Le point sur le conflitGaza toujours sous les bombes – Blinken en Israël
mabe
3.11.2023 - 14:27
Israël a mené vendredi de nouveaux bombardements meurtriers dans la bande de Gaza où il poursuit son offensive terrestre. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, de nouveau à Tel Aviv, s'est borné à répéter qu'Israël avait «le droit» de se «défendre.
03.11.2023, 14:27
ATS
«Nous restons convaincus qu'Israël a non seulement le droit mais aussi l'obligation de se défendre et de faire tout ce qui est en son pouvoir pour que le 7 octobre ne se reproduise plus jamais», a-t-il dit en allusion à l'attaque du Hamas palestinien sur le sol israélien, après une rencontre avec le président israélien Isaac Herzog.
En Israël, «nous allons parler de mesures concrètes qui peuvent et doivent être prises pour minimiser les dommages causés aux hommes, aux femmes et aux enfants de Gaza», avait auparavant assuré l'Américain avant de quitter Washington.
Pendant ce temps, ajoutant aux inquiétudes sur le sort des civils, Israël a commencé vendredi à renvoyer dans la bande de Gaza, malgré les bombardements, des milliers de travailleurs palestiniens qui étaient bloqués sur son sol depuis près d'un mois.
La ville de Gaza serait encerclée
Israël, qui a promis «d'anéantir» le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, avait annoncé jeudi soir être parvenu à encercler la ville de Gaza, où des quartiers entiers sont transformés en champs de ruines, pour y détruire le «centre» du mouvement islamiste.
Au Liban, le puissant chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit prononcer un discours vendredi pour la première fois depuis le début de la guerre et indiquer si sa formation, alliée du Hamas et soutenue par l'Iran, entrera de plain-pied dans le conflit, qui a déjà fait des milliers de morts.
Bientôt 10'000 morts dans l'enclave
Depuis près de quatre semaines, les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, totalement assiégée, vivent sous les bombardements israéliens, dans une situation humanitaire catastrophique.
Selon un nouveau bilan publié vendredi par le Hamas, 9227 personnes, dont 3826 enfants, ont été tuées dans les frappes israéliennes sur la bande de Gaza.
«Nous sommes au coeur de la campagne (militaire), nos succès sont impressionnants», s'est félicité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, jeudi, lors d'une visite d'une base militaire près de Tel-Aviv. Il a toutefois reconnu que l'opération était «difficile» et qu'Israël enregistrait des «pertes douloureuses».
La branche armée du Hamas avait prévenu jeudi que «Gaza constituerait une malédiction pour Israël» et que les Israéliens devaient s'attendre à voir revenir des soldats «dans des sacs noirs».
Habitants bombardés sans avertissement
L'armée, qui fait état de 332 soldats tués depuis le 7 octobre, mène depuis une semaine des combats au sol accompagnés de bombardements dans le nord la bande de Gaza où se trouve la principale ville du territoire, afin, officiellement, d'y détruire les infrastructures du Hamas.
Hamad Hamada, un habitant de la ville de Gaza, âgé de 28 ans, a survécu à un bombardement. «Il n'y a eu aucun avertissement, la maison a été visée par une frappe directe. Elle est entièrement détruite alors qu'elle abritait plus de trois familles», a-t-il raconté vendredi à un journaliste de l'AFP.
«Trois enfants d'une même famille ont été sortis, les dégâts sont énormes et tous les autres habitants sont encore sous les décombres», a-t-il ajouté.
Camp de réfugiés à nouveau visé
Plusieurs bombardements ont frappé le territoire palestinien tôt vendredi, selon un journaliste de l'AFP.
D'après le ministère de la Santé du Hamas, sept personnes ont été tuées dans un bombardement sur Jabaliya, un camp de réfugiés palestiniens du nord de la bande de Gaza déjà visé par des frappes meurtrières les jours précédents, et 15 autres dans le quartier de Zaytoun, dans la ville de Gaza.
Des vidéos postées par le Hamas ont montré des combattants du groupe islamiste surgissant de tunnels pour attaquer les chars israéliens, dont la progression est rendue difficile par les destructions.
Flots de travailleurs exténués
Vendredi, des flots de travailleurs palestiniens exténués ont commencé à traverser le poste-frontière de Karem Abou Salem (appelé Kerem Shalom du côté israélien), entre Israël et la bande de Gaza, à la pointe sud-est du petit territoire.
Certains affirment ne pas savoir s'ils y ont encore une famille ou une maison. «Ca fait 25 jours qu'on est en prison et aujourd'hui on nous a amenés ici, on ne sait pas du tout ce qui se passe à Gaza, on n'a aucune idée de la situation», confie à un journaliste de l'AFP Nidal Abed, vêtu d'un T-shirt noir.
Haut-Commissariat très inquiet
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit «profondément inquiet» du renvoi de ces travailleurs «malgré la gravité de la situation» dans le territoire palestinien.
Jeudi, selon l'ONU, 60 Palestiniens blessés ainsi que quelque 400 étrangers avaient pu quitter Gaza vers l'Egypte via le poste-frontière de Rafah, seule fenêtre sur le monde pour le territoire. Le poste-frontière devait rouvrir vendredi.
La visite d'Antony Blinken intervient à un moment où les craintes d'un embrasement sont au plus haut. Le secrétaire d'Etat doit se rendre aussi en Jordanie, un pays arabe signataire d'un traité de paix avec Israël mais dont les relations avec ce pays se sont tendues depuis le 7 octobre.
Le président américain Joe Biden s'était dit mercredi favorable à une «pause» dans la guerre, même si Washington ne soutient pas les appels à un cessez-le-feu.
Discours de Nasrallah prévu
A la frontière israélo-libanaise, les accrochages armés quotidiens ont fait 70 morts dans le sud du Liban depuis le 7 octobre, selon un décompte de l'AFP, dont 52 combattants du Hezbollah et au moins sept civils. Huit soldats et un civil ont été tués du côté israélien, selon les autorités.
Le discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prévu à 14h00 lors d'une cérémonie pour honorer les «martyrs» du mouvement, est attendu avec appréhension dans la région.
Colons de plus en plus violents
La guerre a aussi exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où plus de 140 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne. Sept Palestiniens ont encore été tués vendredi dans une série d'incursions de l'armée d'occupation en Cisjordanie, a annoncé le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne
La situation en Cisjordanie occupée est «alarmante et urgente» selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, insistant notamment sur les violences de colons israéliens à l'encontre de la population palestinienne.
Selon Elizabeth Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat lors du briefing régulier de l'ONU à Genève, «les forces israéliennes ont de plus en plus recours à des tactiques et à des armes militaires dans le cadre d'opérations de maintien de l'ordre».
«La violence des colons, qui atteignait déjà des niveaux records, a également augmenté de façon spectaculaire, avec en moyenne sept attaques par jour, dont plus d'un tiers de ces attaques impliquant l'usage d'armes à feu.»
«Impunité quasi totale»
Elle affirme aussi que les colons sont souvent en uniforme ou accompagnés des forces israéliennes dans nombre de ces incidents et agissent «avec une impunité quasi totale».
Des communautés entières sont contraintes de quitter leurs terres à cause de ces violences, souligne encore la porte-parole, estimant que cela «peut correspondre à un transfert forcé de population, une grave violation» de la Convention de Genève.
Aide toujours insuffisante
Depuis le 9 octobre, le «siège complet» imposé par Israël à la bande de Gaza prive la population de livraisons d'eau, de nourriture et d'électricité. Le territoire était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
L'agence de l'ONU chargée de la coordination humanitaire (Ocha) a estimé vendredi les besoins en aide pour la population de Gaza et de Cisjordanie occupée, soit environ 2,7 millions de personnes, à 1,2 milliard de dollars jusqu'à la fin de l'année.
Plus de 370 camions d'aide humanitaire sont arrivés depuis le 21 octobre selon l'ONU, qui réclame une aide plus massive.
Malades soignés à la lueur des téléphones
A l'hôpital Al-Shifa, le plus grand du territoire, des médecins ont plusieurs fois lancé un cri d'alarme sur le manque de carburant pour faire fonctionner les générateurs, et sont contraints de soigner des malades à la lueur de leurs téléphones portables.