Sénat américain Géorgie: les électeurs noirs au coeur des espoirs démocrates

ATS

4.1.2021 - 08:24

Lors des élections sénatoriales cruciales de mardi en Géorgie, la mobilisation des électeurs noirs sera clé pour les démocrates, qui rêvent de reprendre la chambre haute. Et avec elle, tout le pouvoir à Washington.

Notamment en lice pour le Sénat américain: le pasteur Raphael Warnock, 51 ans, qui prêche dans l'ancienne église de Martin Luther King.
Notamment en lice pour le Sénat américain: le pasteur Raphael Warnock, 51 ans, qui prêche dans l'ancienne église de Martin Luther King.
KEYSTONE

«Afro-Américains. Faites basculer le Sénat»: devant une petite foule festive, le panneau sur scène va droit au but.

«Il est essentiel que les Afro-Américains et les minorités se présentent dans les bureaux de vote», confie Sukari Johnson, présidente de l'antenne démocrate du comté de Clayton, au sud d'Atlanta, capitale de cet Etat conservateur.

«Comptez toujours sur les Noirs», peut-on lire sur l'une des pancartes distribuées aux familles et jeunes réunis autour d'elle à Hampton, pour une journée de spectacles et discours de mobilisation.

Les pin's, T-Shirts et sacs sont distribués gratuitement, en encourageant les passants à appeler ou envoyer un message sur-le-champ à trois amis, pour qu'ils se rendent aux urnes.

«Votez»: c'est le mot d'ordre que tout le monde répète ici.

«Beaucoup de gens souffrent en ce moment avec le Covid et le chômage, alors si nous voulons changer les choses, nous devons élire» les candidats démocrates mardi, souligne Sukari Johnson

Plusieurs figures marquantes

En lice pour le Sénat américain: le pasteur noir Raphael Warnock, 51 ans, qui prêche dans l'ancienne église de Martin Luther King, et le producteur de documentaires Jon Ossoff, 33 ans.

Marquée par l'esclavage et la ségrégation, la Géorgie a vu naître, et mourir, plusieurs figures de la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains, de Martin Luther King à John Lewis. Mais cet Etat du Sud n'a jamais élu de sénateur noir et n'a pas envoyé de démocrate à la chambre haute depuis vingt ans.

Les candidats démocrates partent donc de loin en Géorgie. Sur eux reposent pourtant les espoirs du parti, et du président élu Joe Biden.

«Si nous ne les élisons pas, Biden ne pourra pas faire grand chose» sans le contrôle du Sénat, aujourd'hui républicain, qui peut bloquer l'adoption de lois, résume Sukari Johnson.

Enthousiasme renforcé

La victoire en novembre de Joe Biden renforce l'enthousiasme ici car c'est la première fois depuis 1992 que la Géorgie élit un démocrate à la présidentielle.

Alors beaucoup, comme Mary Garrett, veulent croire à une victoire mardi. «J'ai espoir», affirme cette professeure de maternelle de 59 ans.

Plus de trois millions d'électeurs ont opté, comme elle, pour le vote anticipé, sur sept millions d'inscrits, un record pour une élection partielle. Mais un niveau plus bas que celui enregistré au même stade pour la présidentielle.

La victoire de Joe Biden ici s'explique aussi par le vote d'électeurs républicains ou indépendants anti-Trump, qui pourraient cette fois revenir dans le giron du parti.

Les Afro-Américains «représentent l'une des plus larges bases de soutien pour les candidats démocrates dans cet Etat et leur mobilisation est donc toujours cruciale», explique à l'AFP Trey Hood, professeur à l'université de Géorgie.

Un habitant sur trois est afro-américain en Géorgie (10,6 millions d'habitants). Cette population a toujours été importante, rappelle-t-il, mais «ce qui a changé, c'est le nombre d'Afro-Américains dans l'électorat», à désormais près de 30%.

«Black Voters Matter»

«Black Voters Matter»: les électeurs noirs comptent. Ce mot d'ordre calqué sur le désormais célèbre «Les vies des noirs comptent», revient sur les masques d'organisateurs à Hampton.

Sous la houlette de l'ancienne parlementaire de Géorgie, Stacey Abrams, des organisations se sont mobilisées avec succès ces dernières années pour dénoncer, et surmonter, ce qu'elles perçoivent comme les entraves institutionnelles bloquant encore le vote des minorités: longues files d'attente, difficultés à l'heure de s'inscrire sur les listes ou de confirmer son identité...

Dans un quartier modeste de la petite bourgade rurale d'Eatonton, Jon Ossoff, arrivé à bord de son grand bus de candidat, motive quelques dizaines d'électeurs avant qu'ils ne partent tenter de convaincre leurs voisins de voter.

Après avoir dénoncé le racisme et un homicide qui avait choqué la Géorgie, il lance, sous les applaudissements de la petite foule mêlant Américains noirs et blancs: «Quand vous allez frapper aux portes aujourd'hui, sentez dans votre coeur ce pour quoi nous nous battons: une même justice pour tous».

Retour à la page d'accueil