Hôpitaux Hôpitaux: le triage silencieux est éthiquement dévastateur

wk, ats

27.11.2021 - 08:24

Des unités de soins intensifs surpeuplées à cause du Covid-19 conduisent tacitement à une sélection des patients à traiter. Ce triage implicite est éthiquement dévastateur, estime Tanja Krones, membre de la commission nationale d'éthique.

Les enfants souffrent particulièrement de la pandémie. Des cliniques en Suisse et en Allemagne sont remplies d'enfants touchés psychiquement, selon la sociologue Tanja Krones (Image symbolique).
Les enfants souffrent particulièrement de la pandémie. Des cliniques en Suisse et en Allemagne sont remplies d'enfants touchés psychiquement, selon la sociologue Tanja Krones (Image symbolique).
ATS

Keystone-SDA, wk, ats

Le triage a pour conséquence que des ressources limitées ne sont pas exploitées de manière optimale, indique Mme Krones dans une interview publiée samedi dans la NZZ. C'est par exemple le cas lorsque des pensionnaires de maisons de retraite ou d'établissements médico-sociaux ne sont pas hospitalisés alors que des soins hospitaliers seraient opportuns et qu'elles le souhaitent.

Rien n'empêche que ne se reproduise la situation telle qu'elle se présentait en décembre dernier: avec trop peu de lits de soins intensifs libres, elle était mauvaise. Elle pourrait encore se dégrader.

Le personnel de santé essaye de satisfaire tout le monde. Mais le triage silencieux peut avoir des effets négatifs dans le sens où le patient ne remarque pas qu'il existe et peut se sentir oublié, selon la sociologue. Et Mme Krones de s'inquiéter des personnes socialement vulnérables ou mentalement déficientes. En Suisse, ces gens sont quelque peu délaissés.

Les enfants, grand perdants de la pandémie

Docteur en médecine humaine et sociologie travaillant à l'Institut d'éthique biomédicale de l'Université de Zurich, la scientifique insiste sur la situation des plus jeunes. Elle rappelle que l'Unesco, l'organisation onusienne qui promeut l'éducation et la culture, a tiré très tôt la sonnette d'alarme, affirmant que les enfants étaient perdants dans la pandémie.

Pour eux, le manque de contacts sociaux est bien pire que le virus. Des cliniques en Allemagne et en Suisse sont remplies d'enfants souffrant de maladies psychosomatiques. La vaccination a un effet limité sur les enfants, car ils sont moins susceptibles de tomber gravement malades. Ainsi, de vacciner un enfant pour que les adultes se portent bien pose un problème d'un point de vue éthique.