À la tête du HezbollahIl décide de la guerre ou de la paix au Liban: qui est Hassan Nasrallah?
ATS
19.9.2024 - 23:00
Il décide de la guerre ou de la paix dans le pays, est à la tête de puissantes institutions et d'une formidable milice lourdement armée: le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est l'homme le plus puissant du Liban.
19.09.2024, 23:00
19.09.2024, 23:32
ATS
Ennemi juré d'Israël, il n'apparait plus que rarement en public depuis la guerre qui a opposé son mouvement à l'armée israélienne à l'été 2006 et son lieu de résidence est tenu secret.
Mais tout le pays est suspendu aux discours de ce brillant orateur, retransmis en direct, dans lesquels il use de l'humour mais brandit aussi l'index pour menacer ses ennemis.
Cet homme de religion âgé de 64 ans fait l'objet d'un véritable culte de la personnalité parmi ses fidèles, notamment au sein de la communauté musulmane chiite dont il est issu.
Force politique incontournable
Hassan Nasrallah est le chef charismatique du Hezbollah depuis 1992, lorsqu'il a succédé à Abbas Moussaoui, assassiné par Israël. Depuis, il a patiemment fait évoluer le Hezbollah, armé et financé par l'Iran, en une force politique incontournable, représentée au Parlement et au gouvernement.
Dans le même temps, il a développé l'arsenal de sa formation, qui selon lui compte 100'000 combattants, et dispose de puissantes armes, dont des missiles de haute précision.
Le Hezbollah est la seule formation à avoir conservé ses armes à la fin de la guerre du Liban (1975-1990) au nom de la «résistance contre Israël», dont l'armée s'est retirée progressivement du Liban jusqu'à évacuer, en mai 2000, le sud du pays après 22 ans d'occupation.
Au fil des affrontements entre ses hommes et l'armée israélienne, Hassan Nasrallah consolide sa stature, et gagne le respect avec la mort en 1997 de son fils aîné Hadi au combat.
«Victoire divine»
La guerre de l'été 2006 avec Israël, qui dure 33 jours, lui permet d'étaler la puissance de son mouvement, ses combattants tenant tête à l'armée israélienne. La guerre cause la mort de 1200 Libanais, en majorité des civils et de 160 Israéliens, des militaires pour la plupart.
Hassan Nasrallah proclame à la fin de cette guerre une «victoire divine» et s'impose comme un véritable héros dans le monde arabe.
Mais au Liban, il se met à dos plusieurs parties, lorsque son parti est accusé d'être impliqué dans l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri en 2005, puis lorsque ses hommes armés prennent brièvement le contrôle de la capitale en mai 2008.
Rôle régional
Le rôle de Hassan Nasrallah croît non seulement au Liban, mais dans la région. En 2013, il annonce être intervenu militairement en Syrie voisine pour soutenir le régime de Bachar al-Assad, empêtré dans une guerre civile déclenchée par la répression d'un soulèvement populaire en 2011 ayant dégénéré en insurrection armée.
Jouissant de la confiance totale des dirigeants iraniens, il forme et soutient les mouvements proches de Téhéran dans la région.
Le Hezbollah est aujourd'hui le «joyau de la couronne» des alliés de l'Iran dans la région regroupés au sein d'un «axe de la résistance», qui comprend des groupes armés en Irak et les rebelles Houthis du Yémen ainsi que le Hamas palestinien.
Depuis le début de la guerre à Gaza entre le Hamas et Israël, Hassan Nasrallah a ouvert le front du sud du Liban pour soutenir son allié palestinien, mais tente jusqu'à présent d'éviter une guerre à grande échelle avec Israël.
Passionné de foot
Hassan Nasrallah est né le 31 août 1960 dans une modeste famille de neuf enfants, dans l'ancienne «ceinture de misère» qui enserrait Beyrouth. Sa famille est originaire du village de Bazouriyé dans le sud du Liban.
Adolescent, il étudie la théologie dans la ville sainte chiite de Najaf, en Irak, mais doit partir lors de la vague de répression antichiite du président irakien de l'époque Saddam Hussein.
De retour au Liban, il s'engage au sein du mouvement chiite Amal, mais fait sécession lors de l'invasion israélienne du Liban à l'été 1982 pour faire partie du noyau fondateur du Hezbollah, créé sous l'impulsion des Gardiens de la révolution iraniens.
Marié, père de cinq enfants, Hassan Nasrallah parle couramment le farsi. Il arbore le turban noir des Sayyed, les descendants du prophète Mahomet dont il se réclame.
Dans une rare interview, il a raconté qu'il jouait au football dans sa jeunesse et qu'il aime toujours Maradona.