France Hommage à Paris au professeur décapité

ATS

18.10.2020 - 19:04

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche dans toute la France en hommage au professeur décapité vendredi pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet. Cet attentat islamiste a suscité une émotion nationale.

Théâtre de la manifestation historique qui avait suivi les attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher le 11 janvier 2015, la place de la République à Paris s'est remplie en début d'après-midi de milliers de manifestants venus défendre la liberté d'expression, dire non à «l'obscurantisme» et chanter la Marseillaise.

Pancartes à la main, «Je suis prof», «Non au totalitarisme de la pensée», «Liberté d'expression, liberté d'enseigner», les manifestants ont salué dans le calme la mémoire de cet enseignant. Certains manifestants portaient des pancartes où étaient affichées des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo.

«Nous n'avons pas peur»

«Nous n'avons pas peur. Vous ne nous diviserez pas», a lancé sur Twitter le Premier ministre Jean Castex, présent dans le cortège parisien. «Nous sommes la France!» A ses côtés, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer et sa collègue déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa «en soutien aux professeurs, à la laïcité à la liberté d'expression et contre l'islamisme».

Les patrons du parti présidentiel La République en marche, Stanislas Guerini, de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, du Parti socialiste, Olivier Faure, et d'Europe-Ecologie-Les Verts, Julien Bayou, étaient aussi présents. Tout comme l'ancien président François Hollande et son ancien premier ministre Manuel Valls.

«Je suis enseignant»

D'autres rassemblements se sont tenus à travers le pays. Partout, de longs applaudissements, des Marseillaise, des fleurs et des bougies. A Lyon, la place Bellecour était noire de 12'000 personnes, selon la préfecture. Ils étaient plus de 3000 à Strasbourg, 1500 à Lille, 2500 à Marseille et 2000 à Montpellier.

A Lyon, nombre d'entre eux portaient un autocollant «je suis enseignant» au revers de leur veste ou une rose à la main. «La mort de ce professeur, c'est l'horreur intégrale, c'est dramatique. C'est quelqu'un qui est mort de ses idées», a dit Geneviève Huguel, 70 ans.

Hommage national

Un hommage national sera rendu mercredi en coordination avec la famille de l'enseignant assassiné, a annoncé l'Elysée, sans en préciser le lieu. Dès samedi, un millier de parents, élus ou simples citoyens se sont rassemblés avec émotion samedi devant le collège où travaillait la victime à Conflans-Sainte-Honorine, dans la banlieue ouest de Paris.

L'enseignant a été décapité vendredi vers 17h00 près du collège où il enseignait l'histoire-géographie. Son assaillant, un Russe d'origine tchétchène de 18 ans, a ensuite été tué par la police.

Dans un message diffusé sur Twitter, il a expliqué son geste en disant vouloir se venger de celui «qui a osé rabaisser» le prophète Mahomet. Le jeune homme était connu pour des antécédents de droit commun mais pas des services de renseignements pour radicalisation.

Selon les éléments dévoilés par le procureur anti-terroriste Jean-François Ricard, le professeur avait organisé avec ses élèves un débat, prévu dans le cadre des cours d'éducation civique, au cours duquel il a montré des caricatures du prophète Mahomet. Il avait alors proposé aux élèves qui le souhaitaient de ne pas regarder certains dessins.

Onze personnes interpellées

Le père d'un élève, placé en garde à vue, s'était indigné de ce cours dans plusieurs vidéos, rendant public sur internet le nom du professeur et l'adresse du collège. Il est allé rencontrer la principale pour demander son renvoi. Le professeur avait ensuite reçu plusieurs appels de menaces.

Au total, onze personnes ont été interpellées et placées en garde à vue depuis vendredi soir, notamment des proches de l'assaillant, mais aussi certaines personnes ayant livré le professeur à la vindicte sur les réseaux sociaux.

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