Féminicides Inde: nouvelle-née enterrée vivante

ATS

15.10.2019 - 12:52

Depuis 1994, les médecins ont interdiction de révéler aux parents le sexe du futur bébé, mais des familles recourent tout de même à des moyens illégaux pour connaître le genre du foetus et avorter si elles découvrent qu'elles attendent une fille.
Depuis 1994, les médecins ont interdiction de révéler aux parents le sexe du futur bébé, mais des familles recourent tout de même à des moyens illégaux pour connaître le genre du foetus et avorter si elles découvrent qu'elles attendent une fille.
Source: KEYSTONE/AP/Anupam Nath

Une fillette nouvelle-née était mardi dans un état critique en Inde après avoir été découverte enterrée vivante, selon des sources policières et médicales. Ce drame met en lumière le fléau des infanticides féminins dans le pays d'Asie du Sud.

Jeudi dernier dans l'État d'Uttar Pradesh (nord), Hitesh Sirohi, un commerçant, creusait une tombe pour sa propre fille, mort-née la veille, lorsque sa pelle a rencontré un pot en terre enterré.

«Lorsqu'il s'est aperçu qu'il y avait une nouvelle-née à l'intérieur, il l'a immédiatement secourue», a déclaré la police locale. Selon le témoignage de l'homme au quotidien Times of India, le bébé était enveloppé dans un linge et pleurait. «À un moment, j'ai cru que ma fille était revenue à la vie. Mais la voix venait en fait du pot», a-t-il raconté au journal.

Dans un état critique

Le nourrisson est actuellement hospitalisé et ses frais médicaux sont payés par un responsable politique local, a indiqué la police La fillette est dans un état critique, selon ses médecins.

L'infanticide des filles est un vieux fléau en Inde, société où les filles sont vues comme une charge financière pour la famille, tandis que les garçons sont perçus comme des investissements qui pourront par la suite soutenir leurs parents.

Lois inopérantes

L'Inde essaye de combler à coup de lois sévères le déficit de filles dans le pays, avec un ratio des sexes de 940 femmes pour 1000 hommes lors du dernier recensement de 2011.

Depuis 1994, les médecins ont interdiction de révéler aux parents le sexe du futur bébé, mais des familles recourent tout de même à des moyens illégaux pour connaître le genre du foetus et avorter si elles découvrent qu'elles attendent une fille.

Douze millions d'avortements en 30 ans

Une étude parue en 2011 dans la revue scientifique The Lancet estimait que 12 millions de foetus féminins avaient été avortés au cours des trois décennies précédentes en Inde.

En janvier, une fillette âgée de trois semaines a été découverte enterrée vivante au Rajasthan après que des habitants l'ont entendue pleurer. Elle est morte quelques semaines plus tard à l'hôpital.

En 2017, la police de l'État du Maharashtra (ouest) a récupéré 19 foetus féminins dans un égout près d'une clinique. Les autorités ont arrêté et inculpé un docteur pour avoir pratiqué des avortements illégaux pour le compte de parents souhaitant désespérément un garçon.

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