Corée du Nord Mystère autour de la fuite d'un haut diplomate nord-coréen

ATS

3.1.2019 - 14:00

En 2016, l'ancien numéro deux de l'ambassade de Corée du Nord en Grande-Bretagne, Thae Yong-Ho avait fait défection expliquant notamment qu'il voulait offrir un meilleur avenir à ses trois enfants alors qu'il venait d'être rappelé par Pyongyang (archives).
En 2016, l'ancien numéro deux de l'ambassade de Corée du Nord en Grande-Bretagne, Thae Yong-Ho avait fait défection expliquant notamment qu'il voulait offrir un meilleur avenir à ses trois enfants alors qu'il venait d'être rappelé par Pyongyang (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/JEON HEON-KYUN

Le plus haut diplomate nord-coréen en poste en Italie a demandé l'asile et se cache désormais. Cette information a été révélée jeudi par des députés sud-coréens, après une réunion à huis-clos avec des responsables des services de renseignementsud-coréens.

Rome a toutefois affirmé ne pas être au courant d'une telle demande d'asile.

"La mission de l'ambassadeur par intérim Jo Song Gil devait se terminer fin novembre dernier et il s'est enfui du complexe diplomatique début novembre" avec sa femme, a déclaré aux journalistes un membre du Parlement sud-coréen, Kim Min-ki.

Selon un autre parlementaire, Lee Eun-jae, les renseignements sud-coréens (NIS) ont confirmé que le diplomate avait demandé l'asile, mais ne semblent pas savoir où il se trouverait désormais.

Importante défection

Cette réunion entre les services de renseignements sud-coréens et des députés est intervenue après que le quotidien sud-coréen JoongAng Ilbo eut rapporté que M. Jo avait réclamé l'asile avec sa famille dans un pays occidental, ce qui constituerait une importante défection pour le régime de Pyongyang.

"Il a demandé l'asile au début du mois dernier", affirme une source diplomatique citée par le quotidien. Son cas constitue, selon cette source, un casse-tête pour les autorités italiennes qui néanmoins "le protègent dans un endroit sûr".

"Nous n'avons pas connaissance" d'une telle demande d'asile, a cependant indiqué à l'AFP une source proche du ministère des Affaires étrangères, précisant que le ministère avait seulement reçu une demande de "remplacement" de M. Jo.

Il s'agirait, si elle est confirmée, d'une défection très importante qui ne serait pas sans rappeler celle en 2016 de l'ancien numéro deux de l'ambassade de Corée du Nord en Grande-Bretagne, Thae Yong-Ho, l'un des plus hauts diplomates nord-coréens à avoir fait défection ces dernières années.

Intérim depuis 2017

M. Jo, 48 ans, assurait l'intérim depuis octobre 2017, quand l'Italie avait demandé à l'ambassadeur désigné de Corée du Nord, Mun Jong-Nam, qui n'était pas encore totalement accrédité, de quitter le pays, en protestation contre les lancements de missiles et les essais nucléaires menés par Pyongyang.

L'Italie est une des missions importantes du réseau diplomatique nord-coréen puisqu'elle s'occupe notamment des relations entre Pyongyang et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), basée à Rome. La Corée du Nord est régulièrement confrontée à de graves pénuries alimentaires.

M. Jo est "connu comme étant le fils, ou un gendre, d'un des plus hauts responsables du régime de Pyongyang", précise le JoongAng en citant un expert non identifié.

La plupart des diplomates nord-coréens doivent généralement laisser au pays des membres de leur famille, souvent des enfants, pour les décourager de faire défection une fois en poste à l'étranger.

Femmes et enfants

M. Jo était cependant arrivé à Rome en mai 2015 avec sa femme et ses enfants, ce qui laisse penser qu'il pourrait être originaire d'une famille privilégiée, indique le quotidien, en relevant que les raisons précises de sa défection ne sont pas connues.

Au moment de sa défection, M. Thae l'avait en partie justifiée par sa volonté d'offrir un meilleur avenir à ses trois enfants, alors qu'il venait d'être rappelé en Corée du Nord. L'ex-diplomate avait été qualifié de "pourriture humaine" par Pyongyang qui l'accuse d'avoir détourné une importante somme d'argent, violé un mineur et espionné pour le compte de Séoul.

Les défections de diplomates sont d'autant plus rares que la Corée du Nord maintient relativement peu d'ambassades. Parmi les précédents, figurent notamment la défection en 1997 de l'ambassadeur nord-coréen en Egypte, ou celle en 2015 d'un diplomate en poste en Afrique.

La dynastie des Kim règne d'une main de fer depuis trois générations sur la Corée du Nord. Le régime est accusé de graves violations des droits de l'Homme.

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