoriser l'accès des enquêteurs à Gaza et de faire rapport à la Cour dans un délai d'un mois sur les progrès accomplis. EPA/HAITHAM IMAD
De la fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 mai 2024. Le 24 mai, la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Israël de mettre fin à son opération militaire à Rafah, d'ouvrir le poste frontière de Rafah avec l'Égypte pour permettre l'entrée de l'aide humanitaire, d'autoriser l'accès des enquêteurs à Gaza et de faire rapport à la Cour dans un délai d'un mois sur les progrès accomplis. EPA/HAITHAM IMAD
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25.5.2024 - 14:57

Les bombardements israéliens se sont poursuivis dans la bande de Gaza, notamment dans plusieurs quartiers dans l'est et dans le centre de Rafah. Un homme y a été tué samedi matin, selon l'hôpital koweïtien de la ville qui a recueilli le corps.

«Nous espérons que la décision de la Cour va mettre la pression sur Israël afin de mettre fin à cette guerre d'extermination», a déclaré à l'AFP Oum Mohammad Al-Ashqa, une Palestinienne de Gaza-ville, déplacée comme bon nombre des 2,4 millions de Gazaouis.

Décision contestée

La CIJ – dont les décisions sont juridiquement contraignantes mais qui manque de mécanismes pour les mettre en oeuvre – a aussi ordonné à Israël de maintenir ouvert le passage de Rafah, dans l'extrême sud de la bande de Gaza, essentiel à l'entrée de l'aide humanitaire mais fermé après le lancement de son opération terrestre début mai.

Israël s'est défendu, affirmant qu'il n'avait «pas mené et ne mènera pas d'opérations militaires dans la zone de Rafah» susceptibles de «conduire à la destruction de la population civile palestinienne». Le Hamas a de son côté salué la décision de la CIJ – qui a aussi ordonné la «libération immédiate et inconditionnelle» des otages à Gaza – tout en déplorant qu'elle se limite «seulement à Rafah».

«Combats rapprochés»

Tôt samedi, des Palestiniens et des équipes de l'AFP ont aussi fait état de frappes aériennes et de tirs d'artillerie à Khan Younès (sud) et dans plusieurs quartiers de la ville de Gaza (nord). Des avions de chasse et des hélicoptères ont frappé le camp de Jabalia (nord) et des obus ont atterri près d'une centrale électrique au nord du camp de Nousseirat (centre), selon des témoins.

L'armée israélienne a annoncé samedi que plusieurs combattants ont été tués lors de «combats rapprochés» la veille à Jabalia et au cours «d'affrontements et de tirs de chars d'assaut» dans le centre de la bande de Gaza. Elle a également affirmé avoir «éliminé une cellule terroriste qui a ouvert le feu sur les troupes» à Rafah.

La situation sécuritaire et humanitaire dans la bande de Gaza est alarmante avec un risque de famine, des hôpitaux hors service et environ 800'000 personnes qui ont fui Rafah ces deux dernières semaines, selon l'ONU.

L'hôpital koweïtien à Rafah a affirmé samedi qu'il est désormais le seul dans la ville à recevoir des patients. Il a appelé l'Organisation mondiale de la santé à «fournir rapidement le carburant nécessaire (...) pour qu'il puisse continuer de fonctionner».

Samedi, l'Italie a annoncé la reprise des financements en faveur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui coordonne la quasi-totalité de l'aide à Gaza, mais qui avait été mise en difficulté par Israël en janvier après des accusations selon lesquelles certains de ses employés étaient impliqués dans l'attaque du 7 octobre.

Pourparlers à Paris

Plus tôt cette semaine, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) avait demandé l'émission de mandats d'arrêt pour des crimes présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël contre des dirigeants du Hamas mais aussi israéliens, parmi lesquels le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Si le gouvernement israélien a fustigé cette annonce, il a néanmoins ordonné à ses négociateurs de «retourner à la table des négociations pour obtenir le retour des otages», selon un haut responsable.

Début mai, des discussions indirectes entre Israël et le Hamas, par l'entremise du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, n'avaient pas abouti à un accord de trêve associée à la libération d'otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Le chef de la CIA, William Burns, est attendu à Paris pour tenter de relancer les pourparlers sur une trêve et le président français, Emmanuel Macron, a reçu vendredi le Premier ministre du Qatar et les ministres saoudien, égyptien et jordanien des Affaires étrangères.

Selon la présidence française, les dirigeants ont examinés comment «augmenter et approfondir leur coopération en matière d'aide humanitaire» et de la mise en oeuvre de la «solution à deux Etats».

Aide humanitaire

En parallèle, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s'est entretenu avec Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, des nouveaux efforts pour arriver à un cessez-le-feu et rouvrir le «plus tôt possible» le terminal de Rafah, a indiqué Washington.

En attendant, une jetée temporaire américaine installée sur la côte de Gaza a permis le débarquement en une semaine de 97 camions d'aide humanitaire, a affirmé vendredi le porte-parole de l'ONU.

ATS