De premiers heurts sont survenus mardi à Caracas, où les manifestants pro-Guaido occupent la rue. Un véhicule blindé a foncé contre la foule, tandis qu'un soldat fidèle à Maduro a été blessé par balle.
Un groupe de militaires vénézuéliens s'est soulevé mardi en soutien à l'opposant Juan Guaido, engagé depuis trois mois dans un bras-de-fer avec le président Nicolas Maduro, ce que le gouvernement a dénoncé comme une tentative de «coup d'Etat».
Depuis le 23 janvier, le Venezuela, confronté à la plus grave crise de son histoire avec une économie au ralenti, une monnaie naufragée et des pénuries, compte de fait deux «présidents»: le député de centre-droit Juan Guaido, reconnu par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis, et le chef de l'Etat en exercice, le socialiste Nicolas Maduro, soutenu par la Chine et la Russie.
Pneus enflammés sur la chaussée, jets de pierres, nuages de gaz lacrymogènes: la situation était très confuse mardi matin à Caracas, a constaté l'AFP. Des échauffourées entre forces de l'ordre loyalistes et quelque 3000 manifestants ont éclaté aux abords de la base militaire de La Carlota, à Caracas, où se trouvait Juan Guaido.
Blessé par balle
«Je ne vais pas rester à la maison avec les bras croisés pendant que le régime de Maduro nous opprime», a déclaré à l'AFP Carlos, 26 ans, un cocktail Molotov en main. En début d'après-midi, un soldat vénézuélien fidèle au président Nicolas Maduro a été blessé par balle au cours du soulèvement de militaires en soutien au chef de l'opposition Juan Guaido, a annoncé le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino.
Quelques heures plus tard, un véhicule blindé aurait foncé sur un groupe de manifestants de l'opposition devant La Carlota, laissant plusieurs personnes au sol, selon les images de télévisions locales et étrangères. On ignore s'il y a des blessés.
Des soldats arborant un ruban bleu, signe de ralliement à Juan Guaido, se positionnaient également, armes à la main, autour de cette zone. «Le ruban bleu identifie les Vénézuéliens en uniforme ou non qui se mobilisent pour mettre fin à l'usurpation», a expliqué sur Twitter Carlos Vecchio, représentant de l'opposant aux Etats-Unis.
«Soldats courageux»
«Plus de retour en arrière» pour faire chuter Nicolas Maduro, a lancé Juan Guaido sur Twitter. A l'aube, dans une vidéo tournée depuis la base militaire de La Carlota, il a annoncé sur les réseaux sociaux avoir le soutien d'un groupe de «soldats courageux».
«Aujourd'hui, des soldats courageux, des patriotes courageux, des hommes courageux attachés à la Constitution ont répondu à notre appel, nous avons répondu aussi à l'appel et nous nous sommes retrouvés dans les rues du Venezuela», a-t-il dit, accompagné d'un petit groupe d'hommes en uniforme.
Il est apparu au côté d'une autre figure de l'opposition, Leopoldo Lopez, qui a dit avoir été «libéré» par des militaires pro-Guaido alors qu'il se trouvait assigné à résidence depuis 2017. Lopez, membre du même parti que Guaido, Volonté populaire, est accusé par le gouvernement d'avoir encouragé les manifestations de 2014 qui avaient fait 43 morts.
Maduro répond
En réponse, Nicolas Maduro a affirmé sur Twitter avoir «l'entière loyauté» des chefs de l'armée, tandis que son ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez, a assuré que la situation était «normale» dans les casernes.
«Nous sommes en train d'affronter et de neutraliser un groupe réduit de traîtres au sein des effectifs militaires, qui se sont positionnés sur l'échangeur d'Altamira pour promouvoir un coup d'Etat», avait expliqué le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez, peu après l'annonce de Juan Guaido. Il a évoqué une «tentative» de coup d'Etat et accusé la «droite putschiste».
Eviter «une effusion de sang»
De son côté, le numéro 2 du pouvoir vénézuélien, Diosdado Cabello, a appelé les partisans de Nicolas Maduro à un rassemblement au palais présidentiel de Miraflores à Caracas. Face à l'accélération des événements au Venezuela, les réactions se sont multipliées.
Madrid a appelé à éviter «une effusion de sang». «Le gouvernement américain soutient pleinement le peuple vénézuélien dans sa quête de liberté et de démocratie», a réagi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exhorté «toutes les parties à éviter de recourir à la violence».
La Colombie a demandé une réunion d'urgence du Groupe de Lima, composé de 13 pays latino-américains et du Canada, sur la crise en cours. De leur côté, les alliés de Caracas, comme Cuba ou la Bolivie, ont rejeté le «mouvement putschiste» et condamné «la tentative de coup d'Etat». Une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis et le Canada, ont reconnu Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela et réclament le départ de Nicolas Maduro.
Ce dernier a été réélu en juillet 2017 au cours d'un scrutin qui n'a été reconnu ni par l'Union européenne, ni par les Etats-Unis. Le pétrole représente 96% du revenu national et le FMI prévoit une chute du PIB de 25% cette année au Venezuela, ainsi qu'une hyper-inflation de 10.000.000% et un taux de chômage de 44,3%.
Quelque 2,7 millions de Vénézuéliens ont fui le pays depuis 2015, face aux pénuries de biens de première nécessité et de médicaments, selon les chiffres de l'ONU.
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