L'Iran prévient Assassinat du chef du Hamas: une «erreur stratégique» qui va «coûter cher»

ATS

8.8.2024 - 16:11

Israël a commis une «erreur stratégique» en tuant le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh à Téhéran la semaine dernière, a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères par intérim dans un entretien accordé jeudi à l'AFP. Cela va lui «coûter cher».

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, vivait en exil volontaire au Qatar (archives).
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, vivait en exil volontaire au Qatar (archives).
sda

Keystone-SDA

S'exprimant à Jeddah, au lendemain d'une réunion extraordinaire de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), Ali Bagheri a accusé Israël de vouloir «étendre la guerre» dans la région, tout en jugeant qu'il n'a «ni la capacité ni la force» pour combattre l'Iran.

Les responsables iraniens multiplient les menaces d'une riposte envers Israël, qui n'a toujours pas commenté la mort d'Ismaïl Haniyeh, le 31 juillet.

Droit de riposter

La réunion des ministres des Affaires étrangères des 57 membres de l'OCI a débouché sur une déclaration tenant Israël pour «entièrement responsable» de l'assassinat «odieux» du chef du Hamas, qui vivait au Qatar et jouait un rôle de premier plan dans les pourparlers pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Malgré les craintes d'une escalade dans la région et les appels à la retenue de Washington, M. Bagheri a mis en avant le soutien des membres de l'OCI à son pays. «Ceux à qui nous avons parlé hier, que ce soit par téléphone ou directement, ont tous souligné le droit de la République islamique d'Iran de riposter à ce crime terroriste», a-t-il affirmé.

«Les pays occidentaux, qui disent avoir demandé à l'Iran de restreindre sa réponse, ne sont pas en position de conseiller» quoi que ce soit à Téhéran, a encore souligné M. Bagheri.

La nomination de Sinouar saluée

Il a par ailleurs salué la nomination mardi soir de Yahya Sinouar comme chef du Hamas pour succéder à Ismaïl Haniyeh. «Cette sélection, au moment critique actuel, apporte espoir, cohésion, autorité et victoire au mouvement Hamas, à la nation héroïque de Palestine et à l'axe de la résistance», affirme-t-il, cité dans un communiqué de son ministère.

Les analystes estiment que le nouveau chef du Hamas – considéré par Israël comme le cerveau de l'attaque du 7 octobre – serait plus réticent à accepter un cessez-le-feu à Gaza et plus proche de Téhéran que son prédécesseur.

Le Hezbollah pro-iranien, allié libanais du Hamas, s'est également engagé à riposter à l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh, ainsi qu'à celui de son commandant militaire Fouad Chokr tué le 30 juillet par une frappe israélienne à Beyrouth.

Avec le Hezbollah et d'autres groupes soutenus par l'Iran comme les rebelles Houthis du Yémen, «nous avons des objectifs similaires mais, sur le terrain, chaque mouvement de résistance agit en fonction de sa propre compréhension de la situation et de ses intérêts», a souligné M. Bagheri.

Cesser d'armer Israël

Il a appelé Washington et d'autres pays à cesser d'envoyer des armes à Israël qui pourraient être utilisées à Gaza, ainsi qu'à cesser l'aide économique et rompre les relations diplomatiques avec Israël.

«Les pays qui fournissent armes et équipements, les pays qui ont des liens économiques et diplomatiques avec le régime sioniste qui commet tant de crimes, doivent expliquer pourquoi cette situation perdure», a-t-il dit.