Stéphanie Monfermé a «été assassinée parce qu'elle était au service de la France»: le Premier ministre Jean Castex a présidé vendredi à Rambouillet (Yvelines) une cérémonie d'hommage national à la fonctionnaire de police poignardée à mort une semaine plus tôt dans le commissariat de la ville.
Au moment de commettre son crime, le meurtrier «aurait invoqué le nom de Dieu», a relevé Jean Castex. «C'est une insulte sanglante jeté à la face de tous ceux qui croient en un Dieu que de mêler la transcendance au crime, aucun fidèle d'aucune religion ne peut l'admettre», a-t-il ajouté.
Mère de famille de 49 ans, en poste depuis 28 ans au commissariat de Rambouillet comme agente administrative, la victime «incarnait aux yeux de cet homme dont je me refuse à prononcer le nom, la police française et donc l'autorité de l'Etat», a poursuivi M. Castex, tout près de l'hôtel de police où l'assaillant avait surgi le 23 avril et tué de deux coups de couteau la fonctionnaire.
Elle a «été assassinée parce qu'elle servait son pays, parce qu'elle était au service de la France», a ajouté le chef du gouvernement, sur une vaste esplanade de cette ville des Yvelines située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Paris.
«Elle était dotée d'un caractère heureux et serviable, ce qui fait du bien dans le quotidien souvent difficile», a encore relevé M. Castex, avant de s'incliner devant le portrait de la policière qui avait été solennellement apporté par des collègues en uniforme. La légion d'honneur lui a été remise à titre posthume.
Cinq ministres présents
Cinq ministres – Gérald Darmanin (Intérieur), Eric Dupond-Moretti (Justice), Amélie de Montchalin (Fonction publique), Marlène Schiappa (Citoyenneté) et Nadia Hai (Ville) – ainsi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal participaient à l'hommage, ainsi qu'une centaine de personnalités et d'élus, dont Marine Le Pen (RN).
La cérémonie, organisée au lendemain des obsèques privées auxquelles Emmanuel Macron avait assisté, s'est achevée avec le morceau «It's a heartache» de Bonnie Tyler.
«Il n'était pas rare (...) qu'une fois sa journée au commissariat terminée, elle en commence une autre pour épauler son mari, Alain, qui venait de reprendre la boulangerie» d'une ville voisine, a aussi relevé M. Castex.
Larmes aux yeux
Dans le public, tenu à distance derrière des barrières, on comptait près de 200 personnes dont de nombreux policiers en civil, pour certains les larmes aux yeux. «Beaucoup de collègues avaient besoin de se rassembler, pour rendre un hommage assez collectif, ça permet de se sentir moins seul», a confié l'un d'eux, anonymement.
Victime de «la 17e action terroriste islamiste commise en France depuis 2014 contre les forces de l'ordre» selon le parquet antiterroriste, la fonctionnaire était l'une des 12'500 agents administratifs de la police nationale.
L'assassinat de la fonctionnaire de police a marqué un département des Yvelines déjà endeuillé par la décapitation de l'enseignant Samuel Paty il y a six mois et l'assassinat d'un couple de fonctionnaires de police en 2016 à Magnanville. «La défense du droit et de cette liberté si française de croire au ciel ou de ne pas y croire, notre ennemi, le terrorisme islamiste, ne peut la tolérer», a lancé le chef du gouvernement.
L'auteur de l'attaque de Rambouillet, un ressortissant tunisien de 36 ans, avait été tué sur place par les tirs d'un policier. Chauffeur-livreur, domicilié à Rambouillet, il était dépourvu de casier judiciaire et inconnu des services de renseignement et de la justice. Mais son mode opératoire correspond aux appels récurrents du groupe Etat islamique (EI) à s'attaquer aux forces de l'ordre.