«Marche arrière»Guterres et Cassis dénoncent le recul des droits humains
sn, ats
27.2.2023 - 09:25
Le patron de l'ONU Antonio Guterres et le conseiller fédéral Ignazio Cassis ont dénoncé lundi à Genève le recul observé dans la progression des droits humains dans le monde. Au début du Conseil des droits de l'homme, tous deux ont appelé à lutter pour les défendre.
sn, ats
27.02.2023, 09:25
27.02.2023, 10:37
ATS
Les droits humains font «marche arrière», a déploré le secrétaire général en ouvrant près de six semaines de travaux de l'instance onusienne. «L'extrême pauvreté et la faim augmentent, pour la première fois depuis des décennies» et «la pandémie (de coronavirus) s'est soldée par une pandémie d'atteintes aux droits civils et politiques».
Et de dénoncer aussi le nombre record de déplacés dans le monde et notamment le naufrage «horrible» de migrants ce week-end au large de l'Italie. Sur l'Ukraine, il a mentionné les exécutions sommaires, la torture, les disparitions forcées et les violences sexuelles.
«Nommer les choses»
Une liste macabre qu'a également établie M. Cassis devant les autres Etats. Adoptant un ton grave, le conseiller fédéral a demandé à tous «nommer les choses telles qu'elles sont» en cas de violations de droits humains.
Faisant également le diagnostic d'un recul, comme le montre selon lui l'agression russe», il demande de documenter les abus et de poursuivre les responsables. Et de mettre en avant à nouveau l'importance du dialogue.
Antonio Guterres a annoncé qu'il dévoilerait en juillet avec le Haut commissaire aux droits de l'homme Volker Türk un nouvel «Agenda pour la protection». Cette initiative doit permettre d'étendre l'aide du système onusien aux Etats membres «pour protéger les personnes et leurs droits, en temps de paix autant qu'en période de crise et de conflit».
Soutien à la Déclaration universelle
Les droits humains «sont la solution à de nombreux problèmes», de la crise climatique à l'utilisation néfaste des nouvelles technologies, ajoute le secrétaire général. Il a regretté que la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui fête cette année ses 75 ans, soit «attaquée de toutes parts». Il s'en prend à ceux qui ne l'honorent pas, alors qu'ils l'instrumentalisent politiquement.
«Nous devons défendre les droits humains de tous et de toutes, partout», a insisté le chef de l'ONU. Et dans la lignée de l'un de ses appels récents contre des sociétés pétrolières, il s'est félicité des actions en justice à l'encontre des entreprises qui détruisent le climat. «Une avancée importante», selon lui.
De son côté, Volker Türk doit prononcer dans une semaine devant le Conseil un discours dans lequel il dénoncera les pires situations en termes de violations de ces droits. En attendant, il a appelé à un «nouveau consensus mondial sur les droits humains». Tout comme M. Guterres, il demande d'élargir le soutien au texte.
Lundi, les délégations ont observé une minute de silence en hommage aux victimes du séisme en Syrie et en Turquie.
L'Ukraine au coeur des débats
Le premier anniversaire de la guerre en Ukraine sera au centre du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. L'accueil du vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov s'annonce glacial.
Preuve des chantiers toujours grandissants pour l'instance onusienne, jamais celle-ci n'aura siégé aussi longtemps. De même, près de 150 dirigeants, ministres ou vice-ministres au total doivent s'exprimer lors de la partie de haut niveau de lundi à jeudi, un autre record.
Les Etats membres devront renouveler la Commission d'enquête internationale sur l'Ukraine qu'ils avaient lancée quelques semaines seulement après les premiers affrontements. Le rapport final des trois enquêteurs est attendu dans quelques jours, mais ils avaient déjà conclu en septembre dernier à des actes équivalant à des crimes de guerre.
Ministre iranien très attendu
La nomination du nouveau rapporteur spécial sur les droits humains en Russie sera elle validée en fin de session. Lundi après-midi, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, un dur du régime, doit s'exprimer devant le Conseil.
Les ONG appellent à un boycott après la répression des manifestants depuis des mois dans ce pays. Mais certains diplomates occidentaux ont laissé entendre qu'il n'était pas certain qu'ils quitteraient, au moment du discours, la salle du Conseil.