France Heurts à Nantes lors d'une mobilisation

ATS

4.8.2019 - 03:17

Des heurts ont éclaté samedi après-midi dans le centre de Nantes entre les forces de l'ordre et quelque 1700 manifestants venus dénoncer les violences policières et la mort de Steve Maia Caniço. Auparavant, un rassemblement silencieux a salué la mémoire de celui-ci.

Dans la matinée, 1000 personnes se sont retrouvées près du lieu où le corps du jeune homme de 24 ans a été retrouvé lundi dans la Loire. Steve Maia Caniço avait disparu dans la nuit du 21 au 22 juin lors de la Fête de la musique, alors qu'il assistait à un concert au bord du fleuve, où les forces de police étaient intervenues.

Durant cette nuit, plusieurs personnes étaient tombées dans le fleuve. Des participants avaient raconté avoir été aveuglés par le gaz lacrymogène. Près d'un portrait de Steve, des fleurs blanches ou roses ont été jetées dans le fleuve, des manifestants portaient des brassards noirs. «Où est la justice pour Steve?«, pouvait-on lire.

A partir de 13h00, dans le centre-ville, dont l'accès était limité par crainte de débordements, 1700 manifestants de tous âges ont ensuite défilé dans un face à face tendu avec les forces de l'ordre qui s'est achevé en début de soirée. Gaz lacrymogène et canon à eau ont répliqué à des jets de projectiles et départs de feu. Plusieurs barricades ont été dressées et des vitrines brisées.

«Aucun blessé grave»

Quarante-deux personnes ont été interpellées pour transport d'armes par destination, jets de projectile ou incendie de mobilier urbain, a indiqué la préfecture de Loire-Atlantique, assurant qu'il n'y avait eu «aucun blessé grave». Au moins un commissaire de police et un manifestant ont été blessés et transportés à l'hôpital, a détaillé la préfecture. Selon un street médical, le manifestant est un homme de 54 ans qui avait «fait un infarctus le 14 juillet».

Cibles de tous les slogans, la police et le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner: «Selon l'IGPN, le meurtre était conforme», «la police noie», pouvait-on lire sur les pancartes et les murs.

«Après les tensions que nous avons pu constater à Nantes et Toulouse, les débordements ont été contenus et les individus violents interpellés», a tweeté M. Castaner en fin de manifestation, affirmant que «la liberté de s'exprimer sans entraves et l'ordre républicain ne sont ni négociables, ni contradictoires».

La maire socialiste de Nantes Johanna Rolland a déclaré dans un communiqué qu'«aucune violence n'avait sa place aujourd'hui à Nantes, alors que toute la ville souhaitait se recueillir». La famille s'était désolidarisée de toute violence, plaidant pour «un soutien amical, artistique et pacifique», selon son avocate, Me Cécile de Oliveira.

«Protégez nos enfants»

Parmi les manifestants, de nombreuses mamans, venues parce qu'elles ont peur pour leurs enfants, de l'âge de Steve, qui fréquentent également les fêtes de la musique. Valérie, 53 ans, venue de Brest, s'est effondrée en larmes et criait aux forces de l'ordre qui passaient: «Faites attention à nos enfants, protégez-les».

De nombreuses mobilisations ont eu lieu partout en France, dans le calme, souvent à l'appel de «gilets jaunes», avec toujours pour cible les forces de police.

A Paris, place de la République, une centaine de personnes, parfois vêtues de gilets jaunes, ont rendu hommage à Steve en déposant des roses blanches sous la surveillance d'un impressionnant dispositif policier. A Montpellier, ils étaient plusieurs centaines. Répondant au mot d'ordre «après Steve, à qui le tour?«, quelques centaines de «gilets jaunes» ont défilé dans le centre de Toulouse, au cri de «police partout, justice nulle part».

La polémique sur l'attitude de la police le soir de la Fête de la musique reste vive.

Trop favorable

Le rapport de l'IGPN, dévoilé mardi, a été accusé par certains d'être trop favorable aux policiers. Selon la «police des polices», «il ne peut être établi de lien entre l'intervention des forces de police (...) entre 04h20 et 04h52 quai Wilson à Nantes et la disparition de M. Steve Maia Caniço après 04h00 dans le même secteur».

Samedi, la directrice de l'IGPN Brigitte Jullien a réfuté avoir «dédouané la police». «Les gens attendaient absolument une condamnation de la police, aucune autre réponse n'était entendable à ce moment-là», a-t-elle ajouté.

«Une enquête judiciaire a été ouverte (...). Les témoins seront interrogés. L'enquête administrative n'a pas cette fonction», a justifié David Chantreux, chef de l'unité de coordination des enquêtes IGPN.

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