Interdiction de l'abaya en France Un père interpellé après des menaces de mort

ATS

8.9.2023 - 15:16

Un homme était en garde à vue vendredi à Clermont-Ferrand (centre de la France) après avoir proféré des menaces de mort à l'encontre d'un proviseur qui a refusé l'accès au lycée à sa fille portant une abaya. Ce vêtement est désormais interdit en milieu scolaire au nom de la laïcité.

le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative, a validé l'interdiction de l'abaya, cette longue robe couvrante, porteuse selon lui d'une «logique d'affirmation religieuse» prohibée dans les établissements scolaires.
le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative, a validé l'interdiction de l'abaya, cette longue robe couvrante, porteuse selon lui d'une «logique d'affirmation religieuse» prohibée dans les établissements scolaires.
KEYSTONE

Le père de famille est poursuivi pour «menace en vue d'intimidation d'une personne chargée d'une mission de service public», a précisé à l'AFP la procureure de la République de Clermont-Ferrand, Dominique Puechmaille, confirmant une information du quotidien régional La Montagne. La garde à vue entamée jeudi était toujours en cours vendredi dans la matinée, selon une source policière.

Jeudi matin, les responsables du lycée Ambroise-Brugière filtraient l'entrée en application des directives nationales concernant l'interdiction de l'abaya. Une lycéenne qui portait le vêtement a été invitée à l'enlever et s'est vue interdire l'accès à l'établissement après son refus, selon la même source.

Un peu plus tard, son père a téléphoné au lycée et a eu tour à tour un agent puis un conseiller principal d'éducation. À chacun d'eux, il aurait proféré des menaces de mort qui visaient le proviseur.

Menaces «inadmissibles»

Des menaces «inadmissibles et inqualifiables» selon le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, qui indiqué que le proviseur visé bénéficierait d'un «accompagnement constant en matière de sécurité: la police nationale sera à ses côtés» et d'un accompagnement juridique.

«Les équipes du lycée qui ont appliqué la loi en refusant l'entrée d'une élève en abaya ont reçu des menaces de mort et de décapitation», et face à cela «notre détermination et notre fermeté doivent être sans faille», a réagi à ses côtés le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (droite). Il a précisé avoir déployé dans ce lycée des équipes régionales de sécurité.

Le 27 août, Gabriel Attal avait annoncé l'interdiction du port de l'abaya dans les écoles, collèges et lycées publics. Jeudi, le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative, a validé l'interdiction de cette longue robe couvrante, porteuse selon lui d'une «logique d'affirmation religieuse» prohibée dans les établissements scolaires.

Saisi en urgence, le juge a rejeté le recours de l'association Action droits des musulmans (ADM), qui demandait la suspension de cette interdiction au nom d'un risque de discrimination et d'atteinte aux droits. Lundi, quelque 300 élèves, sur les 12 millions ayant fait leur rentrée cette semaine, se sont présentées en abaya devant leur établissement, et 67 d'entre elles ont refusé de la retirer, selon le ministre de l'Education.